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Décès d'un enfant à Saint-Vincent-de-Paul : l'AP-HP affirme qu'il n'y a pas eu de retard dans la prise en charge

Publié le 27/12/2008

L'AP-HP a organisé vendredi après-midi une conférence de presse lors de laquelle elle a répondu aux critiques du père de l'enfant affirmant que les soins d'urgence apportés à son enfant avaient été tardifs.

"Nous attendons les résultats des enquêtes en cours mais on peut dire que l'équipe de réanimation est arrivée très rapidement et que l'équipe de soins avait déjà mis en oeuvre les mesures conservatoires conformes", a déclaré lors de la conférence de presse Roselyne Vasseur, coordinatrice générale des soins du groupe hospitalier Cochin-Saint-Vincent-de-Paul.

Elle a affirmé que "les secours avaient été appelés immédiatement" et qu'il n'y avait pas eu "de temps d'attente" lorsque l'état de l'enfant s'était aggravé.

L'AP-HP a indiqué que l'enfant avait reçu par erreur du chlorure de magnésium, sans pouvoir préciser la dose, au lieu de sérum glucosé. L'infirmière aurait commis "une erreur dans le choix du flacon".

"Il s'agit de deux flacons qui se ressemblent. Ils ont un aspect similaire et seule une lecture attentive permet de voir de quel produit il s'agit", a indique Roselyne Vasseur.

Ce drame intervient alors que la ministre de la santé a signé la semaine dernière une circulaire demandant aux établissements de santé d'élaborer "un plan de prévention et de gestion des risques relatif à la mise à disposition, au plus tard le 2 avril 2009, de petits conditionnements de solution injectable [dont le chlorure de sodium, ndlr"> dont les étiquetages doivent être modifiés dans le cadre d'une harmonisation des mentions conformément aux recommandations validées par la Commission d'autorisation de mise sur le marché (AMM) de l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps)", note-t-on.

Le Pr Pierre Carli, responsable médical du Samu de Paris, a précisé que le chlorure de magnésium était "un produit utilisé tous les jours dans les services à faible dose".

"A forte dose, les premiers signes d'intoxication au chlorure de magnésium sont des troubles de la conscience, puis des troubles de la respiration et des troubles cardiaques", a expliqué l'urgentiste.

L'AP-HP n'a pas voulu préciser l'état de santé de l'enfant avant son décès au nom du respect du secret médical. "On n'hospitalise pas un enfant à la veille de Noël pour une simple angine. Cet enfant avait besoin d'une réhydratation", a seulement indiqué la coordinatrice générale des soins.

Elle a indiqué que le planning de travail de l'infirmière était "conforme à la réglementation" et que sa charge de travail était "parfaitement équilibrée".

Selon des représentants de la CGT de l'AP-HP interrogés vendredi par l'APM à la sortie de la conférence de presse, l'infirmière, qui travaillait dans le service depuis quatre ans, serait venue donner un coup de main dans l'unité où était hospitalisé l'enfant et qui n'était pas son unité habituelle.

Le secrétaire général de l'AP-HP, Dominique Giorgi, a indiqué lors de la conférence de presse que l'effectif médical et paramédical du service de pédiatrie où était hospitalisé l'enfant était "tout à fait adapté".

Les 11 patients hospitalisés dans le service mercredi en début de soirée étaient encadrés par un cadre de puériculture, trois infirmières, trois aides-soignantes et un agent hospitalier.

Selon l'AP-HP, qui a rappelé que ces accidents étaient rares, les résultats des différentes enquêtes en cours seront connus "dans les prochains jours".

L'institution a indiqué qu'elle "assumera[it"> l'ensemble de ses responsabilités dans cette affaire douloureuse".

NOMBREUSES REACTIONS SUR LA POLITIQUE HOSPITALIERE DU GOUVERNEMENT

Le drame a suscité vendredi de nombreuses réactions sur la politique hospitalière du gouvernement.

Dans un communiqué de presse, le maire de Paris, Bertrand Delanoë, fait le lien entre le "contexte général de tension lié au manque d'effectifs dans les hôpitaux, en particulier pour ce qui concerne les postes d'infirmières" et le décès de l'enfant.

Pour le maire de Paris, cela "confirme la nécessité de renforcer les conditions de fonctionnement de l'hôpital public". Il s'engage à être "particulièrement attentif à ce que l'AP-HP dispose des moyens nécessaires à l'exercice de sa mission".

Le Parti socialiste (PS) a rappelé, dans un communiqué, avoir "interpellé le gouvernement très récemment sur la situation des urgences et de l'hôpital afin que ne s'ajoute pas une crise sanitaire à la crise économique et sociale" et "dénoncé, il y a quelques jours la saturation des services à la veille des fêtes et les conditions dans lesquelles le personnel soignant était contraint de travailler".

"Par sa politique de restriction des moyens, le gouvernement prend le risque de mettre en péril l'hôpital public. Il est urgent que le gouvernement prenne la mesure de la situation de nos hôpitaux", conclut dans son communiqué Mireille le Corre, secrétaire nationale du PS chargée de la santé.

Dans un communiqué, la fédération CGT de la santé et de l'action sociale a dénoncé les conditions de travail des professionnels de santé "qui travaillent chaque jour sur la corde raide". La fédération estime que "les objectifs de productivité à l'hôpital et la course à l'activité mettent les professionnels en difficultés" et assure que "toutes les conditions d'un tel drame étaient réunies".

La fédération CGT affirme avoir averti la ministre de la santé en juin de cette "situation inacceptable" en déposant une procédure d'alerte 'danger grave et imminent' pour l'ensemble des hôpitaux" de l'AP-HP.

Selon la CGT, "123 situations de danger grave et imminent ont été rapportées en 2007 sur 19 sites; 43 d'entre elles mentionnent l'insuffisance d'effectif et 10 la dégradation des conditions de travail et des relations au travail", ces conditions "faisant courir des risques importants aux patients et aux professionnels".

Le Syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes réanimateurs (SNPhar) affirme que le "contexte actuel des hôpitaux, soumis à des tensions (...) ne peut malheureusement qu'accroître" le risque d'erreur commise par les professionnels de santé.

"Toutes les études sérieuses démontrent que le risque d'erreur médicale ou paramédicale ne peut être réduit (...) que grâce à des conditions de travail permettant une sérénité professionnelle", argumente le syndicat.

Dans un communiqué, la fédération santé de l'UMP regrette "l'amalgame qui pourrait être fait par la mise en cause de l'ensemble des personnels hospitaliers dont la conscience professionnelle est remarquable en toutes circonstances" et dénonce "la récupération honteuse que quelques spécialistes de la médiatisation de l'urgence ou même des organisations syndicales font hâtivement à partir d'un drame de cette nature qui mérite sang-froid, dignité, tact et sens des responsabilités".

Par ailleurs, le Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI, affilié à la CFE-CGC) a dénoncé un "acharnement" contre leur collègue infirmière et la garde à vue prolongée dont elle a fait l'objet.

"Dès qu'elle a réalisé son erreur, l'infirmière a prévenu sa hiérarchie et le médecin chef de service. La justice va suivre son cours, et l'infirmière devra rendre compte des conséquences de ses actes (...) Dès lors nous ne comprenons pas que notre collègue fasse l'objet d'une prolongation de garde à vue", ajoute-t-il, s'interrogeant sur l'utilité de mettre en oeuvre "de telles pratiques d'intimidation" dans cette affaire.


Source : infirmiers.com