La Journée mondiale de lutte contre la douleur, c’est ce lundi 15 octobre. À cette occasion, l’Académie nationale de médecine a présenté des recommandations pour une meilleure prise en charge des douleurs chroniques. Consolider les structures spécialisées est l'objectif primordial.
En France, environ 22 millions de Français, soit près de 30% de la population adulte souffrent de douleurs chroniques rebelles aux traitements antalgiques conventionnels. Avec la mise en place de plusieurs plans gouvernementaux successifs (1998-2000), (2002-2005), (2006-2010), la France est pourtant l’un des pays pionniers dans la lutte contre la douleur. Mais en raison de la fin de carrière d’une génération de spécialistes engagés dans la création de structures spécialisées douleur chronique (SDC) et d’une relève qui fait défaut, la prise en charge des malades douloureux chroniques est menacée. Malgré un éventail de ressources thérapeutiques, médicamenteuses et non médicamenteuses, la douleur reste négligée et mal traitée. Lors d’une conférence de presse, l’Académie nationale de médecine a présenté un rapport* comprenant des recommandations pour améliorer la prise en charge des douleurs chroniques. Ce rapport est le fruit de trois années de travail et de 13 réunions et consultations.
Il convient tout d’abord de préciser ce qu’est une douleur chronique. La Haute Autorité de Santé (HAS) l’a défini ainsi : une douleur évoluant depuis plus de 6 mois et affectant de façon péjorative le comportement ou le bien-être du patient
. D’après le rapport de l’Académie nationale de médecine, la douleur chronique doit être considérée comme une authentique deuxième maladie
. La grande majorité des malades douloureux chroniques sont pris en charge par les médecins généralistes et spécialistes concernés. Ce n’est que dans les cas de douleurs chroniques rebelles (traitement médicamenteux difficile à équilibrer, syndrome douloureux chronique sévère et complexe, programme de recherche, dossier complexes nécessitant une discussion pluridisciplinaire) que certains patients sont orientés vers les structures spécialisées douleur chronique (SDC). Selon un rapport de la HAS (2008), les malades qui consultent les SDC souffrent majoritairement de lombalgies et sciatalgies (26%), douleurs neuropathiques
(19%), douleurs cancéreuses (17%), céphalées, migraines (12%).
Départs à la retraite, défaut de formation et de succession
Il existe en France, 273 structures spécialisées douleur chronique (SDC). L’activité au sein de ces SDC est de l’ordre de 5000 patients par centre et par an et le délai d’attente moyen pour une consultation est de 3 mois. Le nombre de demandes de consultations ne cessent de croître. Parallèlement, une quinzaine de SDC sont menacées. La raison principale ? Les pionniers vont partir ou sont partis à la retraite et il y a un manque de successeurs
, regrette le Professeur Patrice Queneau, spécialiste en médecine interne et membre de l’Académie nationale de médecine. Le départ à la retraite de médecins, fondateurs de SDC et le risque que ceux-ci ne soient pas remplacés faute de candidats formés à la médecine de la douleur menacent la prise en charge des malades. Il y a seulement 4 professeurs de la douleur qui enseignent en France
, souligne Alain Serrie, chef de service de Médecine de la douleur-Médecine palliative de l’hôpital Lariboisière. Pour une meilleure prise en charge des malades, l’Académie nationale de médecine recommande de consolider l’existence des 273 SDC, de désigner au sein de chaque faculté de médecine, un coordinateur universitaire douleur
, de veiller au renouvellement des équipes des SDC par des médecins ayant reçu une formation spécialisée transversale (FST) Médecine de la douleur
en plus de leur Diplôme d’études spécialisées (DES) d’origine mais aussi d’autres soignants tels que les infirmières, psychologues, physiothérapeutes, ayant bénéficié d’une formation douleur. Le rapport préconise enfin de faciliter l’accès à des formations complémentaires sur les nouvelles approches non médicamenteuses, technologiques, psycho-sociales et le développement de la recherche clinique et fondamentale.
Le soulagement de la douleur devrait être un droit de tout être humain, qu'il soit atteint d'un cancer, d'une infection à VIH/SIDA ou de n'importe quelle autre maladie douloureuse", affirme Sir Michael Bond, président de l'IASP.
Douleurs & cancers : guide prise en charge des douleurs chez les patients atteints de cancer
Il suffit de bien comprendre la douleur pour être sensibilisé et mieux armé pour son combat. Voilà le préambule de cet ouvrage choral coordonné par le Dr Laurent Labrèze, algologue au Centre d'évaluation et de traitement de la douleur (CETD), Institut Bergognié, Bordeaux. Il s'agit avant toute chose d'un ouvrage de formation à destination des professionnels de santé, un guide pratique réalisé par 45 experts dans leur discipline (médecins, pharmaciens, infirmières, psychologues, kinésithérapeutes, hypnothérapeutes, addictologues…), soutenu par la SFETD, l'InCa, la SFAP ou l'AFSOS. C'est un travail pluriprofessionnel complet autour de la douleur des patients atteints de cancer sur 12 mois d'écriture, parce que la douleur du cancer mérite toute notre attention
. 16 chapitres, illustrés et référencés, abordent les différents aspects de la prise en charge de la douleur chez ces patients : épidémiologie actualisée, état des lieux, modèles cliniques, séméiologie, évaluation, outils thérapeutiques, protocoles, cas particuliers avec la pédiatrie, la gériatrie, l'éthique, la fin de vie, l'addictologie et les dépendances, les douleurs ailleurs dans le monde, les associations de patients… Pratiques et didactiques, les différents chapitres, complets et précis, sont ponctués de points clés pour retenir l'essentiel en quelques mots. B. F
"Il n'y a réellement que la douleur qui soit à nous, tout le reste, y compris la joie, est à autrui."
• Douleurs & cancers, Guide de prise en charge des douleurs chez les patients atteints de cancer, coordonné par le Dr Laurent Labrèze, avec le soutien institutionnel de Kyowa Kirin Pharma, Expressions Santé, 2018. Disponible sur demande par mail : contactfrance@kyowakirin.com
*Lire le rapport sur le site de l'Académie nationale de médecine
Inès KheireddineJournaliste infirmiers.com ines.kheireddine@infirmiers.com @Ineskheireddine
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