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AU COEUR DU METIER

Émilie, infirmière et zoothérapeute

Publié le 13/07/2016
cheval zoothérapie

cheval zoothérapie

Émilie Mouzon est infirmière. Mais depuis 2013, son équipe soignante diffère beaucoup de celles qu'on rencontre habituellement dans les services puisqu'elle est principalement composée… d'animaux. Zoothérapeute à Gujan-Mestras (33) dans le bassin d'Arcachon, elle intervient auprès des patients avec des chiens et des chevaux pour un accompagnement des plus singuliers. Portrait.

Avec Craft, son cheval, Émilie, infirmière zoothérapeute, vient en aide aux enfants handicapés.

Infirmière fraîchement diplômée en 2009, Émilie doit faire face à la maladie sur le plan familial. Son fils aîné, atteint du syndrome d'Angelman, a besoin d'une attention particulière. Elle n'hésitera pas à choisir un poste qui lui permettra d'être présente pour Noa. « Dès l'obtention de mon diplôme, j'ai travaillé de nuit en chirurgie afin d'être disponible la journée. Je pouvais ainsi emmener mon fils à ses rendez-vous. Mes horaires décalés me permettaient d'être présente pour sa prise en charge ». Attentive aux besoins de Noa, Émilie  découvre alors l'équithérapie, un soin psychique médiatisé par le cheval et dispensé à une personne dans ses dimensions psychique et corporelle. Pour elle, qui a fait de l'équitation pendant 15 ans, faire du cheval un partenaire dans les soins allait de soi. Quand j'ai vu les bienfaits de l'équithérapie sur mon fils, je me suis dit que d'autres enfants pourraient en bénéficier si je me formais. Ça marchait si bien pour Noa que ça devait forcément fonctionner pour les autres...

Ça marchait si bien pour Noa que ça devait forcément fonctionner pour les autres...

Chiens et chevaux aux côtés des patients

Mais, Émilie ne voulait pas travailler uniquement avec des chevaux, persuadée que chaque race a ses vertus et avantages dans une prise en charge. J'ai préféré faire une formation de zoothérapie. Quand j'ai créé Azae, mon association, j'avais des lapins, des chinchillas, des oiseaux, des chiens… Ce panel m'a permis d'intervenir aussi en maison de retraite. Sollicitée de toutes parts  pour ses multiples compétences, elle décidera par la suite de se concentrer sur une prise en charge équestre et canine. Les chevaux permettent un travail en plein air quand le temps s'y prête, mais pas uniquement. Ce sont des agents renforçateurs qui motivent le patient à faire des exercices. Face à un enfant brusque, hyperactif et/ou agressif, ils gardent leur calme et restent stoïques. Or, ignorer son mauvais comportement est une réponse adaptée qui lui permet de l'inhiber au fur et à mesure des séances. L'enfant a une autre attitude face à cet animal imposant. Il retrouve un comportement approprié. Et pour compléter l'action des chevaux, l'association Azae travaille également avec deux chiens . Plus réactifs, avec eux, nous travaillons le calme, l'attention, la douceur mais aussi la sociabilité, le contact avec la foule. Notre Husky attire tellement l'attention que lorsque nous emmenons des enfants autistes au marché par exemple, les regards sont tournés vers lui, diminuant ainsi l'anxiété sociale des jeunes patients.  

Quand j'ai vu les bienfaits de l'équithérapie sur mon fils, je me suis dit que d'autres enfants pourraient en bénéficier si je me formais.

Une prise en charge adaptée et personnalisée

Aujourd'hui, Émilie vient en aide aux familles. Depuis la création de son association en 2013, six enfants ont été suivis. Chacun a eu droit à un parcours adapté et personnalisé. Nous recevons les parents pour connaître leurs souhaits dans un premier temps. Nous  nous informons sur la pathologie et ses signes. Puis nous définissons un programme adapté (travail de la motricité, du langage, de la sociabilité…). Pour sa mise en place, nous réalisons avec l'enfant un bilan préalable notamment avec des exercices et je l'observe pendant les deux premières séances. Pour elle, il est une évidence : son métier d'infirmière est un atout qui fait d'elle une meilleure zoothérapeute. Je connais les pathologies et c'est un vrai avantage. On ne peut pas faire n'importe quoi avec un patient autiste ou schizophrène. Il faut connaître les maladies pour savoir comment les prendre en charge. Aujourd'hui, Émilie s'épanouit dans son activité professionnelle. C'est pour elle une nouvelle façon d'exercer. Je me souviens d'un garçon autrefois très violent avec mon cheval, au point de lui mordre le museau. Pourtant, Craft n'a pas réagi et est resté de marbre, comprenant qu'il était en présence d'un enfant « différent ». Il s'est adapté à lui, à ses réactions, poussant le petit garçon à devenir doux et affectueux avec lui… j'ai trouvé cet instant magique. Pour l'heure, Émilie souhaite venir en aide aux parents d'enfants handicapés. En France, les démarches pour bénéficier de prestations liées au handicap étant très longues et laborieuses, il est possible d'aider ces familles en soutenant son association.

Azae : une association de zoothérapie qui offre aux patients un parcours personnalisé

Association de médiation par l'animal basée à Gujan-Mestra (33), Azae intervient auprès de publics fragilisés ou dépendants grâce à des objectifs individuels à chaque personne. Un bilan est établi à la fin de chaque séance.

Dès qu'un objectif est atteint, un compte rendu est réalisé et un nouveau but est fixé au patient. Les objectifs finaux sont variables :

  • Développement de la communication verbale et non verbale
  • Stimulation à la marche ( pouvant être associé avec un kinésithérapeute )
  • Socialisation
  • Avoir une meilleure estime de soi
  • Apprendre à partager
  • Apprendre à lire

La relation qui s'établit entre le patient et l'animal est simple et naturelle. Elle est basée sur le sensorielle, l'émotionnelle et le non-verbal. Ainsi l'animal stimule l'échange, développe l'empathie, ouvre au non-verbal… Le cheval comme le chien ont des effets apaisants et motivateurs. Dépourvus de tout jugement, leur spontanéité apporte un vrai bénéfice au soins.

Source : http://azae.e-monsite.com/

Gwen HIGHT  Journaliste Infirmiers.comgwenaelle.hight@infirmiers.com@gwenhight


Source : infirmiers.com