PARIS, 1er avril 2003 (Reuters Santé) - Il est difficile de rendre l'évaluation de la douleur objective, mais les questionnaires et échelles standardisés ont l'avantage d'être des outils communs de travail au sein d'une équipe pluridisciplinaire et un moyen de comparaison dans le suivi de la douleur d'un patient chronique, selon le Dr François Boureau (hôpital Saint-Antoine, Paris) qui est intervenu le week-end dernier dans le cadre du Forum de la douleur, à Paris.
L'évaluation de la douleur est un champ d'investigation assez vaste. Il s'agit de mesurer l'intensité de la douleur, le retentissement de cette douleur sur la vie de l'individu, les facteurs émotionnels... La sphère de la vie sexuelle doit également être explorée car elle est souvent altérée chez les douloureux chroniques et peu osent en parler.
Cela permet ensuite une prise en charge pluridisciplinaire, à la fois somatique et psycho-sociale. Le patient peut, en effet, bénéficier d'un traitement médicamenteux, d'une "éducation à la douleur" avec des conseils d'hygiène de vie, de séances de relaxation ou d'un suivi psychologique.
"La consultation avec un malade douloureux chronique demande du temps", explique le Dr François Boureau. "Mais il s'agit de traiter un malade, pas une maladie".
Au cours de l'entretien médecin-malade, des questionnaires (ou échelles) standardisés comme le HAD (hospital anxiety depression scale) ou pour les douleurs du rachis, le DRAD (Douleur du rachis : autoquestionnaire de Dallas) permettent de faciliter la relation aux malades. Le malade est alors rendu expert de sa propre douleur.
"Quand un patient est confronté à ces questions, il prend en compte une nouvelle dimension de sa maladie, ce qui le rend actif", commente le Dr Boureau. "On rend visible des aspects nouveaux (incapacités, humeur, problème de motivation), ce qui les aide à modifier leur représentation de la maladie".
Autre intérêt, ces questionnaires sont des instruments de mémoire. "Ils permettent aux médecins de constater, d'une consultation à l'autre, si des progrès ont été réalisés. Il peut être intéressant de rappeler aux patients ce qu'il pensait de sa douleur quelques mois auparavant pour lui faire réaliser un éventuel changement".
Dans le cadre d'une prise en charge par plusieurs professionnels de santé, ces questionnaires sont également des outils de travail communs.
Ce sont également des outils prévisionnels. En particulier, le questionnaire de Dallas a permis de prédire dans 85% des cas, les patients lombalgiques chroniques. Les patients à risque étaient des femmes de plus de 50 ans de classe "4" selon le questionnaire de Dallas, d'autres facteurs de risque associés étant la durée de la lombalgie et l'intensité de la douleur.
Un autre outil simple peut être utilisé en consultation : le schéma des zones douloureuses. "Souvent lorsqu'un patient vient pour une cervicalgie ou une lombalgie, on finit par s'apercevoir, en leur faisant remplir les zones douloureuses, qu'il a mal partout", raconte le Dr Boureau.
Mais ces outils ont leurs limites : il n'existe pas de lien direct entre le score atteint et le choix du traitement antalgique. Par ailleurs, ces tests ne disent rien sur le mécanisme impliqué dans la genèse de la douleur.
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