Petite question par curiosité :
êtes-vous infirmier ?

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AU COEUR DU METIER

Edito - Exercer le métier d'infirmier, oui mais pourquoi ?

Publié le 28/08/2015

C'est bien connu : le métier d'infirmier/infirmière en demande beaucoup à ceux et celles qui l'exercent. Disponibilité, résistance physique, gestion des émotions, vigilance, sens des responsabilités… On exige tant des soignants. Parfois même un peu trop… Pourtant, malgré les difficultés du métier, ils sont toujours plus nombreux à vouloir l'exercer. Mais pour quelle(s) raisons ? Nous avons voulu leur poser la question…

26,9 % des infirmiers ayant obtenu leur diplôme en 2013 exerçaient un autre métier auparavant.

On ne devient pas infirmier par hasard, lance Corinne Lefebvre à ses étudiants. Au fond de vous, vous avez tous une raison d'être assis dans cette salle. Et pour certains, une chose s'est brisée à un moment ou un autre. Une chose que vous souhaitez réparer, panser ou changer.... Forte de ses nombreuses années dans l'enseignement, la cadre formatrice a vu juste. En face d'elle est assise Fabienne. Victime d'un grave accident de la voie publique il y a quelques années,  elle est restée hospitalisée durant plus de 12 mois. Consciente des préoccupations qui affectent les patients, cette ancienne secrétaire de 44 ans s'est promis de passer de l'autre côté en devenant infirmière et en soignant à son tour les victimes de la route. A côté d'elle, Manuel. Le jeune homme de 23 ans a vu son meilleur ami mourir d'une leucémie. Il est parti trop tôt, trop vite, sans pouvoir prononcer ses derniers mots ... Quelle injustice ! Sa colère le motive à exercer un jour en oncologie afin de faire reculer la maladie. Et puis il y a Marine, François et Nadia qui veulent se sentir tout simplement utiles aux autres. Alors effectivement, en règle générale, on ne choisit pas la profession infirmière par hasard...

Une question de choix ou de « vocation » ?

Selon le document de travail « La formation aux professions de santé en 2013 » de la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees), 26,9 % des infirmiers ayant obtenu leur diplôme en 2013 exerçaient un autre métier auparavant. Mauvais choix de carrière ou envie de changement ?

Pour Arlette Janssens, psychologue du travail, il y a deux étapes importantes dans le choix d'un parcours professionnel. La première a lieu à la fin du lycée. Un moment crucial où le futur étudiant doit choisir son orientation. Cette décision se prend souvent sous l'influence des parents, des professeurs ou des conseillers d'orientation, explique la professionnelle. Mais ce choix est-il objectif en tout point  ? Visiblement non. Souvent, vers 40-45 ans, après avoir travaillé 20 ans en entreprise, les personnes ont envie d'associer leur vraie passion à leur métier.  Un désir qu'a ressenti Stéphanie, infirmière en traumatologie. Enfant, je m'amusais à soigner mon frère. J'enroulais sa jambe avec un bandage. Alors, je crois que c'était la suite logique des choses lorsque j'ai abandonné mon poste en marketing pour devenir infirmière. Et pourtant, parmi les infirmiers en exercice depuis plusieurs années, beaucoup perdent leur amour du métier.

Souvent, vers 40-45 ans, après avoir travaillé 20 ans en entreprise, les personnes ont envie d'associer leur vraie passion à leur métier.

« Pourquoi ai-je fait ce choix ? Je ne sais plus... »

Lorsque les infirmiers sont interrogés au sujet de leur choix de carrière, beaucoup avouent avoir oublié - et peut-être même perdu - leur motivation après 10, 20 ou même 5 ans d'exercice (malheureusement). Certains sont même en proie à de sérieux doutes, jusqu'à ce que la mémoire leur revienne... Des fois je me demande pourquoi j'ai choisi ce métier. Quand je vois que la profession n'est pas prise au sérieux et qu'elle est souvent rabaissée. Et puis ne parlons pas des horaires qu'on nous impose afin de pas recruter plus de personnel. Pourtant, au fond de moi, je veux faire ce métier parce que c'est une profession vitale, primordiale. Bien sûr, les gens ne s'en rendent compte qu'une fois qu'ils tombent malades. Mais je veux apporter aux autres, les accompagner, leur redonner le sourire et l'espoir. Et puis parfois, mine de rien, les infirmiers sauvent aussi des vies..., conclut Sanae. Alors finalement l'empathie, le don de soi, l'aspect « humain » et « relationnel » du métier restent les principales raisons de ceux qui l'ont choisi. Mais est-ce vraiment suffisant ?

On ne devient pas infirmier par hasard.

Comment s'assurer d'avoir bien choisi son métier ?

Trouver le métier qui nous correspond n'est pas chose aisée. Encore faut-il bien se connaître et être conscient de ses talents naturels comme de ses limites. Pour Benjamin Duron, cofondateur du site quelmétier.fr, seule une grande connaissance de soi (favorisée par des expériences vécues) et de bonnes questions posées à soi-même permettent de bien choisir sa profession. Mais pas que, car le métier idéal doit avant tout répondre à 3 critères :

  • correspondre à celui qui le choisit ;
  • apporter de la valeur aux autres au point de mériter une rémunération ;
  • requérir des compétences acquises et reconnues.

Le problème se pose lorsque le choix de carrière ne répond pas à l'intégralité de ces trois critères. Beaucoup de personnes n'ont pas trouvé leur profession idéale car elles ne sont pas conscientes de ces éléments. De ce fait, 70 % de la population exerce un métier qui apporte de la valeur aux autres, après s'être formés et avoir acquis des compétences. Toutefois, bien qu'ils soient capables de résoudre des problèmes ou de satisfaire des besoins, leur activité professionnelle ne leur correspond pas. Pour s'assurer d'avoir fait le bon choix, il est donc indispensable de prendre le temps d'identifier ses intérêts et désintérêts, ses goûts et dégoûts, ses motivations et démotivations. Pour certains, l'important est de gagner beaucoup d'argent, voyager ou travailler seul, pour d'autres c'est plutôt de vivre simplement, privilégier la vie de famille ou travailler en équipe. Voilà pourquoi il faut savoir qui on est réellement. Alors, pour les infirmiers qui ne savent plus où ils en sont professionnellement ou qui sont en proie aux doutes, ce petit travail sur soi ne tardera pas à les (re)mettre sur les rails.

Gwen HIGHT  Journaliste Infirmiers.comgwenaelle.hight@infirmiers.com@gwenhight


Source : infirmiers.com