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AU COEUR DU METIER

Ecrire et soigner (partie 1)

Publié le 11/07/2016

Les documentalistes spécialisées en information paramédicale, le SIDOC (Sciences infirmières documentation) ont organisé une manifestation le 11 mai 2016, en partenariat avec la Cité de la santé , pour évoquer la littérature en soins infirmiers. Nous vous proposons, dans une première partie, de planter le décor en abordant les apports du travail des documentalistes en faveur de la diffusion des savoirs infirmiers, dans le cadre notamment des analyses des pratiques professionnelles ou de la recherche scientifique.

Écrire en soins infirmiers est étroitement lié aujourd’hui aux analyses de pratiques professionnelles (APP) et à la recherche scientifique.

Ce premier colloque francilien avait pour objet d’évoquer les formats, les genres, les contours, les enjeux de l’écriture pour le personnel soignant, les étudiants , les équipes pédagogiques et bien sûr, avec les documentalistes, facilitateurs et transmetteurs des savoirs.

De l’illettrisme à la littéracie

Écrire, c’est tout d’abord apprendre. Pour Ferdinand Buisson1, “ On apprend à écrire pour faire connaître sa pensée à autrui lorsque la parole ne peut être entendue de lui, ou pour fixer d’une manière durable, permanente, ce que la parole, fugitive et sans trace, ne peut conserver. Pour être lu, il faut écrire avec netteté, comme pour être entendu, il faut parler avec clarté…”. Pour Roland Barthes2, l’écriture est une fonction, elle est le rapport entre la création et la société, elle est le langage littéraire transformé par sa destination sociale, elle est la forme saisie dans son intention humaine et liée ainsi aux grandes crises de l’Histoire. Écrire, c’est aussi sortir de l’isolement, s’émanciper de l’ignorance, c’est la première chaîne vers l’acquisition des connaissances, du soi vers les autres. Mais écrire n’est pas un acte isolé, il est à considérer dans un vaste ensemble lié à des méta-compétences, comme celle de la maîtrise de l’outil informatique. ce qui nous renvoie aux apprentissages, mais aussi à l’illettrisme3, à la littéracie. En France, 2 500 000 personnes sont en situation d’illettrisme. Sur ces 2 500 000 personnes :

  • La moitié a plus de 45 ans.
  • Plus de la moitié exerce une activité professionnelle.

La littéracie, pour un usage efficace des TIC

La littéracie regroupe l’initiation à l’informatique où des connaissances et des compétences sont nécessaires pour comprendre les technologies de l’information et de la communication (TIC)4, y compris le matériel, le logiciel, les systèmes, les réseaux (locaux et Internet), et tous les autres composants de systèmes informatiques et de télécommunications.

Documentaliste, une tradition contre l’illettrisme

Le rôle des documentalistes est aussi d’accompagner pour lutter contre toute forme d’illettrisme. Ce rôle est historique et remonte au 18è siècle avec Jean Georges Stuber5 (1722-1797). Il a créé l’une des premières bibliothèques de prêt en Europe en luttant contre le désenclavement social des habitants et en organisant des navettes de prêt. Il exerça avant tout la profession de pédagogue pour ouvrir les voies de la connaissance à partir d’une prise en charge culturelle pragmatique (création d’atelier, méthode de lecture et circulation du livre). Prêteurs de livres mais aussi pédagogues, les documentalistes agissent à partir de normes bibliothéconomiques mais aussi à partir des besoins linguistiques du public-apprenant. Du codex6 à Internet, des milliards de pages sont aujourd’hui éditées, de façon formelle ou informelle, respectant les formats académiques.

Contexte professionnel infirmier interdisciplinaire mais culture commune

Du genre littéraire au style engagé, l’écriture prend forme. Nous évoquerons ces genres en soins infirmiers. Écrire en soins infirmiers est étroitement lié aujourd’hui aux analyses de pratiques professionnelles (APP) et à la recherche scientifique. Selon le dictionnaire de l’AMIEC7, les sciences infirmières relèvent d’un “Corps de connaissances qui a pour objet l’étude des soins infirmiers et l’exercice de la profession d’infirmier”. Ce caractère interdisciplinaire justifie pleinement notre activité de passeurs des savoirs dans un contexte interprofessionnel, mais néanmoins représentatif d’une culture donnée. De Léonie Chaptal à Babeth l’AS, l’écriture a été évoquée, lors du Colloque SIDOC du 11 mai 2016, sous divers éclairages, les intervenants ont contribué à enrichir une vaste réflexion portant sur le présent et l’avenir, dans le champ des sciences mais aussi celui de la littérature, de la profession infirmière.

Nous reviendrons en détail sur le déroulement de ce colloque et sur les communications qui y ont été présentées dans un prochain article.

Le SIDoc, propose d’écouter l’intégralité des interventions en podcasts, ainsi que la vidéo de Martin Winckler.

Stéphanie Pisot et Christine Paillard  Sidoc christinepaillard@gmail.com

Notes

  1. BUISSON, Ferdinand. Dictionnaire de pédagogie, 1911. Institut Français de l’Education. Màj 2016.
  2. Degré zéro de l’écriture. Paris : Seuil. 2015
  3. Une personne illettrée a déjà reçu un apprentissage de la lecture mais n’en a pas acquis une maîtrise suffisante pour être autonome. On parle d’analphabétisme pour désigner des personnes qui n’ont jamais été scolarisées. Il s’agit pour elles d’entrer dans un premier niveau d’apprentissage : Agence Nationale de Lutte Contre l’Illettrisme
  4. Forêt Woody Horton, Jr. (États-Unis), expert en gestion de l’information, a contribué à la rédaction d’articles relatifs à l’alphabétisation de l’information et l’apprentissage continu Horton F., Jr., communication personnelle, Décembre, 2004, cité dans le guide de l’Ifla (International Federation of Library Associations) LAU, J. Guidelines on information literacy for lifelong learning [Format Pdf]. 2006.
  5. CHALMEL, Loïc . Jean-Frédéric Oberlin. Strasbourg : Editions Vent d’Est . 2012
  6. Dictionnaire de l’ENSSIB : Le codex est le résultat de l’assemblage de manuscrits, d’abord en parchemin à partir des Ier et IIe siècles dans l’empire romain puis en papier depuis le XIIIe siècle, historiquement issu de la forme ancienne du rouleau et du volumen horizontal. Sa caractéristique principale est la reliure, par leur marge, des feuillets qui le constituent.
  7. Association des amis de l’école internationale d’enseignement infirmier supérieur : Amiec recherche. Dictionnaire des soins infirmiers et de la profession infirmière. Paris : Masson. 2005

Source : infirmiers.com