Petite question par curiosité :
êtes-vous infirmier ?

Merci d'avoir répondu !

PORTRAIT / TEMOIGNAGE

« Elle est… "couic "»

Publié le 10/11/2014

Dans son billet, Rayon de Soleil, raconte une expérience déstabilisante, où la communication n'était pas des plus adéquates. Merci de ce témoignage partagé.

Une communication inadaptée peut vite devenir déstabilisante pour les soignants.

Nous entendons souvent que les médecins sont forts en communication… FAUX !!! Il n'est pas rare d’assister à des situations qui oscillent entre le déstabilisant et le carrément déplacé, voire à côté de la plaque dans le domaine de la communication, et ce toutes fonctions de santé confondues. Aujourd’hui un bel exemple donné par un médecin, qui m’a quand même un peu laissée sur le carreau je l’avoue… besoin d’un retour à la réalité sans doute !

Tout le monde travaille, personne ne s’ennuie et on peut même dire que ça roule plutôt bien malgré le programme de la journée qui s’annonçait chargé. C’était sans compter une urgence qui du coup nous faisait « upgrader » à un niveau d’alerte rouge en terme de travail ! L’urgence est donc annoncée par la bouche du médecin : «elle a 40 min à vivre ! Dépêchez vous il nous faut une salle de travail !. Non, ce n’est pas possible de virer le patient qui est sur la table dans ma salle, il est encore dans les bras de Morphée et se réveille avec des nausées, ce qui n’annonce pas une disponibilité optimale dans les minutes qui viennent… Mais… Ô miracle, une table d’examen s’est libérée plus vite, à la suite du réveil d’un patient assez beau (le réveil pas le patient) pour qu’on puisse dire qu’il s’est « réveillé comme une fleur ». Si tôt fleuri, si tôt épanoui dans son lit ! Direction le couloir et q’ça saute !

Tout le monde se prépare, la patiente a 3g d’hémoglobine et saigne au niveau digestif… Nous n’en savons pas plus sinon que le réanimateur lui donne donc 40 min avant de mourir… Le médecin est occupé à raconter une anecdote à un interne quand son bip sonne. Ah bon, oui. D’accord. Pas de problème. Une agréable journée à vous aussi. Au revoir. Trop de mots positifs, je dis à ma collègue: ah ben non, ce ne sont pas des nouvelles de la patiente… Que n’ai-je pas dit ! Il nous regarde alors, et nous annonce de ce geste si distingué que l’on connaît si bien lorsqu’on parle de quelqu’un que l’on menace de tuer à la prochaine occasion dans un film de gangster, vous savez ce petit geste qui n’a l’air de rien ; ce doigt menaçant qui fait le tour du cou… Le même mais accompagné d’un elle est couic… l’hémorragie est annulée…. Le programme reprend et les gens reprennent leur place. Comme si de rien n’était. Non, rien n’est arrivé. Une déception semble flotter mais nulle trace d’empathie ou de compassion dans l’air ambiant. L’air éthéré qui accueille quelqu’un de l’autre côté, un étage plus haut…

Oui, pour le coup c’est mon antre digestive qui s’est rapidement trouvée mal et mes cavités cardiaques ont dû dysfonctionner quelques secondes parce que je me souviens que je n’ai rien pu dire, rien su dire, et me suis immobilisée un instant… tellement surprise et estomaquée de ce que je venais de voir et d’entendre. Ce « couic » me rappelant un lapin à qui on vient de rompre le cou. L’image est peu « chic », mais cet usage du mot et du geste m’ont frappée dans tout les sens du terme et cela m’a interrogée sur notre façon si peu humaine, quelque fois, de communiquer, de prendre le temps de dire les choses et de prendre le temps de bien réaliser ce que l’on vient d’entendre… Pas vous ?

Rayon de Soleil  http://soignantsensante.wordpress.com/


Source : infirmiers.com