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PUERICULTRICE

Diabète gestationnel : quid des risques pour la mère et l'enfant ?

Publié le 02/03/2017

Afin d’évaluer avec précision les effets du diabète pendant la grossesse, la Caisse nationale de l’Assurance Maladie des travailleurs salariés (Cnamts) et des équipes de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris - services de néonatalogie à l’hôpital Armand Trousseau et de diabétologie et d’obstétrique à l’hôpital Pitié-Salpêtrière - ont mené une étude en utilisant des données sur la mère et sur l’enfant. Une première à l’échelle nationale…

28 % des femmes avec un diabète gestationnel accouchent par césarienne.

796 000 accouchements en France en 2012 ont ainsi fait l’objet d’une analyse poussée à partir des bases d’informations du PMSI1 et du Sniiram2. L’étude, publiée dans la revue Diabetologia3 jeudi 16 février 2017, recense 7 femmes sur 100 chez qui un diabète a été diagnostiqué durant la grossesse en 2012, un taux comparable à celui d’autres pays européens. Le diabète diagnostiqué durant la grossesse recouvre des formes différentes : il peut s’agir d’un diabète réellement apparu au cours de la grossesse, généralement au deuxième trimestre, et disparaissant dans le post-partum4 , avec un risque de développer un diabète de type 2 plus tard dans la vie. Ou cela peut être un diabète antérieur à la grossesse (en grande majorité de type 2) mais méconnu jusque-là, découvert à l'occasion de la grossesse et persistant donc après l'accouchement. C’est pourquoi, à partir des cas de diabète identifiés dans l’étude, un sous-groupe a été constitué en excluant les femmes dont le diabète a duré plusieurs mois après la période de post partum. La création de ce sous-groupe a ainsi permis d’obtenir des résultats fiables concernant les complications du diabète dit de grossesse.

Le diabète gestationnel multiplie par deux les risques de pré-éclampsie.

Des risques accrus de complications pour la mère et son enfant à la naissance, en particulier s'il est sévère5

L’étude de la Cnamts et de l’AP-HP confirme que les femmes ayant développé un diabète durant leur grossesse ont un risque accru de complications périnatales par rapport à celles sans diabète : les mères avec un diabète gestationnel accouchent par césarienne dans près de 28 % des cas, versus 20 % des femmes sans diabète. Les accouchements prématurés surviennent chez 8 % des femmes ayant un diabète gestationnel contre 6 % des femmes sans diabète. La pré-éclampsie6 apparaît chez 2 % des femmes avec un diabète gestationnel versus 1 % des femmes sans diabète. Pour le bébé, le risque de malformations cardiaques à la naissance est 1,2 fois plus élevé que celui observé chez une femme qui a une grossesse sans diabète. De plus, l’étude montre que la fréquence des complications s’accroît encore lorsque le diabète est sévère, nécessitant le recours à l’insuline7 : dans ce cas, un tiers des accouchements se fait par césarienne et 9 % survient prématurément. Enfin, les nouveau-nés ont un risque multiplié par 2 d’avoir un poids de naissance particulièrement élevé.

Le dépistage du diabète gestationnel : qui est concerné ?

L’étude de la Cnamts et de l’AP-HP permet de souligner l’importance du dépistage du diabète pendant la grossesse tel que recommandé actuellement par le Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français (CNGOF) chez les femmes qui présentent des facteurs de risque comme un surpoids, une obésité, un âge supérieur à 35 ans, des antécédents familiaux de diabète, des antécédents obstétricaux de diabète gestationnel, etc. Cette maladie est susceptible de toucher un nombre croissant de femmes en raison de l’augmentation de la prévalence du surpoids et de l’obésité12 ainsi que du recul de l’âge de la maternité13, autant de facteurs de risques de développer un diabète durant la grossesse. Un dépistage précoce14, un suivi rigoureux du traitement diététique et/ou de l’insulinothérapie15 limitent les complications pour la mère et l’enfant.

A propos de l’étude de la Cnamts et de l’AP-HP

Cette étude a pu être réalisée grâce à l’utilisation d’outils statistiques puissants que sont l’ensemble des bases de données anonymes médicales hospitalières (PMSI) et la base de données anonymes sur les remboursements de soins des patients (Sniiram). Un travail d’analyse minutieux a permis d’identifier les femmes enceintes diabétiques et parmi elles, de différencier celles qui ont un diabète antérieur à la grossesse de celles qui ont développé un diabète au cours de la grossesse. Depuis 2012, le chaînage des informations de santé de la mère et de l’enfant ont été rendues possibles par l’enregistrement d’une variable spécifique dans le PMSI rattachée à la mère et à son enfant. Ce procédé ouvre de nouvelles opportunités d’études, permettant notamment d’analyser les effets indésirables de médicaments chez les femmes qui y sont exposées durant leur grossesse.

Anne-Cécile Bard & Marine Leroy   Service de presse de l'AP-HP

Notes

  1. Programme de Médicalisation des Systèmes d'Information
  2. Système national d'information inter-régimes de l'Assurance maladie
  3. Revue de l’Association européenne pour l’étude du diabète (European Association for the Study of Diabetes – EASD)
  4. Période qui débute après l'accouchement et se termine avec l'apparition des règles
  5. Le diabète gestationnel est considéré comme étant sévère lorsqu’il nécessite la prise d’insuline
  6. La pré-éclampsie est une pathologie de la grossesse caractérisée par une élévation de la pression artérielle se produisant au plus tôt au milieu du second trimestre. Elle s’accompagne d’une élévation de la quantité de protéines présente dans les urines. La maladie peut également survenir plus tardivement, peu de temps avant l'accouchement ou parfois même après (postpartum).
  7. 26,82% des femmes avec un diabète gestationnel étaient sous insulinothérapie en France en 2012
  8. Nombre de femmes sans diabète : 729 105
  9. Nombre de femmes avec un diabète gestationnel : 56 007
  10. Nombre de femmes avec un diabète gestationnel sous insulinothérapie : 15 024
  11. Poids de naissance situé dans les 10 % des valeurs les plus élevées retrouvées chez les nouveau-nés de même âge gestationnel
  12. En 2012, la prévalence de l’obésité chez les adultes est de 15 % (± 0,4%). Elle était de 14,5% en 2009, de 13,1% en 2006, de 11,9% en 2003, de 10,1% en 2000 et de 8,5% en 1997. La prévalence de l’obésité a augmenté quel que soit le sexe. Mais l’augmentation relative de la prévalence de l’obésité entre 1997 et 2012 est plus importante chez la femme (+89,2%) que chez l’homme (+62,5%). Le pourcentage des Français sans surpoids est passé de 62% en 1997 à 53% en 2012. Source : ObÉpi 2012
  13. Source Ined
  14. http://www.sfdiabete.org/ - http://www.em-consulte.com/
  15. Un traitement médicamenteux n’est pas systématiquement mis en place

Source : infirmiers.com