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« Délogée de l'hôpital » : les soignants réagissent

Publié le 05/06/2014
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Dans un précédent article, Sarah faisait état de son incompréhension face à une situation que sa mère a vécue. En effet, cette dernière, souhaitant rester au chevet de son père en fin de vie, a été délogée de l'hôpital par la police. Sur les réseaux sociaux, les soignants n'ont pas manqué de réagir...

Quand les proches sont délogés, les soignants s'expriment...

Le 21 mai 2014, nous partagions l'expérience de Sarah dont le grand-père de 96 ans a été hospitalisé. Dans son témoignage, elle expliquait que sa mère, ayant appris qu'il était en fin de vie, souhaitait rester à ses côtés, y compris durant la nuit, mais elle a été délogée... Bien entendu, ce récit n'a pas manqué de faire réagir les soignants, notamment sur Facebook. Pour les uns, cette situation est inadmissible. D'autres encore sont plutôt sceptiques au vu des différents éléments.

Pour le bien du patient

Pour une grande partie des soignants, la situation vécue par la famille de Sarah est scandaleuse. Ainsi, pour Sousou, c'est une honte. En tant qu'infirmière de nuit, j accepte la famille des patients en fin de vie et j'en prends l'entière responsabilité. Cela fait partie du soin. Dans l'accompagnement en fin de vie, on prend la douleur physique et psychologique. La famille n'est en aucun cas gênante pour le personnel. Et si cela est le cas, il faut faire sortir la famille durant le soin et en général elle le comprend très bien, sort de la chambre et réintègre le lieu une fois le soin terminé. De son côté, Murielle souligne que les patients devraient avoir un accompagnant dans leur chambre quand cela est possible car, d'une part, ça les rassure énormément et d'autre part, le patient se sent entouré par ses proches !! L'hospitalisation est plus facile à accepter !!. Julien travaille en Établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) et raconte que pour l'un de nos résidents, la famille a pu le veiller 24h/24h, en se relayant les uns après les autres, pendant environ deux semaines. Un fauteuil a été installé et une chaise longue a été apportée par une collègue. J'allais faire certains soins avec la famille qui dormait à côté, dans le noir, pour essayer de ne pas les déranger, avec comme seule lumière mon téléphone. Le ménage était fait les ASH en fonction de la famille, quand elle sortait pour prendre un café par exemple. Toute la prise en charge était adaptée en fonction de l'accompagnement. Après, certains diront peut-être que nous avons le temps en EHPAD... A ceux là, je leur réponds que non, en horaire de coupé, avec les pansements de cette personne qui durent au moins une heure, à deux soignants, on s'adapte et on fait au mieux, car on est là avant tout pour le patient.

Bien entendu, il n'est pas question d'accueillir les proches au détriment d'un autre patient. Valérie indique qu' en tant que soignants, nous sommes là pour le patient avant tout. Si on pense que la présence d'un proche est bonne pour le patient, je ne vois aucune objection à ce qu'il passe la nuit avec lui à condition d'occuper un fauteuil. Il n'est pas question qu'il soit par terre ou qu'il occupe un lit que je devrais nettoyer et refaire à la hâte en cas d'admission. Un patient peut en effet arriver n'importe quand....

Faire appel à la police : une méthode controversée

En général, les soignants ne voient aucun inconvénient à ce que la famille reste auprès du patient. Cependant, des excès peuvent exister et ils en sont bien conscients... Ainsi, Jérémy souligne que partout on donne la main, et on nous prend un bras. Je pense que cela n'est pas que bénéfique que la famille puisse rester 24/24h auprès du patient. La cadre a demandé l'intervention de la police parce que la situation a dégénéré, ce qui est compréhensible. Il y a des règles à respecter. Céline considère quant à elle qu' appeler la police n'était peut être pas adapté. Pour Noëmie, ce n'est pas humain d'agir de la sorte avec une personne. Que ce soit dans le monde soignant ou ailleurs on nous inculque quelques bases telles que l'humanisme et à en voir cet article, certains hôpitaux en manquent cruellement. A contrario, il est vrai que si le personnel soignant fait un écart pour une personne, les autres voudront qu'on leur cède cette même chose. Et c'est précisément là que ça devient compliqué... Psychologiquement parlant, ceux qui accommodent les malades ne verront pas la différence entre quelqu'un en fin de vie et quelqu'un ayant un souci "minime" si je puis-dire....

Comme l'ont souligné à juste titre plusieurs personnes, nous n'avons là qu'un versant de l'histoire. Aussi, il est nécessaire de ne faire aucune généralité. Quoi qu'il en soit, une chose est sure : le témoignage de Sarah n'a laissé personne insensible. Laissons le mot de la fin à Romain, qui signale ne jugeons pas nos collègues sans vraiment savoir....

Aurélie TRENTESSE  Rédactrice Infirmiers.com aurelie.trentesse@infirmiers.com


Source : infirmiers.com