Deux enquêtes menées dans des hôpitaux français et présentées en début de semaine dernière aux Journées nationales d'infectiologie à Nice, soulignent la nécessité de relancer la démarche d'évaluation et de correction des risques d'exposition au VIH pour les personnels de soins.
La première étude a permis à l'infirmière Sylvie Bethan et ses collègues de l'hôpital Charles Nicolle de Rouen de constater des situations inadaptées dans l'accueil et les soins des patients infectés par le VIH. Ils ont pu objectiver ces dysfonctionnements en analysant les données recueillies, par l'intermédiaire d'un questionnaire, auprès d'une centaine de personnels paramédicaux des services de chirurgie, de médecine et des urgences.
Si 84 % des personnels se sentent concernés par le VIH et si l'infection au VIH suscite peur et angoisse chez 70 % d'entre eux, seulement 36 % considèrent le VIH comme une infection contagieuse.
"L'infection à VIH, et les modes de contamination dans certaines situations ne sont pas intégrés", constatent les auteurs. Il existe en outre "une méconnaissance des mesures de protection et une dérive dans la surprotection".
Ainsi, 31 % utilisent des doubles gants, 41 % des surblouses, 45 % pensent qu'il est nécessaire d'identifier spécifiquement les patients, 28 % les prélèvements.
LE NOMBRE D'AES AUGMENTE À NOUVEAU DEPUIS DEUX ANS A BICHAT
A l'hôpital Bichat-Claude Bernard, le Dr Dominique Abiteboul et ses collègues ont quant à eux observé une augmentation du nombre d'accidents d'exposition au sang (AES) depuis deux ans, malgré la présence d'un dispositif de gestion des risques liés aux AES depuis 1990.
Cette initiative -associant la surveillance, la prévention et la prise en charge des AES- avait permis de diminuer de plus de moitié le nombre d'accidents percutanés entre 1994 (353 cas) et 2001 (160 cas). L'amélioration portait essentiellement sur les piqûres lors des gestes intravasculaires, avec une diminution de plus 75 % chez les infirmiers, notent les chercheurs.
Mais ces piqûres lors de gestes intravasculaires augmentent de nouveau pour la deuxième année consécutive (19 en 2001, 32 en 2002, 43 en 2003), comme les piqûres lors d'injections sous-cutanées (dans 25% des cas avec des stylos à insuline), moins à risque (24 en 1999, 38 en 2003).
"Les actions, initiées en 1990, ont permis, sur une dizaine d'années, de maîtriser les accidents les plus dangereux, mais les accidents évitables restent encore nombreux, de l'ordre d'un sur trois", expliquent les chercheurs.
D'où la nécessité de mener une action sur la durée avec une approche pluridisciplinaire./arg/mr
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