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INFOS ET ACTUALITES

Dysfonctionnements du système de soins

Publié le 31/12/2008

Un enfant de 3 ans est décédé mercredi à l'hôpital Saint-Vincent-de-Paul (AP-HP) à la suite de l'administration par erreur de chlorure de magnésium et un homme victime d'un malaise cardiaque à Massy (Essonne), est décédé dimanche matin, aux portes de l'hôpital Lariboisière (AP-HP) à Paris, le Samu 91 ayant eu des difficultés à lui trouver une place en réanimation.

Dans un communiqué publié lundi, la Mutualité française demande au gouvernement de "tirer les leçons" de ces deux morts "tragiques".

Pour Jean-Pierre Davant, ces deux drames étaient "évitables" et "illustrent une nouvelle fois la dégradation de la qualité des soins en France". "A force de repousser sans cesse les réformes nécessaires pour moderniser notre système de santé, nous continuerons d'accumuler les accidents dramatiques", commente le président de la Mutualité.

La Mutualité demande au gouvernement d'engager dès 2009 "une vraie modernisation du système de soins français" pour que la "qualité des soins devienne une priorité de la politique de santé".

Pour les urgences, Jean-Pierre Davant recommande "d'établir une vraie coordination entre la médecine de ville et les services hospitaliers", jugeant inacceptable "de ne pas trouver un seul professionnel de santé disponible la nuit [et"> les jours fériés en ville". "La médecine de ville, comme c'est sa mission, doit elle aussi assurer sa part de permanence des soins", commente-t-il.

Il estime en outre que "le secteur hospitalier doit être organisé sur l'ensemble du territoire pour prendre en charge, sans perte de chance, les cas les plus lourds".

LA CFTC DEMANDE L'ORGANISATION D'UN GRENELLE DE LA SANTE

Dans un communiqué publié lundi, la fédération CFTC santé et sociaux a souligné la gravité des faits qui doivent "servir de révélateur et d'avertissement". Elle estime qu'une réflexion de fond doit "rapidement s'engager entre les partenaires sociaux et le ministère de la santé".

Elle souhaite ainsi que soit organisée "dès la première quinzaine de janvier 2009 une sorte de 'grenelle' de la santé". Elle demande à la ministre de prendre le temps d'aborder "concrètement les problèmes liés à la mission de service public de santé, aux conditions de travail des professionnels, à leur formation, à leur reconnaissance, aux effectifs et à l'organisation structurée et régulée de[s"> établissements".

"Pour les professionnels de santé, il est devenu insupportable d'être en permanence montrés du doigt (....) comme étant les principaux responsables du malaise des hôpitaux", poursuit la CFTC. "C'est le moment ou jamais d'apporter de véritables réponses aux problèmes d'organisation du travail [et"> de surcharges tant physiques que psychologiques"

Le Syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes réanimateurs (SNPHAR) a également regretté mardi dans un communiqué de voir "l'hôpital public sous les feux de la rampe pour des problèmes dramatiques", mais a estimé que cela "devait arriver".

La majorité des hôpitaux "se retrouve face à un déficit organisé", les "heures supplémentaires s'accumulent pour le personnel paramédical" et "la transparence organisationnelle n'est toujours pas de mise pour le personnel médical", déplore le SNPHAR.

"Actuellement, le politiquement correct" a pour "volonté de rationaliser le coût des soins et de rentabiliser les hôpitaux", commente l'organisation, estimant que cela s'effectue "aux dépens du personnel" et de "la qualité des soins". "Malheureusement, rien dans la future loi HPST ne peut faire espérer une quelconque amélioration ni une bouffée d'oxygène", déplore-t-elle.

La Coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité regrette dans un communiqué publié mardi que la ministre de la santé nie "toute responsabilité politique".

Elle dénonce la politique actuelle qui "conduit à la dégradation de notre système de soins, limite l'accès aux soins, crée des fractures sanitaires et sociales (...) et remet en cause (...) qualité et sécurité des soins". Estimant que cette politique allait être "aggravée" en 2009 avec le projet HPST, la coordination en demande "le rejet".

L'Union des familles laïques (Ufal) a pour sa part estimé dans un communiqué publié lundi que les décès n'étaient pas liés à "des fautes personnelles" mais à la "désorganisation produite par les coupes que les politiques néolibérales opèrent dans le système de santé". Elle propose de privilégier, dans la répartition des richesses, "les politiques solidaires, à commencer par le système de santé et de protection sociale".

SOUTIEN A L'INFIRMIERE MISE EN EXAMEN

Par ailleurs, les sept organisations syndicales de l'AP-HP ont apporté mardi dans un communiqué commun leur soutien à leur collègue infirmière impliquée dans le décès du petit garçon de trois ans et à l'ensemble de l'équipe du service de pédiatrie de l'hôpital Saint-Vincent-de-Paul. Elles dénoncent la "mise en garde à vue prolongée" de leur collègue.

Ce drame "vient s'inscrire dans un contexte de dégradation des conditions de travail, de suppressions d'emplois et de fermetures de sites", estiment la CFDT, la CFE-CGC, la CFTC, FO, SUD-Santé, l'Unsa, l'Usap-CGT de l'AP-HP dans leur communiqué commun.

Le syndicat Force ouvrière de l'AP-HP a également apporté son soutien à l'infirmière mise en examen, dans un autre communiqué publié à part, et a déploré que la ministre et le président du conseil d'administration de l'AP-HP, Jean-Marie Le Guen, lui fassent porter "la responsabilité de ce qui s'est passé".

Les "véritables responsables sont ceux qui organisent l'asphyxie financière des hôpitaux, la suppression de milliers de postes de personnels [et"> la fermeture de nombreux lits de réanimation", estime le syndicat, pour qui le décès de l'homme victime d'un malaise cardiaque est également la conséquence de cette politique.

"Il est plus que temps, après ces drames, que les autorités ministérielles entendent les innombrables cris d'alarme des syndicats, des personnels et des médecins alternant depuis des semaines et des mois sur la dégradation de la situation des hôpitaux, situation qui va s'aggraver avec la future loi Bachelot", affirme FO.


Source : infirmiers.com