Petite question par curiosité :
êtes-vous infirmier ?

Merci d'avoir répondu !

PORTRAIT / TEMOIGNAGE

« Dans ton corps » : de la chaîne de soins à la chaîne Youtube !

Publié le 16/01/2018
Christophe Panepinto/Dans Ton Corps

Christophe Panepinto/Dans Ton Corps

Toutes ses vidéos –ou presque- commencent de la même façon : on le voit qui enfile sa blouse blanche (souvent sur un tee-shirt metal) pour nous présenter le thème du jour. Julien Ménielle, 43 ans, a exercé pendant dix ans comme infirmier avant de se lancer dans le journalisme, lui qui aimait l’écriture et la vidéo, et de se consacrer à sa chaîne Youtube. Il y a deux ans, il a créé « Dans ton corps », qui compte à présent 436 000 abonnés. Le principe ? Mettre le fonctionnement du corps humain à la portée du grand public. C’est drôle et pédagogique. Portrait.

"Je suis presque plus admiratif du métier aujourd’hui que quand j’en suis sorti."

A l’origine, il ne se destinait pas au métier d’infirmier. Des Etudes de Langues Etrangères Appliquées (LEA), la Fac (qu’il lâche assez vite), la fête (beaucoup)... Julien Ménielle se tâte. « A l’époque, je n’avais aucune idée de ce que je voulais faire dans la vie ». Il trouve alors un petit boulot dans une crèche, découvre qu’il aime travailler avec les enfants. Sa sœur, qui a deux ans de plus que lui, voulait devenir infirmière. « Je lui ai dit : prends moi un dossier, on verra bien ». Ils passent ensemble le concours, l’ont tous les deux. Son premier job d’infirmier, il aimerait l’effectuer en psychiatrie , mais l’hôpital de Saint-Germain-en-Laye, dans les Yvelines, avec lequel il a un engagement de trois ans, le verrait mieux aux urgences. Malheureusement, le service est très demandé. Finalement, je me retrouve en réanimation polyvalente médico-chirurgicale. J’y suis resté sept ans, confie Julien Ménielle. Dans l’intervalle, on a monté avec un collègue le poste d’infirmier de Service mobile d'urgence et de réanimation (SMUR). Et puis, il en a eu marre. Les conditions de travail, le manque de moyens... l’hôpital lui pèse.

Julien Ménielle s’installe alors en libéral, dans les Yvelines. Pansements, chimiothérapies, toilettes… il passe beaucoup de temps dans sa voiture. Ça ne m’a pas trop plu, tranche-t-il. Se retrouver seul dans sa voiture après avoir travaillé en équipe lui paraît difficile. Je gagnais super bien ma vie, mais parfois, c’était à peine si j’enlevais mon manteau chez les patients. J’avais quitté l’hôpital pour le peu de temps que j’avais à consacrer à chaque patient, et j’en arrivais à penser que c’était encore pire. C’était l’usine. Re-changement de programme. Julien Ménielle prend alors un poste chez Mondial Assistance. Il fait du coaching santé, de l’accompagnement thérapeutique par téléphone. Ça ne m’a pas plu non plus, sourit-il. Je ne regrette aucune des expériences que j’ai vécues mais aucune ne m’a donné envie de rester.

D’infirmier à vidéaste

C’est alors que Julien Ménielle  décide de faire un bilan de compétence auprès de Pôle emploi. Plus de créativité, de l’écriture, c’est le métier de journaliste qui semble lui aller le mieux. Il passe le concours et huit ans à la rédaction du quotidien 20 Minutes, de simple stagiaire à rédacteur en chef adjoint vidéo. Et cette idée de lancer sa propre chaîne Youtube mûrit doucement. En janvier 2016, il quitte finalement 20 Minutes et créé « Dans ton corps », en avril, après l’élaboration de plusieurs pilotes. Il choisit la thématique de la santé, qui, précise-t-il, a l’avantage de concerner absolument tout le monde. Les règles, la tourista, le psoriasis, tout y passe, avec, toujours, cette volonté de décortiquer son sujet pour en faire le tour et en parler sans tabou, le tout porté par une mise en scène efficace.

Je considère que ce que je fais dans mes vidéos, c’est la même chose que ce que je faisais en tant que soignant : expliquer aux gens ce qu’ils ont, comment ils vont prendre leur traitement…

De la vulgarisation scientifique ? Julien Ménielle ne raffole pas du terme, préfère parler de sensibilisation humoristique sur des sujets de santé. Il faut que ce soit drôle et informatif. Du cancer à la gueule de bois, de l’ongle incarné en passant par les troubles de l’érection : c’est sérieux mais drôle, mais toujours sérieux. Je considère que ce que je fais dans mes vidéos, c’est la même chose que ce que je faisais en tant que soignant : expliquer aux gens ce qu’ils ont, comment ils vont prendre leur traitement… c’est le rôle propre de l’infirmier, le rôle éducatif de l’infirmier. Aujourd’hui, je le fais à l’aide d’une caméra et pour le grand public.

Vous aimeriez savoir ce qu’un coup de poing fait à notre cerveau ? La réponse, en vidéo :

Depuis deux ans, Julien Ménielle sort une vidéo par semaine sur sa chaîne qui compte à présent 436 000 abonnés. Un joli score qui représente beaucoup de travail tout de même. Ce qu’il ne trouve pas dans les revues scientifiques, le youtubeur va le chercher ailleurs, compile les informations, passe quelque temps au téléphone avec un spécialiste si besoin (c’est assez rare), écrit tout, jusqu’aux blagues. Vraiment, mon script est très précis, précise-t-il. Parfois, Julien Ménielle pousse le bouchon un peu trop loin. Pour une série consacrée au détatouage, il s’est fait tatouer le visage de Cyril Hanouna  sur la fesse. Le problème, comme ont pu le constater les internautes au fil des épisodes : la technique n’a pas (encore) porté ses fruits et le visage du présentateur est encore bien visible… Je suis moins inquiet que les gens, souffle l’ex-infirmier. Il faudra simplement plus de séances que prévu, mais il a confiance.

Je suis vraiment ravi d’avoir eu cette expérience-là. Je continue de penser que l’infirmier est un chainon essentiel, importantissime !, de la chaîne de soin.

Aujourd’hui, le vidéaste aimerait continuer ce qu’il fait, à savoir de petits formats, avec des invités célèbres (qui évoquent leur handicap, leur maladie…) peut être se diversifier, tester des trucs, aller davantage sur le terrain et pourquoi pas, faire de la fiction, écrire pour d’autres (il est déjà auteur pour le studio de création et plateforme de vidéo humoristique Golden Moustache).

Ce qui est sûr : il ne se voit pas retourner dans une structure de soin. Ça fait 12 ans que je n’ai pas fait un soin. Pourtant, il a gardé sur le métier d’infirmier un regard admiratif. Je suis vraiment ravi d’avoir eu cette expérience-là. Je continue de penser que l’infirmier est un maillon essentiel, importantissime !, de la chaîne de soin. Je connais peu de métier où tu dois être autant un couteau suisse que celui-ci. Tu as des responsabilités de dingue et c’est si mal payé et si peu considéré… Je suis presque plus admiratif du métier aujourd’hui que quand j’en suis sorti.

Susie BOURQUINJournaliste susie.bourquin@infirmiers.com @SusieBourquin


Source : infirmiers.com