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AU COEUR DU METIER

Edito - Ordre infirmier : 7 ans de désordre

Publié le 03/05/2013


2006 – 2013 : sept années d’existence, l’âge de raison dit-on… Pourtant l’Ordre national des infirmiers continue d’alimenter les gazettes, de délier les langues, de perpétuer les petites histoires plutôt que d’écrire la Grande… Les derniers épisodes en attestent, hélas, encore une fois…

Depuis sa création, en 2006, l’Ordre national des infirmiers (ONI) vit des périodes contrastées… D’une année sur l’autre, d’un mois sur l’autre, d’une semaine à l’autre et parfois même d’un jour à l’autre, tout et son contraire agite la communauté infirmière. Euphorie et déconfiture, renouveau et démissions, communication et autisme, affirmation d’ego et guerre de clochers, lettres de démission et assignations au tribunal, attaques et contre-attaques…. on assiste en effet à une véritable saga ordinale. Certains s’en glorifient, d’autres s’en défendent… Certains s’enflamment, d’autres s’agacent… La majorité de la profession, quant à elle, reste le plus souvent indifférente à une situation qu’elle ignore - ou fait semblant d’ignorer - et pour cause, faut suivre !

Derniers faits en date…

L’agitation de ces derniers jours en atteste une fois encore, le sujet ordinal provoque des réactions épidermiques et chacun y va de son communiqué, de sa tribune. Ça gausse en coulisses, ça s’angoisse dans les prétoires, ça réagit au quart de tour par lettre recommandée…

Nous apprenions donc il y a quelques jours, le 18 avril 2013, la démission d’Emmanuel Adain, infirmier libéral réunionnais, conseiller national de l’Ordre des infirmiers (ONI), qui publiait sur les réseaux sociaux sa lettre de démission adressée au Président Borniche. Le propos, sévère, égrenait des griefs mettant en perspective les difficultés de gouvernance vécues en intra par les conseillers ordinaux. Dans le même temps, la présidente du Conseil régional de l'Ordre infirmier Auvergne démissionnait également le 26 avril…

Ces démissions réjouissent le syndicat Résilience, farouche opposant à l’Ordre, qui multiplie depuis les communiqués, rappelant les actions engagées : demande à la ministre de la Santé une enquête de l'IGAS, plainte contre l’ONI au TGI de Paris suite à l'absence de fichiers et annuaires ordinaux fiables, lettre au Président Borniche… alors que Résilience est lui-même toujours en procédure avec l’ONI, poursuivi pour « injures publiques »…

Enfin, la FNI, par communiqué de presse daté du 30 avril 2013, ajoutait encore un épisode à cette triste saga ordinale, expliquant être convoquée, ainsi que son président Philippe Tisserand, par l’ONI devant le tribunal de police de Paris pour « diffamation non publique ». Ça se complique et la fièvre continue donc de monter…

La valse des lettres de démissions…

Rappelons que depuis sa création, ces épisodes sont habituels à l’ONI : les présidents successifs eux-mêmes ont fait tristement usage de la lettre de démission : le 8 juillet 2011, Dominique Leboeuf, présidente « historique » de l’ONI, suivie de très près, le 28 juillet 2011, par David Vasseur, président éphémère… Ce fut ensuite au tour d’un autre Conseiller national ordinal, Philippe Tisserand, infirmier libéral (Luxeuil-les-Bains), président de la Fédération nationale des infirmiers (FNI) qui, en désaccord avec le président Borniche élu le 13 septembre 2011, démissionnait à son tour quelques jours plus tard, le 27 septembre. La liste des « démissionnaires » s’est encore allongée en septembre 2012 quand quatre autres conseillers nationaux du collège libéral jetaient également l’éponge.

Et maintenant…

La saga ordinale est une histoire sans fin et même les tutelles restent bafouillantes : Marisol Touraine a dit tout et son contraire au sujet de l’ONI : la cotisation ne s’imposerait qu’aux infirmiers libéraux, l’adhésion pourrait être facultative, préférant finalement mandater un groupe de travail interne au groupe socialiste, républicain et citoyen (SRC) de l'Assemblée nationale, installé le mardi 29 janvier 2013, pour finalement trancher ?

Du côté de l’ONI, pas de réactions particulières suite à ces différentes « affaires »… Dernier communiqué à retenir, celui du 29 avril 2013 dont le sujet est la vaccination par les infirmières. En effet, quelques jours après l’intervention de Marisol Touraine devant le Sénat au sujet de la politique vaccinale de la France l’ONI propose des pistes concrètes pour l’amélioration de la couverture vaccinale. Selon l’Ordre, « les infirmiers devraient être largement autorisés à vacciner sans prescription, tout en préservant l’indépendance des professionnels. »

Concernant l’avenir, l’ONI a annoncé le 26 mars 2013 les prochaines élections ordinales : nationales le 7 novembre 2013 et départementales et régionales respectivement en avril et juin 2014. « Un rendez-vous majeur avec la profession infirmière », selon le Président Borniche. Rappelons que tous les infirmiers inscrits au tableau de l’Ordre au moins deux mois avant la date des élections seront électeurs des membres des conseils départementaux, qui, à leur tour, éliront les conseillers régionaux. Sont électeurs du conseil national les membres titulaires des conseils régionaux. Tout infirmier inscrit à l’Ordre depuis trois ans, à jour de sa cotisation, peut se porter candidat.

Une question demeure : avec seulement 131 000 inscrits sur près de 520 000 infirmiers en exercice, comment ce « rendez-vous » pourrait réellement avoir lieu ?

Voilà, après ce tour d’horizon ordinal - tout du moins son côté sombre - on se demande bien maintenant quels vont être les prochains épisodes, les grands chantiers professionnels que l’ONI va défendre et la façon dont il va le faire savoir à la communauté soignante... On s’en réjouit, ou le déplore, mais après sept années d’existence (2006 – 2013), l’âge de raison dit-on, l’Ordre des infirmiers rime toujours fâcheusement avec désordre

Bernadette FABREGAS Rédactrice en chef Infirmiers.com bernadette.fabregas@infirmiers.com


Source : infirmiers.com