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En visite chez les infirmiers «gypso» de Mulhouse !

Publié le 24/02/2012

Les infirmiers gypsothérapeutes de l’hôpital de Mulhouse (68) sont de véritables professionnels des immobilisations. Passionnés par leur métier, ils forment une équipe soudée qui souhaite se faire connaître.

Cet article est paru dans MNH Revue n°175 (février 2012) que nous remercions de cet échange productif.

Sale journée pour Kévin ! Ce solide gaillard d’une trentaine d’années a présumé de ses forces en portant des barrières dans le cadre de son travail d’ouvrier du bâtiment. Résultat : un doigt cassé et un nerf arraché. Quelque temps après la pose d’une attelle, il faut éviter le raidissement de son doigt. Après concertation avec le médecin qui vérifie sa radio, Arnaud Labaude, 45 ans, infirmier gypsothérapeute à l’hôpital de Mulhouse, lui confectionne une orthèse (immobilisation amovible) pour faire travailler la mobilité de son doigt.

Sur prescription médicale

Fractures dues à nos maladresses, nos accidents, nos petits et grands malheurs… C’est le quotidien de l’équipe des sept infirmiers gypsothérapeutes de l’hôpital de Mulhouse, à la pointe du progrès en France, dans ce domaine. Toujours sur prescription médicale, ces spécialistes de l’immobilisation d’un membre interviennent à chaque étape du séjour du patient à l’hôpital : lors de son arrivée aux urgences, au bloc opératoire si sa fracture est complexe, dans sa chambre et lors des consultations externes.

Plâtre ou résine ? Si vous avez eu la malchance de vous casser la jambe en descendant une dernière fois la piste rouge, quelle importance… direz-vous. Vous auriez tort. « Le plâtre a des propriétés que la résine n’a pas. En cas de légers écoulements d’une plaie, il y a moins de macération sous le plâtre, contrairement à la résine », explique Arnaud Labaude.

Les produits et les techniques continuent d’évoluer. Selon les besoins, les « gypsos » manipulent le plâtre, les résines, les plastiques thermoformables, la résine polyurétane… Ils mettent en place des strappings (bandes adhésives de contention), des tractions et même des orthèses préfabriquées. Les responsabilités de ces hommes et femmes sont importantes pour la santé de leurs patients. Ainsi, ils doivent éviter les complications possibles. Si l’immobilisation devient trop serrée, le patient risque dans les six heures la paralysie complète du membre atteint.

« Les traumatismes les plus fréquents sont les entorses du genou et de la cheville et les fractures du poignet » explique le Dr Philippe Lermuzeaux, responsable des consultations externes du service orthopédie et traumatologie, qui voit en moyenne une trentaine de patients par jour.

« C’est un beau métier, car nous suivons nos patients vers la guérison. Il faudrait qu’il y ait, dans chaque établissement hospitalier, au moins une personne formée et expérimentée dans ce domaine.»
Arnaud Labaude, infirmier gypsothérapeute

Acte infirmier délégué

Cette spécialité n'est actuellement pas reconnue officiellement par décret. « La gypsothérapie devrait être reconnue en tant que spécialité comme, par exemple, les infirmières anesthésistes au bloc opératoire, insiste le Dr Lermuzeaux. Autrefois, les chirurgiens faisaient les plâtres eux-mêmes. Désormais, le travail des gypsothérapeutes est un acte infirmier délégué, encadré par un décret. Ce sont de véritables professionnels des immobilisations qui doivent très bien connaître l’anatomie et actualisent en permanence des connaissances très techniques. »

« Une infirmière sortant de l’école doit savoir faire un plâtre alors qu’elle n’a reçu aucune formation,» regrette Daniel Lugibihl. Très humain et charismatique, ce Mulhousien de 55 ans fait l’admiration de ses jeunes collègues qu’il a souvent formés. Il continue de parcourir l’Europe pour apprendre de nouvelles techniques. « Notre association se bat pour obtenir une formation obligatoire et complète en gypsothérapie. Objectif : faire évoluer la certification vers un DU (diplôme universitaire). Actuellement, la formation la plus complète est celle de l’IFSI du Creusot (71). »

Un beau métier

Assise bien droite dans son lit, élégante dans son pull rose, une dame âgée se plaint à Sophie Poignant, l’infirmière : « Mademoiselle, ce plâtre est très lourd ». Elle est tombée un soir devant chez elle et s’est cassé le poignet. Tout en refaisant son plâtre, Sophie lui explique, qu’après son séjour en maison de repos, elle reviendra en consultation, qu’on lui fera une radio pour vérifier l’état de sa fracture et qu’on changera son plâtre pour une résine. La pédagogie fait aussi partie de son quotidien.

Á 45 ans, Arnaud Labaude est passionné par la gypsothérapie qu’il exerce depuis 2003 : « C’est un beau métier, car nous suivons nos patients vers la guérison. Il faudrait qu’il y ait, dans chaque établissement hospitalier, au moins une personne formée et expérimentée dans ce domaine.»

Ces gypsothérapeutes ont tous un professionnalisme, un sens de l’humain que jamais aucun de ces appareillages souples vendus dans le commerce ne pourra remplacer.

Pour en savoir plus

Nadine Allain
« En visite chez les "gypso" de Mulhouse »
MNH Revue n°175, février 2012, pp. 20/21


Source : infirmiers.com