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De la considération de l'évidence : personnel soignant, ce qui suit est pour toi !

Publié le 23/07/2019

Sous le poids de l’habitude, nous intégrons très souvent l’extraordinaire comme étant normal, voire pire, banal. Nous avons la fâcheuse tendance à chercher ce que nous avons déjà sous nos yeux. Nous occultons l’évidence au profit d’un espoir chimérique, qui n’a pas lieu d’être et qui découle souvent du reflet de nos propres imperfections. Il est parfois bon d’avoir un élan de lucidité, une étincelle de conscience quant à notre contexte proche. C’est pourquoi ces quelques mots seront destinés à des personnes bien trop oubliées, pour ne pas dire négligées par notre inconscient. Quoi qu’il en soit, des êtres trop sous-estimés. Personnel soignant, ce qui suit est pour toi.

Quoi qu’il en soit, ces mots ne servent qu’à en alimenter un seul et unique : MERCI ! Merci soignant pour tout ce que tu fais.

Malgré les nombreuses et difficiles tâches qui te sont assignées, tu es fidèle au poste et fais de ton mieux pour livrer un travail qui soit le meilleur possible, en dépit de toutes les contraintes qui te sont imposées. Le mot contrainte est pour ainsi dire un euphémisme. Les tâches qui t’incombent sont tacitement et implicitement chronométrées, laissant au final très peu de place à un aspect pourtant essentiel, à savoir le contact avec le patient, avec l’humain. Ce dernier n’ayant la plupart du temps aucune ou très peu de conscience au sujet de ces difficultés, n’aura de cesse de se sentir lésé, négligé, voire totalement abandonné.

La pression d’une hiérarchie dépendante à la bureaucratie et bien trop peu au fait de tes activités et demandes, est également un facteur non négligeable qui crée nombre de tensions au travers d’un service de soins. En effet, combien de personnes dites de l’administratif ont déjà effectué tes tâches ou même, juste observé d’un œil empathique, bienveillant et attentif, ce que tu es chargé de faire ?

Ceux qui décident devraient tous vivre dans la peau de ceux qui subissent. Et quand bien même ce soit le cas, l’ego de certains ayant monté l’échelle trop rapidement leur fait souvent oublier ce qu’ils ont également enduré. Il est probablement inutile de parler également des différentes suppressions de postes, tant le ridicule de la situation et des "explications" des "supérieurs" confine au rire sarcastique, ou au désespoir.

Ceux qui décident devraient tous vivre dans la peau de ceux qui subissent

Toi, qui dois également faire face aux réprimandes des visiteurs, qu’ils soient ou non de la famille des patients et qui te gratineront de tous les maux, saupoudrés d’un sarcasme bien épicé manquant fortement d’élégance. Ces derniers, la plupart du temps désemparés face au drame qui leur tombe sur les épaules, perdent toute notion d’objectivité et de compréhension factuelle lorsqu’il arrive des dysfonctionnements au sein de l’établissement. De fait, ils s’en prennent à tort à… toi, employé le plus proche et le plus « disponible » et donc, également et directement responsable à ses yeux. Cela va sans dire, c’est toi qui vas devoir jouer l’éponge, absorber ses maux, ses requêtes, ses colères, et qui va devoir tempérer et tenter d’apaiser et de trouver un début de solution, malgré toutes les tâches qui te restent à effectuer.

Garder la tête haute, sourire autant que faire se peut, ne pas se plaindre, ne pas s’impliquer, ne pas laisser transparaître une quelconque émotion mal placée, ne jamais donner son avis personnel…

C’est en ayant absorbé, épongé tant de choses de ta journée, que tu devras rentrer chez toi, avec pour certains, un énorme sentiment de lassitude, d’injustice, de fatalisme et de résignation. La satisfaction d’un travail concret accompli, mais la déception d’un travail humain probablement mis au placard. Pas par ta faute, mais par les contraintes d’un système gérant une structure de soins, non pas comme un lieu d’aide, mais comme une entreprise n’ayant que pour seul but que de viser le bénéfice. Malgré tout ça, tu es fidèle au poste, tu continues, tu avances. Mais pour combien de temps encore ? Au détriment de ta santé, tant physique que morale ? Burn-out et usure ne sont jamais très loin face à tant de maux entreposés et compressés dans un esprit probablement en souffrance. Comment aider autrui si l’on est soi-même en détresse ?

Malgré tout ça, tu es fidèle au poste, tu continues, tu avances. Mais pour combien de temps encore ? Au détriment de ta santé, tant physique que morale ?

Le fin de mot de ce texte a pour seul et unique but de te faire comprendre que tu n’es pas seul et qu’au-delà des injustices et autres réprimandes auxquelles tu dois faire face, il y a des êtres qui reconnaissent ton travail, ton dévouement, ta bienveillance et surtout, ton humanité. Le gros souci qui vient freiner toute bonne communication, réside peut-être aussi dans ces foutus statuts et autres délires à base de conventions sociales ou de politesse mal placée, handicapant et bridant bien souvent les échanges.
Nous ne sommes jamais autorisés à échanger comme cela devrait (à mon sens) être, à savoir d’humain à humain. C’est pourquoi beaucoup de messages de bienveillance se perdent, ou ne se trouvent qu’à demi-mot, au travers de regards empathiques. Pourtant, le soignant, le patient et le visiteur ne sont au final qu’un seul être. Encore faut-il le voir et se détacher de notre « place ». Nous sommes bien plus que des statuts, des noms, des fonctions.

Quoi qu’il en soit, les mots précédents ne servaient qu’à en alimenter un seul et unique : MERCI ! Merci pour tout ce que tu fais. Sache que certaines personnes (dont l’auteur de ces mots), seront toujours disponibles pour échanger, de tout, de rien, mais surtout sans filtres, sans jugement, sans considération hiérarchique et en toute bienveillance. C’est à la bonheur que l’on trouve l’heureux traité. (un petit jeu de mots à ma façon : A la bonheur = A la bonne heure ; "l'heureux traité = le retraité).


Olivier Zaeh
Ce texte a été publié sur la page facebook de l’auteur le 3 juillet dernier. Nous l'en remercions chaleureusement.
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Source : infirmiers.com