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Démographie médicale : un problème de paperasse ?

Publié le 20/12/2010
 espace emploi infirmiers.com emploi soignant

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Sur le site EMPLOI Soignant, un article sur l'Atlas de la démographie médicale (Atlas de la démographie médicale : précieux, mais incomplet) a attiré l'attention de Paul Lemeut, médecin généraliste, qui a quitté l'exercice libéral pour devenir médecin salarié en EHPAD (Établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes).

Voici ce qu'il écrit :

" Je viens de lire votre article avec lequel je suis partiellement d'accord. Les choix de vie sont sans doute prédominants mais les contraintes "administratives"  viennent souvent au premier plan dans les études, quelles portent sur les motifs de non installation des remplaçants ou les motifs de départs des reconvertis. La critique du modèle issu de 1927 est aussi très présente (mais je vient de voir que le CISS et la FNATH actaient ces principes).

Les raisons sont de faits nombreuses mais le résultat est là, l'attractivité est médiocre, et les politiques ne semblent pas en prendre vraiment conscience. La coercition aura ses limites compte-tenu de la polyvalence du métier et les apports étrangers ne suffiront sans doute pas.

J'ai comme vous noté que l'on est passé de la médecine générale à la médecine de proximité (à noter que X. Bertrand vient de parler de l'HAD de premier recours! Ce sujet m'intéresse particulièrement et j'ai créé un site sur la reconversion car j'ai quitté la médecine générale il y a dix mois.

Bien cordialement
Paul Le Meut (maitre de conférence de médecine générale - Rennes)"

Et voici ce que je lui réponds :

" Bonjour ! Merci pour votre message qui me donne l’occasion de préciser mon article.

J’en retiens deux points. D’abord, je suis totalement d’accord avec vous sur le fait que les jeunes générations sont très “critiques” vis-à-vis du “modèle issu de 1927”, ou ce qu’il en reste, en gros : le paiement à l’acte. Elles font comme le font toutes les majorités silencieuses en France : faute de pouvoir se faire entendre, elles passent aux actes et se salarient. Le problème n’est donc pas seulement du côté des politiques, mais aussi des représentations syndicales.

Soit elles n’actent pas du tout cette évolution majeure de la mentalité du corps médical, par idéologie si on croit que les gens tiennent à leurs idées, par électoralisme si on croit que les votants sont surtout les spécialistes non généralistes qui n’ont aucun intérêt à une atténuation du paiement à l’acte. Soit elles ne se font pas entendre (je pense au SNMG), sans doute à cause de leurs mouvements brusques de radicalisation pour s’attirer les faveurs de ceux qui grognent.

Second point : vous avez raison de signaler que toutes les études insistent sur les contraintes “administratives”. Ce que je voulais pointer est que la nature de ces contraintes n’est pas claire. Il y a certes le travail bureaucratique que je ne tiens absolument pas à sous-estimer : il n’est hélas ! pas propre à la profession médicale et fait des ravages un peu partout, notamment dans les entreprises. Mais je vous invite à lire les passages qui y sont consacrés dans l’ouvrage Singuliers généralistes, que je mentionne. On y apprend, par exemple, que de nombreux médecins font le ménage de leur cabinet eux-mêmes, et le classent sous la rubrique “administrative”.

Ou qu’un généraliste sur deux seulement a une secrétaire ... On y apprend aussi que bien souvent les revendications du type cotation ou contrainte administrative sont le moyen d’exprimer un ras-le-bol dont les causes sont complexes, par exemple, la dévalorisation ressentie de leur profession. tout cela non pas pour dire qu’ils ont tort, mais qu’il serait temps effectivement que nos politiques et nos représentants se décident à mettre les choses sur la table en examinant ce qui se passe plutôt que de recourir à des idées toutes faites, aussi fondées soient-elles au départ, ou à des formules incantatoires, du genre médecine de proximité.

Ça leur éviterait par exemple encore, de découvrir que les infirmières peuvent faire pas mal de consultations à la place des médecins, ce qui revient à inventer le fil à couper le beurre pour qui connaît un peu les expériences internationales sur le sujet.

Bien cordialement votre"

 


Serge CANNASSE
Rédacteur en chef IZEOS
serge.cannasse@izeos.com


Source : infirmiers.com