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Edito - Se diviser pour moins régner...

Publié le 30/04/2014
Aurélie Trentesse

Aurélie Trentesse

infirmières débat discussion

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Baisse des salaires, gel du point d'indice dans la fonction publique, conditions de travail délétères, réforme LMD non aboutie... Autant de raisons pour les infirmiers d'être en colère. Pourtant, la profession, qui peine à se faire entendre, reste divisée au regard des différents rassemblements à venir au mois de mai...

Sur les réseaux sociaux, les infirmiers sont très réactifs... sur le terrain, pour se réunir, un peu moins...

Les appels à la révolte se suivent et se ressemblent, et il y en a déjà eu de nombreux jusqu'ici (manifestations, communiqués de presse, lettre au président de la République, à la ministre des Affaires sociales et de la Santé...)... Ainsi, en mai 2014, les infirmiers sont invités à se mobiliser deux fois. D'une part, le collectif NB3NP  souhaitent rassembler l'ensemble de la profession dans sept villes de France le 12 mai à l'occasion de la Journée internationale des infirmières . D'autre part, le collectif Lesinfirmières Encolère et le syndicat Résilience se réuniront le 22 mai à Paris afin de répondre à l'appel des infirmiers de l'éducation nationale. Deux manifestations à dix jours d'intervalle, cela ne fait-il pas beaucoup pour une même profession ? Surtout lorsque l'on sait que les précédentes mobilisations ont été globalement peu suivies, hormis celle organisée le 4 mars 2014 par les étudiants en soins infirmiers qui ont su frapper fort pour sauver leurs stages.

La dernière initiative en date est celle d'une infirmière en reconversion, C.B. qui souhaite rester anonyme. Elle vient en effet de lancer une pétition appelant à la démission de tous les infirmiers de France. En six jours, elle a récolté plus de 1 600 signatures. L'instigatrice de la pétition estime qu' il faut se donner les moyens de lutter et refuser le chantage de la mise en danger des patients. Que chacun prenne ses responsabilités, et si les infirmiers démissionnent en masse, alors, que les administratifs, médecins, internes, externes, cadres de santé prennent le relais, ce sera la situation idéale pour qu’enfin on se rende compte ce qu’est une journée type d’un infirmier, ce qu’on lui demande, ses responsabilités au quotidien et la charge de travail qui lui incombe. Et d'ajouter : pour que les choses bougent, il ne faut pas juste râler, il faut agir, et surtout il faut que les français prennent conscience de ce qu’est un infirmier. Car le métier est très caricaturé, stigmatisé et, finalement, ce qui nous dessert est en grande partie cette ignorance de la société pour notre métier. Tant que dans la conscience collective l’image des infirmiers sera qu’il s’agit d’un métier à vocation et de dévouement, on ne pourra jamais se battre pour obtenir quoi que ce soit car personne ne comprendra que notre profession, aussi belle soit-elle, est avant tout un métier : compétences, techniques, savoir-faire, savoir-être, théorie.

Une manifestation "unitaire" de la profession... on aurait pu l'espérer à l'occasion de la Journée internationale de l'infirmière , le 12 mai prochain !

L'union fait la force

L'insatisfaction infirmière est de plus en plus palpable. En parcourant les forums et les actualités, on se rend vite compte à quel point la profession est malmenée , et cela parfois bien avant l'obtention du Diplôme d'État...

Chez les infirmiers libéraux, la grogne monte également. En cause notamment, une nomenclature générale des actes professionnels ambiguë, des litiges avec les services administratifs des CPAM, des contraventions reçues pour infraction au stationnement durant la dispensation de soins ...

De leur côté, les spécialités (IBODE et IPDE ) sont toujours en attente de la réingéniere de leur formation. Les IADE sont également dans l'expectative, le décret attribuant le grade Master au DEAI n'ayant pas encore été publié.

Le mécontentement se trouve donc partout. Pourtant, lorsqu'il s'agit de manifester, c'est chacun dans son coin ce qui fait, à n'en pas douter, le bonheur de l'avenue de Ségur... Le ministère des Affaires sociales et de la Santé, qui semble ignorer purement et simplement l'existence de la profession, est en effet bien silencieux face à toutes ces revendications. N'est-il pas temps, pour la profession infirmière dans son intégralité, de manifester sa colère ?

Un mouvement contestataire est-il possible ?

Michèle Bressand, directrice des soins de l’AP-HP, puis inspectrice générale des Affaires Sociales (IGAS), désormais à la retraite, l'a affirmé lors de sa récente conférence à Sciences Po sur « Les conflits de la santé », un mouvement infirmier de la même ampleur que celui de 1988 est hautement improbable. Pour Ivan Sainsaulieu, sociologue, cela s'explique par le fait que les infirmières se voient comme des individus, plus que comme un collectif mais aussi à cause de la pression hiérarchique. Il note également qu' elles n’ont pas la culture de la contestation des ouvriers. Autre point non négligeable : la nécessité d'assurer la continuité des soins... Mais cela n'a pas arrêté les 100 000 manifestants de 1988.

La ministre des Affaires sociales et de la Santé, Marisol Touraine, a déclaré que plusieurs mesures devraient permettre d'économiser dix milliards d'euros sur les dépenses d'assurance maladie . Bien entendu, cela ne devrait pas aboutir à un système de santé « low cost » selon la ministre. Si toutefois, tel était le cas, les infirmiers seraient-ils capables de défendre leur profession et le système de santé avec autant de vigueur qu'en 1988 ? On l'espère en tout cas... Et les événements à venir -ou pas- devraient nous l'indiquer...

Aurélie TRENTESSE  Rédactrice Infirmiers.com  aurelie.trentesse@infirmiers.com


Source : infirmiers.com