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IDEL

En Savoie, des cabinets ruraux d'infirmiers menacés !

Publié le 06/01/2016
caducée libéral voiture

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Un collectif d'infirmiers libéraux de Savoie, constitué en association, dénonce une décision de leur CPAM qui réinterprète le calcul de leurs indemnités horokilométriques. Ils lancent un cri d'alarme : les cabinets ruraux pourraient être fortement impactés, voir fermer ! A soutenir et à partager !

Prétendre vouloir garder les gens à domicile mais remettre en question les indemnités horokilométriques entraînera, assurément, la disparition des cabinets libéraux ruraux...

Une représentante de la CPAM de Savoie est venue nous informer que la légitimité de l'indemnité horokilométrique pour les infirmiers libéraux était remise en question. Notons, au passage, que "l'horo" a disparu, elle n'est plus que "kilométrique". Nous revenons sur ce terme, car cette indemnité a pour but initial d'indemniser les kilomètres mais aussi de compenser le temps passé dans nos véhicules sans faire de soins.

La CPAM de Savoie sans s'appuyer sur un texte officiel modifiant la nomenclature, nous demande de calculer les indemnités horokilométriques seulement sur le premier patient du village desservi, puis de ne plus les compter pour les autres. Elle demande donc du kilométrage réel du cabinet au domicile du 1er patient, puis de patients à patients. Nous ne comprenons pas sur quoi la CPAM de Savoie se base pour réinterpréter ces textes, qui nous semblent pourtant très clairs ! Voici, pour preuve, une liste non exhaustive des effets de cette réinterprétation :

  • de nombreux cabinets de campagne et de montagne enclavés fermeront. De fait, des zones de non soins vont apparaître car nous sommes les seuls à nous y rendre ;
  • les cabinets qui font de nombreux kilomètres et qui voient peu de patients car la géographie l'impose fermeront également ;
  • des personnes nécessitant des soins seront laissées à l'abandon et ni le SSIAD, ni les services d'HAD ne se déplaceront car ça ne sera pas rentable. A l'heure actuelle c'est nous qui assurons ces soins de proximité ;
  • les services d'hospitalisation seront submergés de demandes d'hospitalisation en moyen séjour car les patients ne trouveront plus de personnel de santé en milieu rural.

La CPAM compte revenir sur les indemnités horokilométriques qui représentent presque 1/3 de nos revenus et qui sont légitimes dans nos secteurs ruraux, où l'on passe 1/3 de notre temps de travail sur la route. Notre quotidien, nous l'avons choisi, c'est les routes de montagne. Avec souvent, la neige, le verglas et aussi parfois les embouteillages car les vacanciers prennent vite conscience de la difficulté d'évoluer dans ces conditions. Que fera la CPAM quand nous cesserons notre activité sur ces secteurs loin de tout ? Est-ce qu'elle organisera des tournées de SSIAD plus conséquentes et adaptées ? Permettez nous d'en douter ! Serons-nous obligés d'hospitaliser toutes les personnes dont nous prenons soin quotidiennement pour que la CPAM se rende compte de notre utilité ? Sans parler des coûts de ces prises en charge.

Cette indemnité a pour but initial d'indemniser les kilomètres mais aussi de compenser le temps passé dans nos véhicules sans faire de soins.

La directrice de la CPAM de Savoie s'est présentée comme une personne charmante qui nous a mis en garde du changement de ces indemnités horokilométriques. Alors nous voudrions savoir qui assume cette décision ? Qui en assumera les conséquences pour les professionnels comme pour les patients ? Nous vous avouons que ces derniers temps, nous nous sentons dénigrés par des rapports grossiers et incomplets faits par des gens bien assis dans leurs bureaux qui ne s'intéressent qu'aux chiffres. Nous utilisons notre énergie à écrire des mails, des lettres, contacter nos élus qui ne cachent pas leur soutien envers nos actions et notre métier. Notre profession exige de nous de la rigueur, de la précision et de la réactivité. Nous attendons du gouvernement les mêmes qualités, des réponses rapides, claires et précises.

Comment alors expliquer le paradoxe de cette politique qui est de diminuer les coûts mais de choisir les acteurs les plus chers ? Prétendre vouloir garder les gens à domicile mais remettre en question les indemnités horokilométriques qui entraînera, assurément, la disparition des cabinets libéraux ruraux ? Limiter les durées d'hospitalisation sans tenir compte des besoins que cela va créer en terme de continuité des soins et de maillage territorial des professionnels de santé ?
Trois questions subsistent, Madame Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes est-elle informée de cette remise en question des indemnités horokilométriques et de ses conséquences ? Que va-t-elle faire ? En sera-t-il de même pour les sages-femmes, les kinés et les médecins généralistes ?

« Les infirmiers en colère »  Association d'infirmiers regroupant les cabinets de la Tarentaise et de la Maurienne soit 52 IDEL répartis dans 14 cabinets


Source : infirmiers.com