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Edito - Salaire et temps de travail des infirmiers en France : où en sommes-nous ?

Publié le 20/10/2017
Salaires infirmiers

Salaires infirmiers

Salaires infirmiers

Salaires infirmiers

Salaires infirmiers

Salaires infirmiers

Salaires infirmiers

Salaires infirmiers

équipe de soignants hôpital

équipe de soignants hôpital

Selon une enquête menée par Infirmiers.com entre le 13 et le 30 juillet 2017, en France, les infirmiers touchent en moyenne 1 820 euros net par mois et consacrent en moyenne 36 minutes de plus à leur activité par rapport à ce qu’indique leur contrat de travail. Explications.

Salaire mensuel net des infirmiers selon la structure d’exercice.

1 820 euros, c’est le revenu mensuel net moyen touché par les infirmiers en France selon les résultats d’une enquête menée par Infirmiers.com du 13 au 30 juillet 20171.

Il existe peu de disparités en fonction des structures où exercent les infirmiers. Seuls les professionnels de santé libéraux se distinguent avec un salaire net plus élevé qui atteint 2 720 euros par mois. Les infirmiers exerçant en intérim ou au sein d’instituts de formation touchent également des salaires plus élevés. Mais il faut noter que leur temps de travail est généralement supérieur à celui des autres structures.

Après trois années d'études, il est inacceptable de toucher 1300 euros (convention collective établissement privé à but lucratif). Seulement, avec ce salaire nous signons un CDI ce qui est de plus en plus rare dans le milieu...

33% des infirmiers gagnent entre 1 700 et 1 899 euros par mois. Mais des disparités régionales existent, de même que des variations en fonction de l’âge du soignant.

La majorité des infirmiers (33%) touche entre 1 700 et 1 899 euros par mois. 28% gagnent entre 1 500 et 1 699 euros par mois et 16% entre 1 900 et 2 099 euros. Toutefois, certains infirmiers sont mieux lotis que d’autres en fonction de leur région d’exercice. Ainsi, les infirmiers exerçant en Bretagne, Normandie ou encore en Nouvelle-Aquitaine ont moins de chance de toucher un salaire plus élevé, alors qu’en Île-de-France, plus de 20% des infirmiers touchent une rémunération comprise entre 1 900 et 2 099 euros, et 12% sont rémunérés entre 2 100 et 2 299 euros. Par ailleurs, 15% des moins de 25 ans touchent un salaire compris entre 1 300 et 1 499 euros, et  41% gagnent entre 1 5 00 et 1 699 euros chaque mois.

En Île-de-France, plus de 20% des infirmiers touchent une rémunération comprise entre 1 900 et 2 099 euros.

Mieux vaut ne pas être en contrat à durée déterminée (CDD) si l’on veut toucher un meilleur salaire. Les personnes en CDD touchent en effet 1 646 euros net par mois en moyenne, contre 1 884 euros pour un agent de la fonction publique et 1 815 euros pour un infirmier en contrat à durée indéterminée (CDI). Le secteur libéral s’avère quant à lui bien plus intéressant en matière de salaire, mais le temps de travail des IDEL est lui aussi plus élevé…

Salaire net mensuel des infirmiers en fonction du type de contrat.

J'ai plutôt de bonnes conditions de travail. Je ne me plains pas même s’il peut y avoir des heures supplémentaires, mais nous travaillons avec des humains... et les heures supplémentaires nous sont redonnées.

Ils témoignent de leurs conditions de travail

Je suis ide au bloc opératoire. Le salaire est beaucoup trop faible par rapport aux responsabilités et aux risques encourus. Je n'ai pas à me plaindre de mes horaires de travail qui sont plutôt réguliers et confortables pour une IDE. J'ai travaillé de nuit en service traditionnel auparavant mais je ne suis vraiment pas faite pour ça. Les conditions de travail sont difficiles à  vivre tous les jours. On nous demande d'aller toujours plus vite malgré le peu de moyens fournis. Les chirurgiens pour certains sont encore en mode patriarcal et sont plus qu'irrespectueux avec le personnel soignant, ils sont même parfois violents. Les temps de pause ne sont pas respectés. On a à peine le temps d'aller aux toilettes ou de boire une gorgée d'eau.

Les conditions de travail sont très mauvaises. Un infirmier pour 75 résidents. Nous faisons beaucoup d’heures supplémentaires pas toujours payées…

Finir à  l'heure est un mythe dans la profession ! Et les conditions de travail au bloc opératoire sont particulièrement difficiles (pressions des chirurgiens, enchaînement des interventions, stress d'un oubli qui peut entraîner des conséquences dramatiques…).

Le temps de travail en libéral est complètement différent car on ne maîtrise pas tout ( trajet en voiture, problème avec les patients…). On a le droit, si on le veut, de prendre le temps pour nos patients mais ce sera toujours au détriment de notre vie privée, et nous sommes en général toujours en retard pour rentrer chez nous. Mais nous ne travaillons pas à temps plein (nous sommes 3 dans mon cabinet) donc ça permet de pouvoir souffler un peu ).

Pour le temps de travail, ce qui est compliqué est l'alternance des matins/soirs/nuits, et de travailler un week-end sur deux, ce qui nous donne un seul jour de repos une semaine sur deux. Les conditions de travail sont parfois difficiles, l'économie argent semble parfois prioritaire, au détriment des patients et de bonnes conditions de travail. Pour moi, le plus compliqué, c'est surtout le manque de reconnaissance.

Les conditions de travail étant trop épuisantes avec une ambiance morose au travail, j'ai décidé de prendre une disponibilité dès juillet sans savoir ce qui m'attend derrière. Ceci s'explique par les conditions de travail qui se sont beaucoup détériorées dans le service public ces derniers temps.

Dans le secteur privé, en 20 ans, les conditions de travail se sont tellement dégradées qu'il est rare que j'aille travailler de bonne humeur. Les heures que nous effectuons de nuit (5 par semaine) en début ou en fin de journée sont plus fatigantes que durant les 15 années où j'ai travaillé uniquement de nuit.

Le salaire n'est pas proportionnel aux responsabilités que l'on peut avoir dans le service. De plus, le temps de transmission prévu (30 minutes le midi et 15 minutes le matin et le soir) n'est pas suffisant et je ne termine jamais à  l'heure (enfin si 1 fois en 3 mois). Ces minutes, voire quarts d'heure supplémentaires, ne sont pas comptés sur notre fiche de paie. Nous faisons un métier magnifique mais la non considération use, même les nouveaux diplômés.

Les infirmiers travaillent en moyenne 36 minutes en plus chaque jour

Les infirmiers travaillent en moyenne 9h40 chaque jour, et 38h45 par semaine, mais ces chiffres varient en fonction du secteur d’exercice. Ainsi, un infirmier libéral consacre en moyenne 51 heures chaque semaine à son activité, soit plus de 10h40 chaque jour.

Nombre d'heures travaillées chaque jour Heures supplémentaires effectuées chaque jour
Etablissement de prestation de soins à domicile 08:18:00    00:29:26
Etablissement de santé privé 10:09:20 00:20:17
Etablissement de santé public 09:43:45 00:38:38
Etablissement médico-social 08:51:26 00:34:39
Etablissement petite enfance 08:18:00 00:19:22
Etablissement scolaire 08:32:44 00:32:44
Autre 07:44:34 00:09:34
Cabinet de recrutement / agence d'intérim 10:30:00 01:00:00
Collectivité 07:40:00 00:20:00
EHPAD 09:42:31 00:53:07
Exercice libéral 10:42:21 -
Institut de formation (IFSI/IFAS/IFCS...) 08:30:00 01:13:20

En moyenne, chaque semaine, les infirmiers effectuent plus de 3h45 d’heures supplémentaires, mais cela dépend fortement du mode d’exercice. Ainsi, en établissement de prestation de soins à domicile, les infirmiers travaillent plus de quatre heures en plus chaque semaine. Dans un établissement de santé public, le temps de travail hebdomadaire en plus effectué est de 3h39, et de 3h12 dans un établissement de santé privé. Au sein des instituts de formation, le temps de travail supplémentaire par semaine peut atteindre dix heures et plus chaque semaine.

De plus, 25% d’IDE ont un compte épargne-temps. Ils disposent en moyenne de 86 heures sur leur CET qu’ils peinent généralement à prendre ou à se faire rémunérer. Soulignons également que 45% des infirmiers n’ont pas d’horaires de travail fixes, et 42% sont amenés à travailler de nuit régulièrement. Le travail en discontinu concerne quant à lui 13% des personnes interrogées.

37% des infirmiers ont un temps de trajet (aller-retour) compris entre 15 et 30 minutes. Mais ce temps varie énormément en fonction de la région d’exercice. Ainsi, en Île-de-France, environ 15% des personnes interrogées ont un temps de trajet supérieur à 90 minutes, contre 4% pour la moyenne nationale. En revanche, en Bourgogne-Franche-Comté, 65% des sondés ont un temps de trajet inférieur à 30 minutes.

Un infirmier travaille en moyenne 9h40 chaque jour, et 38h45 par semaine.

Des conditions de travail de plus en plus délétères

Les infirmiers ne cessent de tirer la sonnette d’alarme : les conditions de travail vont de mal en pis. Ils dénoncent notamment le nombre de patients à charge en constante augmentation, des salaires inadaptés au vu des responsabilités, les rappels sur les repos, l’alternance jour/nuit qui, rappelons le, peut avoir des conséquences dramatiques sur la santé des personnels. Certains infirmiers n’hésitent donc pas à quitter le pays pour tenter leur chance ailleurs. Je viens de quitter un poste dans la fonction publique, actuellement en disponibilité je travaille maintenant dans un HAD en Suisse, témoigne une personne interrogée. Les conditions de travail n'ont rien à  voir, et le salaire est 2,5 à 3 fois supérieur... J'ai du temps pour les soins, les tâches administratives sont prises en compte dans la journée avec une plage horaire dédiée, et je fais rarement d'heures supplémentaires. Je ne regrette pas mon choix, au bout de seulement 4 ans de diplôme, la fonction publique m'avait déjà  fatigué. Pas de souhait de planning possible, le planning le 15 du mois pour le mois suivant, impossible de poser les congés quand nous le souhaitions, sans oublier les multiples casquettes de l'infirmier sans aucune reconnaissance en retour.

Quant aux infirmiers libéraux, même si leur rémunération est plus confortable, ils se demandent s’il est normal de n’être payé qu’à moitié pour un second acte effectué et pas du tout à partir du troisième acte. Ils déplorent également une nomenclature qui n’est plus adaptée aux prises en charge des patients.

Les infirmiers donnent donc beaucoup pour recevoir, au final, assez peu. Au vu de leur investissement, il ne fait aucun doute qu’il aiment leur profession –ils n’hésitent d’ailleurs pas à le signaler-, mais au fil des années, les conditions de travail, de plus en plus pesantes, obligent les infirmiers à se détourner des soins, et à envisager d’autres carrières . A quand de réelles solutions, notamment la mise en place d’effectifs plus conséquents, pour permettre aux soignants de prodiguer des soins de qualité ? 

La CFDT examine le travail des soignants

Dans une enquête mise en ligne entre le 13 et le 19 mars 2017, la CFDT a recueilli l’avis de 2 587 infirmiers et aides-soignants sur leurs conditions de travail . Ainsi, 34,6% des personnes interrogées ont déclaré avoir travaillé plus longtemps que la durée prévue. 45% des sondés ont admis que ces heures supplémentaires ne seront ni récupérées, ni rémunérées. En général, ce temps supplémentaire est effectué pour réaliser les transmissions (45%), achever les soins en cours dans l’unité (30%), réaliser les tâches administratives (15%), s’occuper d’un patient en particulier en fin de service (8%) ou encore attendre la relève (2%). Par ailleurs, pour l’ensemble des services, le ratio est d’un infirmier pour 13 patients le matin, et un infirmier pour 15 patients l’après-midi. En EHPAD, il est d’un infirmier pour 33 patients le matin et un pour 38 l’après-midi.

Note

  1. Enquête réalisée en ligne du 13 au 30 juillet 2017 auprès de 1 000  infirmiers.

Aurélie TRENTESSE  Journaliste Infirmiers.com aurelie.trentesse@infirmiers.com  @ATrentesse


Source : infirmiers.com