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Ehpad :"Il faut significativement revoir les effectifs soignants à la hausse" selon la CNDEPAH

Publié le 14/01/2020

La Conférence Nationale des Directeurs d’Etablissements pour Personnes Âgées Handicapées (CNDEPAH), estime à 36 000 le nombre de créations de poste d’agents nécessaires dans les Ehpad publics d’ici à 2024. L’enjeu ? Répondre aux besoins croissants dans les années à venir.

Aujourd’hui on le sait, la population vieillit et les Ehpad peinent à recruter, notamment à cause du manque d’attractivité des métiers du grand âge.

Comme le rappelait le dernier rapport El-Khomri sur les métiers du grand âge et le rapport Libault avant lui, il va falloir faire en sorte d’améliorer significativement les effectifs dans les Ehpad, si l’on veut pouvoir répondre à la demande dans les années à venir. En effet on le sait, la population vieillit et les Ehpad peinent à recruter, notamment à cause du manque d’attractivité des métiers du grand âge. Dans un rapport, la Conférence Nationale des Directeurs d’Etablissements pour Personnes Âgées et Handicapées (la CNDEPAH) s’est efforcée de chiffrer ce besoin humain, en s’appuyant sur une enquête lancée en octobre 2019 auprès de ses membres, représentant un panel diversifié d’Ehpad, sur tout le territoire français, précise-t-elle. Si tous les récents rapports, ainsi que l'étude publiée par la Drees en septembre 2016, font état de personnels soignants très engagés et dévoués à cette noble fonction qu'est l'accompagnement de nos aînés, il est tout aussi évident aujourd'hui que leur épuisement professionnel appelle une réponse claire et volontariste, souligne-t-elle. Il faut significativement revoir à la hausse les effectifs soignants, assure-t-elle, ajoutant : Il est désormais nécessaire de s’accorder à en définir le niveau.

Pour cela, la CNDEPAH a, d’une part, cherché à objectiver le temps de présence des soignants, en journée et la nuit et s’est également concentrée sur les agents accompagnant directement les résidents, en cherchant à montrer les organisations quotidiennes des établissements. Résultat de son analyse fine (qui se présente sous la forme de tableaux chiffrés successifs) : 36 000 créations de postes seraient nécessaires dans les Ehpad publics d’ici à 2024.

Dans la majeure partie des Ehpad, l'ambition est de proposer un bain ou une douche par semaine. Cet objectif ne peut pas être atteint à ce jour, constate la CNDEPAH.

Des unités de 20 lits et plus de temps par résident

Actuellement, pour une unité de 26 lits, taille médiane des unités des Ehpad, 4,67 agents se répartissent les 14 heures de travail entre 7h et 21H. Ce qui confirme ce que les établissements constatent tous les jours : trois soignants le matin, deux soignants l'après-midi pour une unité d'environ 30 lits, constate la CNDEPAH. Dans son rapport, elle relève que d'une manière générale, les soignants concentrent leur temps auprès des résidents les plus dépendants et/ou en fin de vie, mais ne parviennent pas à proposer une individualisation suffisante de la prise en charge, à respecter le rythme de vie des seniors, ni à mettre des actions de prévention à destination des plus autonomes. Une course quotidienne contre le temps qui ne permet pas de dédier de temps relationnel de qualité et génère de la frustration mais aussi de l'épuisement par un travail encore trop taylorien. Pour accomplir toutes ces missions, les ratios en personnel ne permettent de consacrer, en moyenne, que 43 minutes par personne âgée le matin. L'après-midi, incluant le début de soirée et donc le repas du soir et le coucher, ce sont 28 minutes dont bénéficie en moyenne chaque résident à l’heure actuelle. Il est indispensable de revoir significativement les ratios, conclut ainsi la CNDEPAH qui milite pour des unités de 20 lits, une présence de trois soignants le matin et deux soignants l'après-midi.

Un effort conséquent qui représente, pour un Ehpad de 100 lits, une augmentation de 12,1 équivalent temps plein (ETP), affirme la CNDEPAH. Elle demande également que la totalité de ces créations de postes soit constituée d'aides-soignants. Avec ce niveau d'effectif, on passerait de 43 minutes à 65 minutes par senior en moyenne en matinée et de 28 minutes l'après-midi à 43 minutes. De nouveaux effectifs qui permettraient d'améliorer l'aide aux repas, de rendre au temps (de ce moment particulier) toute son importance, d'atteindre l'objectif d'un bain ou d'une douche par semaine, de mieux respecter le rythme individuel de chacun de développer un temps relationnel plus satisfaisant, incluant des temps d'animation thérapeutique. (…) Cela permettrait par voie de conséquence de développer les suivis nutritionnels, d'hydratation, d'améliorer le suivi bucco-dentaire des seniors, trop souvent délaissés. Cela permettrait aussi de renforcer les temps de prévention à destination des résidents les plus autonomes qui n'en bénéficient presque pas à ce jour (…) de renforcer significativement les temps de stimulations des capacités restantes des personnes âgées et de moins 'faire à leur place', faute de temps. De nouveaux effectifs qui impliqueraient enfin de proposer à la fois une présence plus humaine, plus réconfortante et rassurante, mais aussi plus professionnalisée. Le soignant serait plus disponible et moins stressé, souligne le rapport. 65 minutes de présence en moyenne ne permet pas de tout faire de façon optimale. Mais ce serait néanmoins une avancée évidente. Cette avancée serait d'autant plus constatée, si, par ailleurs, les soignants pouvaient encore davantage se libérer des tâches hôtelières et centrer leur travail sur le cœur de métier.

La CNDEPAH demande que ces effectifs soient atteints au plus tard en 2024 et que des arbitrages soient rapidement faits, dans le cadre de la future loi autonomie concernant le volet financier de ce dossier crucial. Elle précise enfin que son calcul devra, en toute logique, être revu à la hausse dans le cas d’une augmentation de la dépendance ou des besoins en soins.

Susie BOURQUINJournaliste susie.bourquin@infirmiers.com @SusieBourquin


Source : infirmiers.com