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Diabète : les nouveaux outils aident "mais on aura toujours besoin de professionnels formés"

Publié le 07/10/2019
Diabète : les nouveaux outils aident

Diabète : les nouveaux outils aident

Le diabète reste un enjeu de santé publique en France comme dans beaucoup de pays développés. Face à l’évolution de la maladie beaucoup de patients sont traités par insulinothérapie censée mimer au mieux la production d’insuline de l’organisme. Cependant, même avec les progrès technologiques, rien ne remplace l’éducation thérapeutique et le suivi personnalisé du patient. Tous les professionnels de santé ont un rôle à jouer dans cette prise en charge globale et les infirmiers sont en première ligne pour le faire.

Si l’incidence du diabète de type II a baissé d’après le dernier bilan de Santé publique France, celle du diabète de type I a augmentée, or il a pour seule alternative, l’insulinothérapie.

Si le nombre de nouveaux cas par an de diabète de type II a baissé en France selon les dernières données de Santé publique France , l’incidence du diabète de type I, quant à elle, est en hausse de 3,4% par an en moyenne. Dans notre pays, sur 25 ans l’incidence a grimpé de 7,4 en 1988 à 18 en 2013, spécifie le Dr Nadia Tubiana-Rufi, diabétologue pédiatre à l’hôpital Robert Debré (AP-HP). Apparemment, il se déclare même de plus en plus précocement  l’incidence est deux fois plus élevée chez les enfants de moins de 5 ans, précise la spécialiste. Or, la pathologie est plus difficile à prendre en charge chez des patients aussi jeunes, surtout que pour les diabétiques de type I il n’existe qu’un seul traitement possible : l’insulinothérapie. Ce point était précisément abordé lors d’un focus sur le diabète et ses nouvelles pratiques organisé le 1er octobre dernier à la Maison des Centraliens par le Groupe Profession Santé.

Le diabète chez l’enfant présente des spécificités notamment chez l’enfant prépubère, explique la diabétologue. En effet, les risques d’hypoglycémie sont plus importants, la glycémie est plus instable ce qui peut nuire au développement cérébral. D’autre part, les besoins en insuline la nuit sont faibles, pour moi, seul la pompe permet le bon ajustement, argumente la spécialiste. Pour les adolescents aussi ce n’est pas facile. Pour eux, c’est trop de contraintes. Ils veulent vivre dans le présent, il leur est compliqué de se projeter dans l’avenir.

Nos métiers restent manuels à mon sens. Un patient il faut l’examiner, le connaître, le toucher. Après on connait ses craintes, on sait comment il fonctionne.

Les innovations technologiques : un outil mais pas la panacée

Si bien évidemment aujourd’hui, les innovations technologiques comme les pompes connectées peuvent s’avérer une aide précieuse pour les personnes diabétiques comme pour les professionnels de santé qui les suivent, elles ne font pas tout. On aura toujours besoin d’experts compétents pour former à leur tour les patients, martèle la pédiatre.

Un avis partagé par Philippe Laumonier, médecin généraliste à Montreuil sur Mer et par Claire Desforges, de la Fédération française des diabétiques. Les nouveaux outils nous permettrons de mieux communiquer, de mieux faire passer les messages. Nos métiers restent manuels à mon sens. Un patient il faut l’examiner, le connaître, le toucher. Après on connait ses craintes, on sait comment il fonctionne, renchérit le praticien. Un outil mis entre les mains d’un patient ne doit que renforcer le lien d’échange avec les professionnels de santé, adhère Claire Desforges.

Le passage a l’insulinothérapie, c’est une épreuve pour les diabétiques de type II

L’étape difficile du passage à l’insulinothérapie pour un diabétique de type II

Quant aux diabétiques de type II, la pathologie étant évolutive, eux aussi, peuvent se retrouver sous insulinothérapie. Il y a deux grands moments dans la vie d’un diabétique : le moment où il apprend qu’il est malade et celui où il apprend qu’il doit passer à l’insuline, informe le Dr Bernadette Dijoux endocrinologue et diabétologue. D’ailleurs, selon elle, les médecins redoutent aussi ce passage à l’insulinothérapie. Mais pour quelles raisons ? Par manque de temps pour expliquer correctement au patient en quoi cela consiste, parce qu’ils ont des doutes quant à l’observance, et surtout par crainte des hypoglycémies, précise le Dr Dijoux. Du coût, constate-t-elle on arrive à une certaine inertie : 39% des médecins attendent 6 mois avant de passer à l’insuline et 59% un an.

Toutefois, le plus souvent c’est le patient lui-même qui est récalcitrant : le mot qui revient le plus, quand on parle de traitement à l’insuline aux principaux intéressés c’est : contraignant, souligne la praticienne qui a réalisé une petite enquête auprès de plus de 40 patients pour connaître leur ressenti sur le sujet. Ils ont l’impression d’être en échec, de culpabiliser. L’idée de dépendance leur est également difficilement supportable, détaille-t-elle. La peur des injections et de la douleur associée a aussi été rapportée. Selon la praticienne, il est nécessaire de dédramatiser la situation il faut expliquer au patient que l’insuline c’est efficace, que le diabète engendre de nombreuses complications et lesquelles, et surtout que ce n’est pas de leur faute, si la maladie a évolué ils ne sont pas responsables.

D’où l’importance de faciliter au mieux ce passage à l’insulinothérapie via l’éducation thérapeutiqueCela implique de travailler tous ensemble, notamment avec les infirmiers en ville comme dans les structures. Ce serait peut-être plus simple avec les maisons de santé pluridisciplinaires où nous serions plus proches des généralistes et des soignants, suppose le Dr Dijoux.

C’est d’ailleurs ce que la spécialiste tente de mettre en place via l’Institut diabète et Nutrition du centre (IDNC) à Mainvilliers où elle travaille. Des personnes atteintes de diabète viennent y passer trois semaines afin d’apprendre à gérer au mieux leur maladie et leur traitement à l’insuline dans la vie quotidienne. Autour d’elles se regroupent bien sûr des diabétologues mais aussi une vingtaine d’infirmiers dont certains formés à la sophrologie ou à l’hypnose et plusieurs diététiciens. Pompes à insuline, adaptation des doses, choix des lecteurs glycémiques… Divers ateliers sont organisés pour parvenir à cet objectif. Par exemple, tous les jours pendant trois semaines, le patient réfléchit avec l’aide de l’infirmier à la dose qu’il doit s’injecter et quand il doit le faire, raconte l’endocrinologue.

Ce serait une bonne chose de mettre en rapport tous les acteurs impliqués qui sont sur un même site pour tous travailler ensemble. Je suis généraliste, je travaille avec les IDEL à proximité.

Travailler en réseau autour des patients diabétiques

Pour le Dr Laumonier aussi il est essentiel de travailler en réseauIl faut se recentrer autour du patient. Il est nécessaire de pouvoir déléguer. Le patient doit être en mesure de trouver le bon interlocuteur au bon moment pour une meilleure prise en charge. Cela peut être un infirmier car la problématique c’est que l’on manque de temps comme avec le patient. Selon le généraliste il est primordial de parler et d’échanger tous ensemble. De fait, ce serait une bonne chose de mettre en rapport tous les acteurs impliqués qui sont sur un même site. Je suis généraliste, je travaille avec les IDEL à proximité. Permettre au patient d’avoir le bon intervenant selon ce qu’il demande s’avérera un gain de temps et surtout valorisera le travail de tout le monde, souligne-t-il.

Annie Vannier, cadre de santé diététicienne et présidente de la SFD Paramédical approuve : L’amélioration de la prise en charge est notre mission première et pour cela il faut s’appuyer sur tous les acteurs de proximité. Par exemple, une expérience a été mise en place récemment chez nous, au Creusot, où des infirmiers libéraux font de la télé-expertise pour optimiser la prise en charge de plaies des patients diabétiques. Il y a déjà les IDEL mais bientôt les IPA pourront aussi entrer en action. Un point de vue partagé par Claire Desforges qui revendique plus de liberté pour les soignants pour assurer aux patients un suivi plus personnalisé.

Pour en savoir plus :

Roxane Curtet Journaliste infirmiers.com roxane.curtet@infirmiers.com  @roxane0706


Source : infirmiers.com