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Edito - Les « héros » méprisés par leurs propres tutelles !

Publié le 22/07/2016
infirmier prisonnier

infirmier prisonnier

Tristement, les attentats se multiplient en France et avec eux le même scénario se répète inlassablement. Les soignants font leur devoir avec un courage et une conscience professionnelle inouïs. Les politiques saluent leur dévouement avant de les oublier à nouveau , faisant délibérément l'autruche face aux conditions de travail qui les poussent eux aussi vers la mort . Des conditions qui mettent en danger la population en situation d'urgence et de menace terroriste. Jusqu'où l’hypocrisie gouvernementale ira-t-elle donc ? Qui soignera nos « blessés de guerre » (puisque c'est véritablement de cela qu'il s'agit) lorsque l’État aura épuisé les forces et les ressources des soignants ? Coups de gueule, pétitions, suicides… Comment réagissent-ils à ce dédain ? Méprisés par leurs propres tutelles, les professionnels de santé s'expriment, s'insurgent mais restent néanmoins ignorés.

Pieds et poings liés par les restrictions budgétaires et des conditions de travail de plus en plus délétères, nos « héros » ont besoin du secours des Français.

Parce que l'impact d'une grève menée par les soignants n'a aucune conséquence, comme le rappelle Sylvain dans sa lettre au Président François Hollande, les professionnels de santé sont (dés)abusés par ceux-là mêmes qui vantent leurs mérites, lorsqu'une tragédie à l'échelle humaine se produit, tout en se montrant indifférents à leurs souffrances, plaintes et revendications. Les taxis bloquent les routes et les aéroports, et revendiquent la fin d'UBER : cela leur est accordé. Les cheminots se mettent en grève, bloquent les trains : on leur accorde leurs revendications. Les instituteurs, en grève, paralysent les parents en refusant les enfants à l’école : on augmente leur salaire. Les infirmiers/aides-soignants se mettent en colère : on les réquisitionne, on les oblige à aller travailler. Le silence est fait sur leurs revendications. Mais, nul besoin de faire Sciences po pour deviner qu'une brèche s'agrandit peu à peu dans nos services de soins et ne tardera pas à jouer en faveur des ennemis de la République, ces « soldats » de Daesh qui s'en prennent sans scrupule aux civils.

Nos politiques ont trouvé le moyen de nous neutraliser en mobilisant un [service] minimum en temps de grève, mais comme nous sommes toujours en sous effectif tout le monde est réquisitionné !
Sylvie

Plus de moyens, est-ce vraiment la mer à boire ?

Ce que réclament les soignants, en priorité, c'est de quoi faire leur travail correctement ainsi qu'une organisation leur permettant d'optimiser leur efficacité. Car il n'y a pas de miracles ! Comment les « héros » peuvent-ils sauver des vies s'ils sont éreintés et sans ressources ? Nous sommes en sous-effectifs en temps normal et c'est très dur. Aujourd'hui, nous sommes en état d'urgence et avec ça, [il y a] encore plus de travail. Les effectifs se réduisent de plus en plus. Le Ministère est en train d'épuiser le personnel , de le tuer, et les patients avec. Comment va-t-on prendre en charge les victimes quand il n'y aura presque plus de personnel ? s'inquiète Amandine. L'heure des remises en question a donc sonné, puisque ce n'est effectivement pas avec des larmes et des cérémonies qu'on combat la barbarie à laquelle nous sommes aujourd'hui confrontés. Toujours de belles paroles de la part de tous les ministres de la Santé qui se sont succédés. Ils viennent parader dans les hôpitaux, ont une petite larme… de crocodile (...) sans se soucier des conditions de travail. A la fin, trop c'est trop !. Certes saluons le travail des secouristes, des urgences, des blocs opératoires etc... mais (Marisol Touraine) pense-t-elle à tout cela en supprimant tous ces poste et en mettant en place la réforme de groupements hospitaliers ? Que se serait-il passé cette nuit-là (ndrl : du 14 juillet) s'il n'y avait eu plus qu'un ou deux blocs opératoires en fonction au lieu du nombre actuel ? Alors finalement, accorder aux soignants plus de moyens, est-ce vraiment la mer à boire ? Assurément, lorsqu'on a un coiffeur personnel à payer 9 895 brut euros tous les mois...

La reconnaissance et les hommages... ce n'est pas ce qu'on attend des politiciens. Nous voulons de la SÉCURITÉ et des MOYENS!
Roselyne

« Il faut que cela change ! »

Face à cette situation de plus en plus délétère, les soignants ne savent plus vers qui se tourner et comment se faire entendre. Certains ont renoncé, perdant bien plus que l'espoir. Ils y ont laissé la vie , préférant mourir plutôt que tuer. Des infirmiers se suicident ! Est-ce normal ? Rien n'est fait, personne n'entend leur souffrance. Marre de ces c******* qui vivent sur une autre planète !, réagit Eloïse. Contraints de soigner comme des machines et perpétuellement en conflit avec leurs valeurs, les professionnels de santé arrivent à la limite de ce qu'ils peuvent endurer. D'autres s'accordent sur un fait : Il faut que cela change ! Si nous ne montons pas fermement au front nous n'obtiendrons jamais rien. Et si au lieu de se cacher dans les vestiaires pour critiquer les "administratifs", nous allions crier haut et fort notre ras-le-bol dans [leur] bureau ?, suggère Florence, aide-soignante, sur son blog « Soignante en devenir ».

Les politiques.... mais allez donc vous faire f***** ! Vous nous mettez des bâtons dans les roues (...) mais vous venez sourire et faire de beaux et grands discours devant les caméras. Quelle hypocrisie... honte à vous !
Eve

Les infirmiers libéraux eux aussi dédaignés !

Dès leur sortie de l'hôpital, un long périple commence pour les victimes des attentats. Entre thérapies et soutien psychologique, soins de suite, rééducation… tenter de reprendre le cours de leur vie n'est pas sans difficultés et le suivi requiert des mois, voire des années. Pour faire face à « l'après », les personnes touchées, de près ou de loin, peuvent compter notamment sur les IDEL. Infirmière libérale à Nice (...), j'ai passé beaucoup de temps le lendemain (ndrl : de l'attentat) à écouter mes patients et les faire verbaliser. Certains sont passés très très près du camion. Les enfants ont eu très peur, les parents étaient en pleur. C'est une réalité, en libéral on se sent vraiment seule dans ce genre de situation, témoigne Caroline. Seule et dédaignée. Pour nous coller des contrôles de la sécurité sociale, ça marche, mais pour nous encourager dans les moments les plus difficiles, il y a peu de monde. Des propos qui tirent toute leur pertinence des contraintes et difficultés de plus en plus notoires pour ces soignants de proximité. Depuis quelques mois, il ne se passe pas une semaine sans que la profession libérale soit attaquée de toutes parts : déploiement des HAD sans prendre en compte la présence des IDEL sur le terrain, nouvelles modalités de prise en charge des perfusions, vaccination en pharmacie… Voilà qu’aujourd’hui Marisol Touraine décide de réécrire à elle seule la Convention qui lie les infirmières aux Caisses en s’attaquant, pour commencer, aux indemnités kilométriques des consœurs de Savoie, s'indignent les syndicats infirmiers . Tout semble en effet réuni pour décourager les IDEL à prendre en charge leurs patients. A Paris et ailleurs, comme dans toutes les grandes villes, les problèmes de stationnement ne cessent de s'intensifier, rendant leur mobilité très limitée avec une tolérance zéro. Les IDEL sont excédés car avec ou sans caducée leurs voitures sont régulièrement verbalisés ou enlevées. Notons par ailleurs qu'il leur est interdit de stationner sur les emplacements de livraison. En février dernier, le Conseil national de l'Ordre des infirmiers de Paris s'était emparé du sujet, dénonçant un coût conséquent imposé aux IDEL . Celui-ci reviendrait à minimum 900 euros par an et par professionnels. Une mesure jugée invraisemblable lorsqu'on considère à quel point la population a besoin de ces soignants de proximité. Pour une bloggueuse infirmière libérale, le vase est vraiment sur le point de déborder !

22 000 postes en moins et des milliers d'infirmiers en CDD ! Merci pour tous ces beaux cadeaux de remerciements !
Anne-Cécile

Drôle de façon de se montrer reconnaissant...

Il y a quelques mois, suite aux attentats de Paris (voir tous nos articles sur les attentats ), Martin Hirsch avait salué les personnels hospitaliers de l'Assistance Publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP) qui s'étaient mobilisés dans des conditions effroyables. Quelques mois après, pour dignement les « remercier », le directeur général de l'AP-HP leur a « offert » une réforme passée en force, un « 49.3 » en somme. Le 1er Avril 2016, M. Martin Hirsch, a arrêté une nouvelle organisation du travail et des temps de repos pour les personnels avec une application au 1er septembre 2016 au plus tard. La disparition des équipes aux horaires fixes, les roulements d'horaires avec des amplitudes de journée de 6h45 à 21h15 désorganiseront la vie des personnels et de leur famille, sans négociation possible !, témoigne Patricia. La professionnelle du service de radiologie de l'Hôpital Saint Louis a lancé une pétition qui nécessite une mobilisation sans précédent, et pas uniquement du corps (para)médical, car finalement, aujourd'hui, cette situation insupportable ne concerne pas juste les soignants, mais bel et bien tous les Français, qui plus est depuis que la menace terroriste s'intensifie. Alors, si pour une fois la population venait au secours de ses « héros » ?

Après les attentats, le travail et l'attitude des personnels avaient été encensés et reconnus par notre directeur général… Quelques mois plus tard le mépris et le manque de reconnaissance sont clairement affichés.
Patricia

Gwen HIGHT  Journaliste Infirmiers.comgwenaelle.hight@infirmiers.com@gwenhight


Source : infirmiers.com