Petite question par curiosité :
êtes-vous infirmier ?

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HUMOUR

Dictionnaire - humoristique - des nouvelles pathologies à l’usage des infirmiers

Publié le 20/12/2016
Lettre P

Lettre P

Lettre U

Lettre U

Lettres de l

Lettres de l

Lettre E

Lettre E

Lettre A

Lettre A

Lettre L

Lettre L

Quatre années après son premier abécédaire décoiffant , l'infirmier Morisot garde sa verve caustique, réjouissante et inventive... A vous de voir... ou pas... si vous avez quelques-uns des symptômes évoqués dans ces drôles de pathologies dont souffrent aujourd'hui les soignants !

Afin de contribuer à la formation permanente du personnel soignant, Amour, Gloire et Bétadine est heureux de proposer ce modeste dictionnaire, un outil qui - n’en doutons pas - aidera les professionnels à comprendre les nouvelles pathologies induites par un monde aussi moderne qu’impitoyable. La liste n’est bien sûr pas exhaustive ; n’hésitez-donc pas à la compléter en réagissant à cet article. Infirmières, infirmiers, je compte sur vous.

A - Aérophilie chirurgicale. Trouble caractériel où le sujet confond scalpels, bistouris, etc… avec des aéronefs. Phénomène répandu dans certains blocs opératoires lorsque le chirurgien évacue la pression, les instruments ayant alors tendance à voler en direction du (petit) personnel.

Attitude parfois précédée de signes avant-coureurs.

B - Broncho-pneumopathie post-cyclonique. Pathologie de l’infirmier(e) qui vient de se faire « souffler dans les bronches » (mécanisme ventilatoire faisant partie des signes avant-coureurs de l’aérophilie chirurgicale). 

C - Calvitie procédurière. Dégarnissement du crâne très répandu dans l’encadrement administratif ; le sujet - occupé à manier des concepts virtuels, des protocoles éloignés de la réalité - « coupe les cheveux en quatre » afin de justifier son salaire. Habitude très nocive pour le cuir chevelu.

D - Défoliation sous-nombrilaire. Evolution de la pathologie précédente jusqu’à son stade ultime. Certains sujets vont en effet plus loin dans la logique procédurière en coupant aussi les poils pubiens en huit.

E - Endoscopite médicale. Trouble relationnel où le sujet (médecin, en l’occurrence) n’a pas une vision globale de la personne soignée. Concentré sur les pathologies organiques bien plus que sur les visages, il ne reconnaît les gens qu’à l’aspect de leur muqueuse, lorsqu’il pratique une endoscopie. « Ah, mais oui, c’est Mr Duschmoll. Je me disais, j’ai déjà vu ce duodénum quelque part. Vous êtes un peu pâlichon, mon vieux… »

F - Fossilisation néo-arboricole. Phénomène constaté aux urgences, aux consultations externes, etc… lorsque les patients attendent leur tour des heures durant. Le sujet concerné a en effet tendance à « prendre racine » et à faire partie du paysage au bout d’un certain temps. 

G - Grizzlo-mimétisme. Terme associé au mot « grizzly », ursidé d’Amérique du nord particulièrement irascible. Ce syndrome est utilisé dans les cas les plus graves d’hypo abrasion épidermique, sujet traité à la lettre H.

H - Hypo abrasion épidermique. Etat de la peau indiquant que la personne concernée est « mal grattée » et donc de mauvaise humeur. Pathologie très fréquente dans les blocs opératoires où elle favorise l’expression de l’aérophilie chirurgicale (lettre A)

I - Inflammation périnéale post-traumatique. Pathologie causée par le frottement du tissu au niveau de l’entre-jambes, suite à un « remontage de bretelles » et à l’ascension brutale du pantalon qui en découle. Mécanisme très proche de celui traité à la lettre B, bien que de nature différente.

J - Jeu du parking musical. Expression tirée des « chaises musicales » où le but est de prendre la place du voisin, alors qu’il n’y en a pas pour tout le monde. Ce jeu (pervers) aux règles non écrites consiste à proposer un nombre de places de parking légèrement insuffisant pour combler les besoins du personnel. Le dit-personnel, afin de garer sa chariote sans prise de tête, se dépêche donc d’arriver de bonne heure au travail, ce qui est excellent pour la ponctualité et la bonne marche des services.

K - Kleptomanie institutionnelle. Afin que le personnel fasse au quotidien des quarts d’heures, voire des demi-heures supplémentaires, l’institution joue sur la culpabilité des soignants. Elle leur vole ainsi un peu de temps chaque jour en les faisant rester après la durée légale de leur poste, sachant qu’un(e) infirmier(e) ne va pas « abandonner » ses patients et laisser du travail à l’équipe suivante.

L - Logorrhée post-diagnosticaire. La fatigue aidant, à force de manier des diagnostics infirmiers à haute dose, le sujet ne fait plus la différence entre son lieu de travail et son domicile. Au quotidien, il utilisera ainsi des phrases dont la complexité échappera à son entourage.  A table, pour demander le sel, il s’exprimera de la manière suivante : « Je ressens les effets d’un déséquilibre électrolytique et j’aimerais que tu me fasses parvenir le chlorure de sodium situé hors de mon périmètre immédiat. »

M - Météorisme hospitalier. Ambiance lourde, pesante, constatée dans de nombreuses unités de soin, et plus largement dans l’usine à gaz qu’est l’hôpital : les tensions s’accumulent, n’arrivent pas à s’évacuer, et engendrent un climat de flatulence émotionnelle propice à l’apparition du volvulus méningé (lettre V).

N - Néo-caméléonite aiguë. La néo-caméléonite se manifeste lorsque la présence d’un(e) infirmier(e) est obligatoire dans une réunion où personne ne lui demande son avis ; le professionnel tend alors à se fondre dans le décor et à devenir transparent. Mécanisme très proche du syndrome de la potiche.

O - Oursinite budgétaire. Le nom de cette pathologie vient de l’expression « avoir un oursin dans la poche », situation empêchant la personne concernée d’avoir accès à son portefeuille et donc de dépenser son argent. Appliquée à l’hôpital, l’OB a un impact direct sur le budget de fonctionnement des services. Elle est toutefois sélective et - si elle freine l’envoi en formation ou l’embauche de remplaçants - elle permet certaines dépenses annexes telles que payer des gens pour effectuer d’obscures « misions transversales », voire de creuser une piscine dans le jardin attenant la maison de fonction du directeur. Plouf.

P - Phobie pseudo-catapultaire. A force d’être payé avec un lance-pierres, le sujet développe une aversion pour les engins envoyant des projectiles par le biais d’un mécanisme à brusque détente. Les personnes touchées sont ainsi incapables de visionner un film comportant des scènes de bataille où les châteaux sont assiégés à l’aide de catapultes. 

Q - Quinte de toux. Réaction incoercible (et récurrente) lorsqu’on voit ce que le lance-pierres vient de nous envoyer.

R - Raideur matinale cérébro-postérieure. Etat de vigilance diminué dans un contexte de fatigue corporelle et psychique récurrente. Le sujet, surtout s’il vient de travailler la veille au soir et doit se lever de bonne heure le lendemain, a ce qu’on appelle « la tête dans le c… ». 

S - Syndrome festif conflictuel. Tensions internes récurrentes apparaissant lorsqu’il faut déterminer qui travaillera pour Noël ou Jour de l’An. Le problème se règle en fait selon des critères (subtils) propres à chaque service.

  • Postes effectués l’année précédente.
  • Ancienneté.
  • Si l’on est une grande gueule ou pas.
  • La relation entretenue avec la hiérarchie...

T - Tergiversite ondulatoire. Indécision pathologique propre à certains cadres soucieux de ne mécontenter personne. La tergiversite est très appréciée par les grandes gueules évoquées à la lettre précédente, car elle leur permet d’arriver à leurs fins de manière beaucoup plus efficace.

U - Urticaire péri-caroténoïde. Réaction d’un sujet qui multiplie les contrats à durée déterminée (en espérant une titularisation qui ne vient pas) ; à la longue, il ne supporte plus d’être traité comme un âne guidé par une carotte, et finit par développer une violente allergie à ce tubercule. On conseillera aux personnes touchées d’éviter les rayons fruits et légumes des supermarchés, ainsi que la fréquentation des marchés en plein air.    

V - Volvulus méningé. Bride cérébrale apparaissant chez les personnes habituées à se faire des « nœuds au cerveau ». Dans les cas les plus graves, cela peut conduire à la constipation cérébrale, voie royale menant à la calvitie procédurière (lettre C).

W - Westernite juvénile. Comportement où les soignants (médecins ou infirmiers) sont versés dans la toute-puissance ; grisés par la technique, friands d’adrénaline, ils travaillent avec l’enthousiasme d’un cow-boy et la finesse relationnelle d’un mécanicien discutant avec un embrayage défectueux. Cette pathologie se rencontre parfois dans (certains !) services où l’action prime sur tout (urgences, SAMU, bloc opératoire…). Notons que la westernite est l’exacte opposée de la branlose neuronale, affection où les professionnels essayent de donner du sens à une activité riche en réunions et en débats contradictoires. Il semblerait que (certains !) services de psychiatrie (entre autres) favoriseraient le phénomène. Bon, j’en vois qui commencent à me détester ; on se calme, les p’tits loups. Un peu d’autodérision, que diable...

X - Xérophilie hospitalière. Un(e) infirmier(e) devient volontiers xérophile (à l’image des plantes adaptées à la sécheresse) car bien souvent il n’a pas le temps de s’hydrater comme il faudrait. Son organisme s’adapte donc au milieu hostile dans lequel il évolue et se satisfait d’un apport hydrique minimal. Cela dit, ça tombe bien car il n’a pas le temps non plus d’aller aux toilettes.

Y - Yuccalose aigüe. Allergie au Yucca (plante ligneuse d’Amérique Centrale parfaitement adaptée à la sécheresse) ; le sujet ne supporte plus cette plante car elle illustre trop bien la restriction hydrique qu’il doit supporter au quotidien. Bon, d’accord, c’est un peu tiré par les poils du derrière. Mais je voudrais bien vous y voir ; allez donc trouver une pathologie à la c.. avec la lettre Y...

Z - Zigzagite résiduelle. Trouble fonctionnel induit par les « missions transversales » évoquées à la lettre O. Le sujet, habitué à faire un travail flou à la finalité incertaine, adopte la même attitude au quotidien. Il sera ainsi incapable d’acheter une simple baguette de pain ; il se perdra en allant à la boutique toute proche, et passera la journée à compter les pigeons sur la grand’ place, comparer l’heure de l’horloge publique avec celle de sa montre, observer les  nuages, estimer la vitesse du vent...

Par contre, il ramènera le soir une foule d’informations précieuses qu’il notera dans le dossier « boulangerie » prévu à cet effet. 

Didier MORISOT  Infirmier didier.morisot@laposte.fr


Source : infirmiers.com