Le vieillissement à lui seul n’est pas une cause de dénutrition. Avec l’avancée en âge, la masse musculaire diminue progressivement et involontairement, les muscles squelettiques perdent jusqu’à 20 à 35% de leur poids entre 20 et 80 ans.
Ce vieillissement naturel, additionné à la diminution de l’activité physique et à la survenue de maladies peuvent être responsables d’un état appelé "sarcopénie". Aujourd’hui, celle-ci est considérée comme un marqueur de vulnérabilité chez la personne âgée.
"Plus elle est importante, plus le sujet est fragile. D’après la classification NHANES III, 59% des femmes de plus de 60 ans, et 45% des hommes souffrent de sarcopénie, qui peut devenir sévère dans respectivement 10% et 7% des cas. Pour 35% des personnes de plus de 60 ans, elle représente ainsi un risque de handicap et de dépendance", indique le Pr Lesourd.
Selon lui, les conséquences de la sarcopénie sont nombreuses. "C’est la plus grande cause de chute chez les personnes âgées. Souvent accompagnée de l’ostéoporose, elle favorise les fractures. De plus, cette diminution de la masse musculaire sensibilise les seniors au stress et aux agressions comme les infections".
"La masse musculaire constitue notre réserve protéique, toute agression consomme des protéines. Chez le sujet sarcopénique, la moindre agression peut entraîner une véritable fonte musculaire. C’est pourquoi, les besoins nutritionnels des seniors sont spécifiques, propres en énergie, protéines, vitamines et calcium et ne correspondent pas aux apports recommandés évalués pour la population générale c’est-à-dire des adultes en bonne santé", poursuit-il.
Parallèlement, une anorexie d’étiologie multiple et complexe peut s'installer. "En effet, commente le spécialiste, le vieillissement des sens s’accompagne d’une modification du goût, souvent aggravée par la prise de médicaments". La détérioration de l’odorat et de la vue, s’ajoute à la sensation que les "aliments n’ont pas de goût".
En outre, la dégradation de la denture ou de l’état gingival peut être l'une des causes de la perte de l’appétence, fait-il observer. De fait, les problèmes bucco-dentaires conduisent souvent les seniors vers une alimentation monotone, mal équilibrée et peu appétissante.
De plus, la muqueuse digestive a tendance à s’atrophier avec l’âge, et le transit intestinal se ralentit. Toutes les maladies du tube digestif sont plus fréquentes à cet âge et représentent un handicap supplémentaire à la bonne nutrition.
La consommation souvent abondante de médicaments en début de repas est une source supplémentaire d’anorexie. "Nombreux sont les médicaments qui modifient le goût et diminuent la salivation", reconnaît le Pr Lesourd.
Enfin, toute pathologie grave est à risque de dénutrition. L’hospitalisation est en soi une cause de dénutrition, indépendamment de la maladie qui motive l’hospitalisation, c’est aussi le cas en institution.
"Les agressions qu’elles soient d’origines infectieuses, traumatiques ou inflammatoires, grèvent les dépenses énergétiques, puisent dans les réserves et la masse musculaire et exposent encore plus les seniors à la dénutrition. Un véritable cercle vicieux s’installe entre pathologies et dénutrition", explique le médecin.
Le diagnostic de la dénutrition est pourtant facile, souligne-t-il. "Un simple regard sur la personne signale une amyotrophie : des vêtements trop grands, des bagues ou un bracelet qui flottent, la sensation de peau sur les os, une peau blanche sèche et squameuse déshydratée qui garde le pli sont autant de signes qui ne trompent pas un regard averti", conclut-il./ajr
INFOS ET ACTUALITES
Dénutrition des plus de 60 ans : des causes multiples
Publié le 13/03/2006
- 0 RéactionsCommenter
- Partager sur Facebook
Facebook
- Partager sur X
X
- Partager sur Linkedin
Linkedin
- Partager par mail
Mail
- 0 RéactionsCommenter
- Partager sur Facebook
Facebook
- Partager sur X
X
- Partager sur Linkedin
Linkedin
- Partager par mail
Mail
Source : infirmiers.com
HOSPITALISATION A DOMICILE
Un flash sécurité patient sur les évènements indésirables associés aux soins en HAD
THÉRAPIES COMPLÉMENTAIRES
Hypnose, méditation : la révolution silencieuse
RECRUTEMENT
Pénurie d'infirmiers : où en est-on ?
RISQUES PROFESSIONNELS
Accidents avec exposition au sang : s'informer, prévenir, réagir