Une enquête menée en Dordogne auprès de professionnels de santé libéraux pointe les difficultés de ceux-ci à gérer correctement les déchets produits par leur activité, notamment au domicile des patients. En cause, le coût et le manque d’information.
La gestion des déchets produits par les activités de soins est loin d’être optimale, comme vient de le montrer une nouvelle fois une étude de l’InVs (Institut national de veille sanitaire) réalisée en Dordogne auprès de professionnels de santé libéraux (kinésithérapeutes, sage-femmes, infirmières, pédicurepodologues, chirurgiens-dentistes, médecins généralistes, médecins spécialistes).
Ce travail a porté sur les DASRI (déchets d’activités de soins à risque infectieux), pour lesquels les professionnels ont une responsabilité légale « de la production à l’élimination », encadrée par un certain nombre d’obligations. En principe, les déchets doivent être éliminés en faisant appel à une société de collecte ou en les apportant dans un centre de regroupement.
La difficile élimination des déchets au domicile des patients
Or un plus d’un professionnel sur cinq n’utilise aucune de ces solutions. Plus grave : parmi eux, un peu moins de la moitié (soit environ 10 % de l’ensemble) les jettent directement dans les ordures ménagères. Certains laissent à leurs patients la charge de se débarasser des déchets produits lors des soins à domicile, très souvent sans leur donner de conseils adéquats. Or ce type de soins est appelé à se développer considérablement.
Il ne s’agit pas seulement d’une question de « négligence ». En effet, presque la moitié des professionnels estiment que les procédures sont trop onéreuses, un quart a du mal à identifier un collecteur ou un centre de regroupement et un tiers estime ne pas être suffisamment informé.
Le problème n’est évidemment pas propre aux professionnels libéraux. Les établissements de santé ont des quantités de DASRI bien plus considérables à gérer. Or ces produits posent des questions de sécurité importantes, aussi bien pour les professionnels de santé que pour ceux chargés de leur collecte, qui peuvent, par exemple, s’infecter par coupûres.
Un risque pour la santé non négligeable.
Elles se posent particulièrement dans les pays pauvres. Selon l’OMS, dans le monde, « la proportion des établissements de santé qui n'éliminent pas correctement leurs déchets de soins est de 18 à 64%. (…) En 2000, des injections au moyen de seringues contaminées ont été responsables de 21 millions d’infections à virus de l’hépatite B (HBV) (soit 32 % de toutes les nouvelles infections), 2 millions d’infections à virus de l’hépatite C (HCV) (soit 40 % de toutes les nouvelles infections) et au moins 260 000 infections à VIH (soit 5 % de toutes les nouvelles infections). »
A cela, il faut ajouter les risques liés aux incinérations non optimales (en dessous de 800°C) et, même dans les pays riches, aux rejets dans les eaux de divers toxiques, par exemple, les résidus médicamenteux, pour lesquels un plan national a été lancé dans le cadre du Plan national Santé Environnement 2.
Références
Évaluation de la prise en charge des déchets d’activités de soins à risques infectieux (Dasri) par les professionnels de santé en secteur libéral. Enquête auprès des professionnels libéraux de santé de Dordogne, février-mai 2009.
OMS. Gestion des déchets d’activité de soins.
Serge Cannasse
Rédacteur en chef Izeos
serge.cannasse@wanadoo.fr
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