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GRANDS DOSSIERS

Des gants chirurgicaux capables de réduire le risque d'accident d'exposition au sang

Publié le 03/10/2018

L'efficacité des premiers gants chirurgicaux doués d'un effet de "protection dynamique" contre la contamination par les virus de l'hépatite C (VHC) et de l'immunodéficience humaine (VIH) en cas de contact avec des liquides biologiques, vient d'être mise en évidence dans un essai clinique français, a annoncé leur concepteur Hutchinson Santé.

Les tests de simulation d'accident percutané se sont révélés particulièrement probants avec cette nouvelle génération de gants.

En France, on estime à 150.000 le nombre d'accidents d'exposition au sang (AES) survenant chaque année dans les établissements de soins, dans les cabinets médicaux ou au domicile des patients. Ils sont inhérents à l'utilisation d'aiguilles ou d'objets coupants et exposent les personnels de soins à un risque d'infections graves, voire mortelles, causées par des agents pathogènes présents dans le sang, les plus dangereux étant le VIH, le VHB et le VHC.

Grâce à une politique volontariste, la fréquence des AES a été divisée par quatre depuis 1989. Mais la situation reste encore très préoccupante dans certains secteurs, notamment au bloc opératoire, selon les données du Groupe d'étude sur le risque d'exposition ses soignants (Geres).

Travaillant depuis 10 ans à leur élaboration, Hutchinson Santé a présenté jeudi à la presse les gants G-VIR, qui viennent de franchir avec succès les diverses étapes d'un essai clinique mené auprès d'une centaine de chirurgiens. L'innovation de ce gant réside dans son mode d'action mécanique, véritable barrière mécanique vis-à-vis de tout liquide biologique. "Matériau sandwich à trois couches", selon la description du Dr Pierre Hoerner, chef du projet Hutchinson Santé, le gant est composé de deux couches en caoutchouc qui entourent une couche intermédiaire renfermant des réservoirs remplis de désinfectant. Mélange de biguanides et d'ammoniums quaternaires, ce produit, extrêmement rapide à agir, rend les virus inactifs en modifiant leur enveloppe.

En cas de perforation du gant, l'aiguille est immobilisée par la couche externe, particulièrement résistante. La pression que cette couche génère est telle qu'elle casse les parois de la couche intermédiaire et provoque la concentration des gouttes de désinfectant. Lorsque enfin la couche externe rompt sous l'aiguille, l'agent désinfectant est expulsé et recouvre la pointe et le méat de l'aiguille infectée. Les tests de simulation d'accident percutané se sont révélés particulièrement probants, s'est félicité le Dr Hoerner, précisant que la charge virale transmise était réduite de 80% par rapport à des gants classiques d'épaisseur similaire.

En outre, des tests de simulation d'accidents cutanés, qui doivent prochainement faire l'objet d'une publication, ont mis en évidence une meilleure imperméabilité lors d'un contact entre la peau du chirurgien et le liquide biologique du patient. De par son maillage et son processus de fabrication, le gant G-VIR est naturellement plus étanche qu'un gant chirurgical classique. Et en cas de micro perforation, la présence de l'agent désinfectant limite considérablement le passage des germes. Chirurgien viscéral au centre hospitalier Lyon Sud, le Pr Jean-Louis Caillot est l'un des premiers à avoir testé ce gant dans des conditions réelles d'utilisation. D'enfilage facile, résistant, agréable, ce gant n'a provoqué aucune allergie ou intolérance chez l'ensemble des praticiens à l'avoir testé, a-t-il indiqué. S'il provoque une légère perte de sensibilité tactile, celle-ci est toutefois très acceptable. "J'ai longtemps opéré en monogantage. Je n'ai ressenti aucun changement de tactilité et de perception avec le gant G-VIR", a-t-il témoigné. Seul défaut : son prix, reconnaît le Dr Hoerner. Cinq fois plus cher qu'un gant classique, dix fois plus qu'un double gantage en latex, son coût varie de 7,5 à 9,5 € par paire. C'est pourquoi "l'utilisation de ces gants doit être réservée aux situations à risque", telles que la chirurgie oesophagienne et rectale, la chirurgie obstétricale et gynécologique, ainsi que la chirurgie de la paroi abdominale, responsable de 75% des accidents d'exposition au sang.

Des essais évaluant l'efficacité du gant à réduire la transmission de virus de l'herpès lors d'un AES sont actuellement en cours. Les résultats d'une autre étude sur leur perméabilité à ce même virus et à des bactéries (dont le staphylocoque doré) devraient par ailleurs être publiés cette année, a indiqué le Dr Hoerner. Interrogé sur la possibilité d'étendre l'offre de ce produit à d'autres corps de métiers, comme la police ou les pompiers, il a indiqué que cette éventualité était envisagée.

Rédaction Infirmiers.com


Source : infirmiers.com