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Démographie infirmière : un état des lieux

Publié le 29/11/2010

L’état des lieux de la profession infirmière proposé par la Drees montre que les infirmières travaillent majoritairement à l’hôpital public, que leur âge moyen reste stable et que leur densité augmente plus vite que celle de la population.

Pas de source de données absolument fiable

La publication de l’atlas de la démographie médicale édité par l’Ordre des médecins suscite chaque année de nombreux comptes-rendus et commentaires, le plus souvent inquiets. En revanche, le document proposé par la Drees (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques) début novembre sur la démographie infirmière est resté bien plus discret.

Plusieurs raisons peuvent être avancées : un service de presse moins efficace, un moindre intérêt des journalistes comme des autres acteurs de la scène médiatique pour les « paramédicaux » et surtout une exploitation des données moins facile, avec accessoirement en conséquence une dramatisation moins aisée (du genre « Au secours ! on va manquer d’infirmières ! »).

Les auteurs de la Drees ont dû utiliser trois sources d’informations minimum pour dresser leur état des lieux (répertoire Ameli, enquêtes Emploi, recensement de la population), complétées par d’autres au besoin. Les renseignements fournis n’étant pas toujours tout-à-fait concordants, ils ont dû de plus choisir, calculer, pondérer et justifier le tout. On conçoit que ces précautions par ailleurs tout-à-fait justifiées aient du mal à soulever l’enthousiasme communicationnel …

Rappelons pour conclure cette introduction que la difficulté à établir une photographie de la démographie infirmière est une des raisons avancées par les promoteurs de l’Ordre infirmier pour justifier son existence : à l’instar de son homologue médical, l’inscription obligatoire autoriserait des données correctes et exhaustives.

Un âge moyen stable

Le répertoire Adeli permet d’estimer à 491100 le nombre d’infirmiers actifs au 1er janvier 2009, avec une incertitude de l’ordre de +/- 3 %. La profession est essentiellement féminine (88 % en 2006). Contrairement à un sentiment assez répandu, l’âge moyen reste plutôt stable : 40,2 ans en 2006 contre 40,8 en 1999. La part des infirmiers de plus de 50 ans augmente (22 % en 2006 contre 18 % en 1999), mais celle des moins de 30 ans aussi : de 16 à 20 % sur la même période.

Prédominance massive du secteur hospitalier public

En ce qui concerne le mode d’exercice, les auteurs choisissent de se fier aux données du recensement, ce qui donne au 1er janvier 2006 :

  • libéraux : 57 800 (12 % - nombre proche de celui obtenu par l’Assurance maladie : 58 700 environ)
  • hospitaliers : 303 200 (63 %)
  • en établissements pour personnes âgées : 19 200 (4 %)
  • non hospitaliers et autres structures : 100 100 (21 %).

Le recensement ne permet pas de distinguer entre hôpital public et privé, mais les données du répertoire Adeli et des enquêtes Emploi concordent pour montrer la très grande prédominance du secteur public (en gros, 3 infirmiers hospitaliers sur 4). Il montre également que les salariés hospitaliers sont plus jeunes que les salariés non hospitaliers et que les libéraux. Pour les auteurs de la Drees, « ceci découle directement de la législation qui impose aux infirmiers nouvellement diplômés d’exercer sous l’autorité d’un cadre de santé. »

Densité professionnelle en augmentation

La population infirmière s’accroît chaque année plus vite que la population générale (+ 0,7 % pour celle-ci), de 1,3 % (Enquête Emploi) à 3,1 % (Adeli) sur la période 2000-2008, portant à 782 le nombre d’infirmiers de moins de 65 ans pour 100 000 habitants en 2009 (Adeli).

Les auteurs font remarquer que « les fortes réévaluations du nombre de places offertes en instituts de formation en soins infirmiers ne se sont pas traduites par une hausse brutale des effectifs », « l’évolution naturelle des effectifs » étant « largement déterminée par la pyramide des âges des infirmiers en activité et donc par les quota des 40 années précédentes. » En somme, il ne suffit pas de courir, il faut partir à point, comme disait La Fontaine.

Hausse du nombre des infirmiers spécialisés

Le répertoire Adeli et le recensement ne concordent pas sur le nombre d’infirmiers spécialisés, sans que l’un puisse être considéré comme plus fiable que l’autre. Pour le premier, 8,5 % des infirmiers en activité sont spécialisés, 3 % étant diplômés en puériculture, 1,6 % en anesthésie, 1,2 % exerçant en bloc opératoire et 2,7 % étant cadres.

Mais pour le second, en 2006, 14,5 % sont spécialisés, les cadres représentant 8,1 % de la profession. Quoiqu’il en soit, les effectifs des infirmiers spécialisés augmentent indéniablement chaque année.

Concilier vie familiale et vie professionnelle

En 2008, 27 % des infirmiers de plus de 40 ans travaillent à temps partiel, contre 18 % des infirmiers âgés de moins de 40 ans. Près d’un infirmier sur trois travaille de nuit. C’est la conciliation avec la vie de famille qui est ici en jeu : « 62 % des infirmières salariées déclarent avoir choisi ce mode d’exercice pour pouvoir s’occuper de leurs enfants. »

Une répartition territoriale très inégale

La répartition des infirmiers sur le territoire est très inégale : « entre deux régions, les densités peuvent être multipliées par 1,7 », voire plus pour les libéraux : de 1 à 5 ! Il n’y a d’ailleurs aucune corrélation entre densité d’infirmiers salariés et densité de libéraux : les régions les moins pourvues des premiers le sont aussi des seconds, et réciproquement.

En ce qui concerne les libéraux, à un niveau plus fin d’analyse que la région, les inégalités sont restées stables de 2000 à 2009. Cependant «  la répartition géographique des infirmiers libéraux est légèrement mieux en adéquation avec celles des personnes de plus de 60 ans qu’avec l’ensemble de la population. »

En outre, «  l’implantation des infirmiers libéraux reproduit, en les amplifiant, les disparités géographiques des omnipraticiens qui prescrivent la majorité de leurs actes » (rapport sur les comptes de la Sécurité Sociale d’octobre 2009). Cependant « l’adéquation géographique entre infirmiers et médecins généralistes libéraux est du même ordre de grandeur que celle entre les infirmiers et la population.

Les infirmiers libéraux ne sont donc pas plus proches des médecins que de la population.» Rappelons que les premiers résultats de l’avenant à la convention présentés par l’Assurance maladie sont encourageants quant à l’amélioration de la répartition des libéraux sur le territoire (voir Infirmiers.com : Installation dans les zones très sous-dotées : satisfaction de l’Assurance maladie ).

L’étude confirme des travaux antérieurs sur le type d’activités des libéraux. Plus leur densité régionale est élevée, « et par conséquent plus la concurrence entre professionnels est accrue », plus ils font des soins de nursing (35 % des actes en 2008). En revanche, plus il y a de personnes âgées dans la région, plus les activités de soins sont importantes.

Quant aux infirmiers salariés, pour les auteurs de la Drees, «  les difficultés d’accès aux soins dues aux inégalités de répartition des infirmiers salariés sont amoindries par la mobilité des patients, puisqu’en moyenne 19 % d’entre eux se déplacent pour se faire soigner dans des hôpitaux situés en dehors de leur département de résidence. » Cette mobilité est un des arguments des opposants à la disparition des hôpitaux dits de proximité, qui l’aggraverait.

Enfin, tous modes d’exercice confondus, « il y a une corrélation positive entre la densité en infirmiers et la proportion d’infirmiers âgés de plus de 50 ans. Cela plaide en faveur d’une amélioration de la répartition territoriale de la profession, du fait des départs en retraite. Mais de nombreux autres facteurs entrant en jeu, la partie n’est pas gagnée d’avance.

La deuxième partie du travail de la Drees est exposée dans "Formation et trajectoires professionnelles des infirmiers "

Bilbiographie

Serge CANNASSE
Rédacteur en chef IZEOS
Serge.cannasse@izeos.com


Source : infirmiers.com