Petite question par curiosité :
êtes-vous infirmier ?

Merci d'avoir répondu !

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Embauché pour se faire tabasser ?

Publié le 30/03/2016
scène de crime

scène de crime

Salaire médiocre, conditions de travail difficiles, heures supplémentaires impayées, repos supprimés… Outre des contraintes professionnelles insoutenables, faudrait-il en plus que les infirmiers supportent des agressions multiples  sans rien dire ? Certains le clament haut et fort : ils n'ont pas signé pour en chier, comme en témoignait récemment l'une d'entre-elles ici même. A lire les commentaires qui ont suivi, elle n'est pas seule, ici comme ailleurs...

Partout dans le monde, les violences envers les infirmiers augmentent en nombre et en gravité, pourtant « ils ont choisi d'être des soignants, pas des victimes ».

Il est des professions dont les risques sont reconnus et indéniables. Pas forcément celles auxquelles on penserait, puisqu'à en croire les experts, notamment ceux du Bureau américain des statistiques du travail (BLS), mieux vaut être policier (sauf au Mexique) que conducteur de bus au Guatemala, mineur en Chine ou chauffeur routier en Afrique. Pourtant, il y a un métier qui, sans nul doute, devrait figurer dans cette liste en raison de sa dangerosité mondialement constatée : celui d'infirmier...

J'ai fait le choix d'être une soignante, pas une victime
Chana, infirmière en unité cognitivo-comportementale (UCC)

Bonne qu'à « niquer » (ou à l'être) ?

Eté 2015. Une période bien funeste pour les infirmiers français qui ont multiplié coups durs et agressions dans leur service. Cas isolés ? Difficile de croire naïvement en cette théorie, surtout après un coup d’œil jeté dans la presse internationale...

Australie, décembre 2015. Deux infirmières sont frappées par un patient. Les coups sont d'une telle violence que l'une d'elles perd connaissance. Une situation devenue presque habituelle dans l’un des plus grands États australiens, les infirmières de quatre hôpitaux importants font état de dix-sept agressions en moyenne chaque semaine. En outre, les humiliations prennent de multiples formes, les soignants se faisant même uriner dessus.

New York, Février 2014. Evelyn Lynch, infirmière de 69 ans à l'hôpital Brookdale, entre dans la chambre d'un patient pour retirer son cathéter. L'homme de 40 ans la projette au sol avant de s'acharner sur elle en lui donnant de violents coups de pieds au visage et à la tête. Souffrant d'un traumatisme crânien et de sévères fractures au visage, elle est retrouvée dans un état critique. Malheureusement, nul besoin de partir bien loin pour faire acte d'une telle violence, puisqu'elle existe aussi chez nous. Dans l'impossibilité de donner un résultat d'examen, le parent d'un enfant admis aux urgences pédiatriques m'a lancé que je n'étais bonne qu'à « niquer ».

Sale négro, je te vois dans la rue, je te crève. Trisomique ! Je reviens ici, je te bute, grand con, grosse pédale...

Sale négro, je te vois dans la rue, je te crève !

Il y a quelques jours, une infirmière a témoigné de son quotidien aux urgences . Insultes, violence, humiliation… Une liste d'agressions jugée non exhaustive par certains patients, puisque le racisme vient « volontiers » s'y ajouter.

Juillet 2015, une équipe soignante prend en charge un homme de 35 ans admis dans un état comateux après avoir ingurgité des médicaments avec de l'alcool. L'un des infirmiers sera alors violemment pris pour cible : Sale négro, je te vois dans la rue, je te crève. Trisomique! Je reviens ici, je te bute, grand con, grosse pédale.... Cette violence récurrente est constatée au-delà des services d'urgences ou de psychiatrie. En maison de retraite, on se fait insulter, taper, pincer, mordre, griffer, dénigrer, mépriser (…) Et c'est quotidien ! Aujourd'hui, les soignants exercent dans l'insécurité en partie parce qu'ils se sentent mal protégés…

S’il est un sentiment qui ne me quitte jamais lorsque j’entre seule dans la maison d’un nouveau patient, c’est la petite peur, peut être irrationnelle, de ne jamais réussir à en sortir
C'est l'infirmière

Où est la direction ?

Outre les différentes formes d'agressions dont sont victimes les infirmiers, il est une chose peut-être bien pire à leurs yeux : le sentiment d'avoir été embauchés pour se faire tabasser. Quand on se décide enfin à porter plainte, la direction, le cul derrière le bureau, « oublie » de se porter partie civil ! Ensuite, un cadre ose venir vous dire que vous êtes là pour encaisser sans rien dire !, témoigne David. Mais finalement, comment obtenir des patients qu'il soient bienveillants envers les soignants si leur hiérarchie elle-même les maltraite ? Ben oui... C'est de notre faute!!! On parle « patient, empathie, qualité des soins... On nous répond « argent, rendement, argent rendement »... (...) Si on se comportait avec les patients comme les directions des hôpitaux se comportent avec nous, nous serions virés ! juge Fabrice. Enfin, en l'absence de conséquences systématiques en réponse aux agressions des soignants, une population ne finit-elle pas par s'octroyer des droits qu'elle finit par juger légitime ? Dans d'autres pays, dès qu'on parle mal au personnel soignant, la police est prévenue et se déplace. Il y a des conséquences pour l'agresseur. En France, on nous propose des groupes de parole qui ont pour thème « Comment gérer son stress face à une personne agressive ?, s'insurge Fadila. Peut-être est-il plus que temps de prendre soin de nos soignants ou, comme le suggère l'un d'entre-eux, de leur accorder un statut semblable à celui des représentants de l'ordre public qui ferait que des poursuites seraient immédiatemment engagées en cas d'agressions physiques ou verbales. Peut-être qu'alors, ils se sentiraient (enfin) épaulés.

Pour beaucoup,  nous n'avons rien à dire ! Nous avons signé pour en chier, pour qu'on nous crache à la figure !
Hélène, infirmière

Gwen HIGHT  Journaliste Infirmiers.comgwenaelle.hight@infirmiers.com@gwenhight


Source : infirmiers.com