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Coronavirus : dans la Loire, un Service Infirmier d’Orientation devenu indispensable

Publié le 10/11/2020
Coronavirus Service Infirmier d’Orientation

Coronavirus Service Infirmier d’Orientation

Dans la Loire (42), face à la dégradation inquiétante de la situation sanitaire, un Service Infirmier d’Orientation (SIO) vient faciliter les échanges entre professionnels au point de s’imposer comme incontournable. En cours de déploiement dans toute la région Auvergne- Rhône-Alpes, ce projet pilote à l’initiative de l’URPS infirmiers libéraux ARA, salué par tous pourrait ensuite se voir décliné au niveau national.

Depuis sa mise en place, au début de la première vague, le SIO a déjà reçu et traité plus de 1 800 demandes dans le seul département de la Loire.

Créer un Service Infirmier d’Orientation (SIO). C’est une idée qui n’est pas arrivée avec l’épidémie de Covid-19, mais que Louise Ruiz, infirmière libérale dans la Loire, secrétaire générale adjointe de l'URPS Infirmiers Libéraux ARA et référente du projet, avait depuis un certain temps.  Je me rendais compte que dans le cadre des échanges ville-hôpital, il y avait des ruptures, confie-t-elle, déroulant de multiples exemples éloquents. Il arrive régulièrement qu’on se retrouve avec des sorties d’hôpital ratées : ou bien les patients ne nous appellent pas, ou bien l’échange entre professionnels se fait mal. J’ai croisé un jour un patient avec des troubles cognitifs que je croyais à l’hôpital... or il n’aurait pas été en mesure de nous appeler. Pour Louise Ruiz, les professionnels ont besoin de systèmes qui permettent une communication fluide et efficace. Entant qu’infirmiers libéraux, nous faisons face à de plus en plus de situations complexes et à des soins non programmées (injections ou pansements à débuter immédiatement) que la crise de la Covid vient encore renforcer, précise la professionnelle de santé, qui invoque également la démographie : Nous avons par exemple un certain nombre de patients très âgés entourés de personnes elles-mêmes âgées, ce qui complique la prise en charge. Pour faire face à cette réalité de terrain délicate, rendue encore plus aiguë par la pandémie, les soignants ont besoin de pôles de référence, assure Louise Ruiz. Le SIO, qui lui trottait dans la tête s’est donc imposé avec la crise sanitaire.

Avec l’assentiment de l’ARS, et le concours d’autres professionnels, le projet émerge dans la Loire au cours de la première vague, le 6 avril 2020. La directrice d’un hôpital propose des locaux d’où les infirmiers peuvent prendre les appels, et l’URPS Auvergne-Rhône-Alpes assure les finances.

Un numéro d’appel unique réservé aux professionnels

Le Service Infirmier d’Orientation fonctionne comme une unité, un véritable service, explique Louise Ruiz, qui évoque une organisation relativement lourde. Un numéro d'appel unique, le 09 78 31 31 31, réservé aux professionnels, donne accès six jours sur sept à une équipe de 18 infirmiers orienteurs, dont deux planificateurs, qui se relaient lors de gardes continues de 9h à 19h30. Basés au Centre Hospitalier du Pays de Gier, ces derniers coordonnent l'intervention des infirmiers libéraux auprès de toutes les personnes qui en ont besoin, des personnes vulnérables et/ou handicapées, ainsi qu'auprès de leurs proches aidants, et de toutes personnes malades à domicile.

Le numéro unique est exclusivement réservé aux professionnels pour que très rapidement, une prise en charge trouve une issue - Louise Ruiz

Les appels émanent de différentes secteurs : des professionnels en charge des sorties ou des accueils des patients à l’hôpital (cadres de santé, infirmiers, médecins hospitaliers ou généralistes et même assistantes sociales quand il s’agit d’une situation complexe), ils viennent également des établissements de santé, des directeurs d’Ehpad (la plupart du temps pour des demandes de renfort), des médecins ou infirmiers libéraux (qui demandent par exemple une coordination avec un autre cabinet lorsque la charge de travail devient trop importante), ou encore des laboratoires, débordés par la réalisation des tests (il faut alors coordonner la planification des interventions des libéraux).

Pour toutes les demandes liées à la Covid ou à la prise en charge ordinaire dans des situations soit complexes soit urgentes, les professionnels passent par nous, résume Louise Ruiz qui se réjouit de voir que le SIO s’est imposé dans le département comme le pivot de la relation ville-hôpital. Depuis sa mise en place, il a déjà reçu et traité plus de 1 800 demandes. A y regarder de plus près, environ 40% des appels concernaient des demandes de renforts dans des Ehpad, 40% des prises en charge spécifiques en ville et 20% des renforts dans les laboratoires biologiques du département.

Dans cette crise de la Covid-19, les professionnels font face à une incertitude absolue. On a dû désorganiser nos façons de travailler, nos pratiques, pour s’adapter à cette épidémie. On s’adapte au fil de l’eau, au cas par cas - Louise Ruiz.

Le projet, en passe d’être régionalisé

Les professionnels comme les patients sont extrêmement reconnaissants et positifs, se félicite Louise Ruiz pour qui le SIO est aujourd’hui un service indispensable, qui ne fait pas doublon avec l’existant. Les besoins en efficacité des professionnels de santé sont devenus criants avec la pandémie. Nous sommes passés dans une configuration extrême avec le virus, confie Louise Ruiz. Dans cette crise de la Covid-19, les professionnels font face à une incertitude absolue. On a dû désorganiser nos façons de travailler, nos pratiques, pour s’adapter à cette épidémie. On s’adapte au fil de l’eau, au cas par cas, explique l’infirmière. Un seul exemple : les tests antigéniques arrivent.

Il faut réorganiser les cabinets en urgence, faire des systèmes circulants… raconte-t-elle. Nous, infirmiers, sommes formés pour ça : pour être dans l’opérationnalité. Nous savons former rapidement, mettre en place les pratiques adaptées, encadrer et c’est en cela que le SIO est intéressant : il est très pragmatique et opérationnel. Avant, chacun faisait de la coordination dans son coin, comme il le pouvait. Aujourd’hui, ce nouveau système d’organisation permet d’anticiper les choses.

Le système, en l’occurrence, a pris, considère l’infirmière libérale. S’il a fallu se faire connaître, cette fois, en plein seconde vague, on croule sous les demandes et les professionnels viennent vers nous de manière naturelle.

Un succès qui a poussé les équipes à envisager sa régionalisation. Le numéro d’appel unique sera bientôt étendu. Les professionnels qui appellent seront ainsi redirigés, suivant leur département, vers trois antennes. Saint-Chamond (l’antenne actuelle, opérationnelle depuis le mois d’avril dernier), Clermont-Ferrand (opérationnel depuis la fin de la semaine dernière) et enfin Annecy (qui devrait être mise en place d’ici deux à trois semaines environ). Le SIO pourrait se voir également élargi à d’autres professionnels comme les sages-femmes, souligne Louise Ruiz. Pourtant, la priorité aujourd’hui, est de pérenniser le système. Il va donc falloir trouver des financeurs (On espère avoir le soutien du ministère de la Santé et de grands partenaires privés, avance Lucien Baraza, président de l'URPS Infirmiers Libéraux ARA), pour que le SIO puisse s’étendre – et pourquoi pas s’imposer sur l’ensemble du territoire.

Susie BOURQUINJournaliste susie.bourquin@infirmiers.com @SusieBourquin


Source : infirmiers.com