Les Français sont attachés à la solidarité nationale. La dernière enquête « Conditions de vie et aspirations » du Credoc leur donne quelques motifs d’inquiétude à cet égard : 13 % des personnes interrogées ont déclaré avoir restreint leurs soins pour des raisons financières. Elle montre aussi une population loin d’être aussi conservatrice que l’affirme une opinion répandue.
Les Français sont attachés à la fois à la liberté individuelle et au maintien de la solidarité nationale. C’est ce que confirme la dernière enquête « Conditions de vie et aspirations » du Credoc (Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie), qui apporte des précisions intéressantes sur cette double exigence.
En matière de liberté, les auteurs de l’étude notent que « les liens familiaux sont de plus en plus choisis et de moins en moins subis », la sociabilité de chacun tendant « à s’élargir aux réseaux de voisinage, amicaux, professionnels, associatifs et virtuels avec l’internet. » Les Français sont également plus tolérants, comme le montre l’attitude à l’égard du mariage entre personnes du même sexe, qu’approuvent trois personnes sur cinq, et de l’homoparentalité, acceptée par presque une personne sur deux.
En matière de solidarité, les exigences se perpétuent. Ainsi, trois Français sur cinq souhaitent que « la collectivité prenne en charge les familles aux ressources insuffisantes pour leur permettre de vivre » et la même proportion estime que l’État « ne fait pas assez pour les plus démunis. » Il faut noter que celle-ci a tout de même baissé (68 % l’année dernière) depuis l’introduction du RSA (Revenu de solidarité active).
Les auteurs de l’enquête insistent pour affirmer que les Français ne sont donc pas les conservateurs frileux du fait de « la crise », comme le voudrait une opinion assez répandue. En revanche, ils sont inquiets. Deux motifs à cela : la crainte du chômage et d’une maladie grave. En effet, presque deux Français sur trois pensent que l’on est mieux soigné « lorsqu’on a de l’argent et des relations », proportion qui augmente d’année en année.
Et les statistiques commencent à leur donner raison : 13 % des personnes interrogées déclarent « s’imposer des restrictions budgétaires en matière de soins médicaux », contre 3 % au début des années 80. « Les catégories les plus modestes se restreignent trois fois plus souvent que les catégories aisées : en 2010, 18% des ménages disposant de moins de 900 euros par mois sont concernés, contre 5% de ceux qui disposent de plus de 3.100 euros par mois. »
L’IRDES (Institut de documentation et de recherche en économie de la santé) avait montré qu’en 2006, 14 % des Français avaient renoncé à des soins pour des raisons financières. Par ailleurs, dans un article remarquable sur l’influence très exagérée du vieillissement sur les dépenses de santé (Esprit, juillet 2010), Brigitte Dormont (économiste, Paris Dauphine) rappelle que si la part de la Sécurité sociale et de l’État dans le financement de ces dépenses est stable depuis 40 ans, avec cependant une « érosion continue » de la couverture par la Sécurité sociale, il y a une augmentation de la part des complémentaires et surtout « des sommes à la charge directe des ménages », qui augmentent de 8,3 % à 9,4 % depuis 2004, année de la réforme de l’assurance maladie.
Références
Enquête Credoc 2010 « Conditions de vie et aspirations » réalisée auprès d’un échantillon représentatif de 2000 personnes
Site de l’Irdes
Brigitte Dormont. Le vieillissement ne fera pas exploser les dépenses de santé. Esprit, juillet 2010.
Serge CANNASSE
Rédacteur en chef infirmiers.com
serge.cannasse@wanadoo.fr
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