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Egos: premiers commentaires contrastés des professionnels de santé

Publié le 11/04/2008

La ministre de la santé, Roselyne Bachelot, a clos mercredi la concertation conduite depuis fin novembre 2007 sous l'égide d'Annie Podeur, directrice de l'hospitalisation et de l'organisation des soins (Dhos) et d'Yvon Berland, président de l'Observatoire national de la démographie des professions de santé (ONDPS).

La Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) a réagi la première, avant même la fin de la deuxième journée de restitution nationale des Egos, en exprimant ses "doutes" et réaffirmant son opposition à toute contrainte à l'installation des libéraux.

Dans un communiqué, elle considère que la deuxième phase des Egos, portant sur la concertation des médecins spécialistes et des autres professionnels de santé, "s'avère très décevante pour les médecins spécialistes, lesquels ont eu le sentiment de servir d'alibi alors que tout ce qui concernait les médecins avait déjà été discuté dans [la première phase des Egos">".

La CSMF, qui se déclare favorable au débat, souhaite qu'il se "déroule dans le strict respect des principes de l'exercice libéral de la médecine et ne soit pas le prétexte d'un bouleversement destiné à modifier fondamentalement notre système de santé".

Par ailleurs, elle met en doute "les capacités de l'Etat à financer les promesses des Egos après l'annonce d'un nouveau plan de rigueur pour la Sécu par le ministre du Budget", en faisant allusion aux déclarations d'Eric Woerth lundi, qui souhaite réaliser cinq milliards d'euros d'économie en 2009 sur les dépenses de sécurité sociale.

Le Syndicat des médecins libéraux (SML) a également soulevé la question des moyens qui seront consacrés à la réforme de la modernisation de l'organisation de la santé, et rappelé les souhaits d'économie d'Eric Woerth, dans une lettre électronique mise en ligne jeudi sur son site internet.

ENCORE BEAUCOUP DE CHANTIERS EN COURS, POUR LE SML

Le SML estime qu'après les Egos, "il reste tellement de chantiers en cours et de thèmes à aborder que les discussions sont loin d'être terminées et vont aller bon train lors de l'examen par le Parlement de la loi Bachelot à la rentrée".

"La santé de demain donc sera pluridisciplinaire -on construira même quelques maisons de santé pour cela-, coordonnée entre les professionnels de santé et s'exercera en réseaux", ironise le syndicat.

Il reconnaît toutefois qu'une "meilleure répartition des compétences entre les professionnels - dans le respect de leur identité et de leur responsabilité respective- est une évolution positive", estimant que tout ce qui "peut permettre au professionnel de se recentrer sur son coeur de métier est bon à prendre".

MG-France s'est félicité pour sa part dans un communiqué publié mercredi que les Egos aient confirmé "l'impérieuse nécessité" de mettre en place plusieurs mesures, notamment en matière de coopération entre les professionnels de santé, d'attractivité et de formation.

Le syndicat estime cependant que les travaux de la seconde phase des Egos "marquent une étape dans un processus qui se poursuit".

L'ensemble des problèmes posés par les états généraux est "d'une telle ampleur qu'ils nécessitent une réforme ambitieuse", explique MG-France. "Il faudra de nombreuses mesures pendant une période prolongée et une volonté politique forte pour répondre à la crise", ajoute-t-il.

LES JEUNES MEDECINS DEMANDENT DES APPLICATIONS RAPIDES

Le Syndicat national des jeunes médecins généralistes (SNJMG) a indiqué pour sa part qu'il attendait la mise en place de mesures incitatives à l'installation pour les jeunes professionnels.

Dans un communiqué publié jeudi, il réclame la mise en place, dans le cadre conventionnel, d'une garantie ou d'un complément de ressource pour les jeunes installés, sur une durée de trois à cinq ans, ainsi qu'une meilleure information auprès des assurés des dérogations au parcours de soins pour les patients consultant les médecins installés depuis moins de cinq ans.

Le SNJMG demande aussi la mise en oeuvre de plusieurs pistes de réforme dégagées pendant les Egos, dont l'inscription dans le code de santé publique des missions du médecin généraliste de premier recours, la création d'un guichet unique à l'installation, le soutien aux maisons de santé pluridisciplinaires, le développement de nouvelles formes de rémunération.

L'UJCD GLOBALEMENT SATISFAITE

L'Union des jeunes chirurgiens dentistes (UJCD) estime dans un communiqué publié jeudi que la synthèse finale des Egos "ouvre des pistes et formule des propositions d'action concrètes". Il souligne notamment l'accent mis sur la formation initiale et continue, l'organisation de la coopération et de la coordination et l'organisation territoriale.

En matière de coopération interprofessionnelle, il se réjouit que les Egos aient fait "clairement référence à la nécessité de répartir certaines tâches émergentes vers de nouveaux métiers".

L'UJCD demande en ce sens des évolutions de carrière pour les assistantes dentaires pour leur faire "acquérir des compétences supplémentaires", leur permettre "d'enrichir leur métier" et permettre [ainsi"> aux chirurgiens dentistes de se "recentrer sur des actes de soins à forte valeur ajoutée au service de nos patients".

Sur l'organisation territoriale, l'UJCD se félicite que "ses réflexions sur l'harmonisation de la carte sanitaire, les moyens à mettre en oeuvre pour plus d'égalité dans le domaine de la santé" aient "été prises en compte".

Il suggère aussi de "concevoir des chirurgiens-dentistes itinérants" et souhaiterait "voir étendre aux territoires l'expérience des bus dentaires" qui connaissent un "grand succès" auprès des "populations urbaines marginalisées, coupées de l'accès aux soins".

LA FNI ET L'ONSIL IRRITEES PAR LA METHODE

Deux syndicats d'infirmiers libéraux, la Fédération nationale des infirmiers (FNI) et l'Organisation nationale des syndicats d'infirmiers libéraux (Onsil), ont manifesté bruyamment leur mécontentement, notamment en perturbant la synthèse d'Annie Podeur, et le tout début du discours de Roselyne Bachelot en clôture des Egos.

Dans deux communiqués distincts, les syndicats protestent contre les conditions d'organisation de la concertation, estimant que la représentation syndicale des infirmiers a été "amputée de ses droits", l'Onsil soutenant que la profession infirmière n'a pas été auditionnée "en tant que telle".

Les deux syndicats dénoncent une vision soit "passéiste", soit "moyenâgeuse" de la profession d'infirmière, et regrettent un "clivage" entre les médecins généralistes et les autres professions de santé, opéré selon eux au travers des deux phases de concertation consacrés d'abord aux uns puis aux autres.

"Il ne faut y voir aucune valeur hiérarchique", avait souligné mercredi Roselyne Bachelot mercredi lors d'un point presse à l'issue des Egos, en insistant sur les raisons pratiques qui avaient présidé à cette organisation en deux phases, et non concomitamment.

"J'ai voulu qu'Yvon Berland et Annie Podeur, ainsi qu'un certain nombre d'interlocuteurs, dont les associations de patients, soient toujours là. J'aurais pu aussi mener les choses concomitamment, mais pas avec les mêmes personnes au pilotage, ce qui n'aurait pas permis une restitution adéquate. Diplomatiquement, c'était peut-être moins satisfaisant, mais opérationnellement, c'était vraiment la bonne méthode", a expliqué Roselyne Bachelot.


Source : infirmiers.com