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Coronavirus chinois : les soignants "de première ligne" s'organisent

Publié le 29/01/2020
soignant masque

soignant masque

Santé publique France a annoncé le mardi 28 janvier, la prise en charge de quatre cas d’infection par le nouveau coronavirus 2019-nCoV en France. Les quatre patients, ayant séjourné en Chine, dont un touriste chinois, sont actuellement hospitalisés dans 2 des 9 établissements de santé de référence (ESR) désignés, l’un au CHU de Bordeaux et trois à l'hôpital Bichat, à Paris. Sur tout le territoire, quelles sont les directives adressées aux soignants établissant la conduite à tenir en cas de suspicion de la maladie ? Quid à l'hôpital? Et en libéral ? On fait le point avec eux. 

Les médecins et les infirmiers des urgences étaient inquiets, un point s'imposait, notamment avec les infirmiers d'accueil, chargés de rediriger les patients qui nous arrivent", confie la chef du service maladies infectieuses et tropicales. En libéral, les infirmiers sont plutôt en attente d'informations...

Lise El Hajj, chef du service maladies infectieuses et tropicales à l’hôpital Simone Veil, (groupement hospitalier Eaubonne-Montmorency, dans le 95), est très occupée. Contactée par téléphone, elle nous fait part, entre deux rendez-vous, de la situation dans son établissement. L'hôpital Simone Veil ne fait pas partie des établissements dit Etablissements de Santé de Référence, susceptibles de prendre en charge des patients atteints du Coronavirus. Nous, infectiologues de toute la France, nous nous sommes réunis pour décider que tel et tel établissement (Bichat, Necker, Begin, le CHU de Bordeaux... en tout, 9 établissements de santé de référence ont été désignés sur tout le territoire) peut prendre en charge des malades atteint du virus. Ces établissements possèdent tous ce qu'on appelle des "chambres à pression négatives" qui empêchent toute circulation de l'air vers l'extérieur, et donc toute contamination. C'est essentiel, à l'heure où nous ne connaissons pas encore la gravité de cette maladie, et alors que le taux d'infectivité semble élevé..., explique Lise El Hajj. Malgré tout, dans l'ensemble des hôpitaux, les équipes doivent être préparées à repérer les personnes potentiellement porteuses de ce virus venu de Chine et capable de réagir.

Vendredi 24 janvier, alors qu’une certaine inquiétude émanait du personnel soignant, sur l’éventuelle arrivée du Coronavirus, Lise El Hajj s'est donc rendue aux urgences pour faire le point avec les équipes. Les médecins et les infirmiers des urgences étaient inquiets, un point s'imposait, notamment avec les infirmiers d'accueil, chargés de rediriger les patients qui nous arrivent, confie la chef du service maladies infectieuses et tropicales. Les équipes doivent se référer à ce que Jérôme Salomon, directeur général de la Santé, a fait parvenir aux établissements. Le document, réalisé et diffusé par le ministère, intitulé "Repérer et prendre en charge un patient suspect d'infection à nouveau Coronavirus 2019 - questions clés pour les soignants de première ligne", indique la marche à suivre : symptômes, questions à poser (Le patient a-t-il un tableau clinique compatible avec une infection à 2019-nCoV ? Le patient revient-il de la zone de circulation du virus depuis moins de 14 jours ?...) précautions pour le soignant (masque, surblouse, gants, lunettes...). Tout patient revenant de Chine et présentant une fièvre est attentivement questionné, explique Lise El Hajj. Comme l'hôpital Simone Veil n'est pas référent, la consigne est de ne pas le garder et si les signes laissent penser au Coronavirus, on dirige immédiatement le patient vers le 15, qui se charge de confirmer ou non l'infection. Dans le cas où le patient ne serait pas bien, par exemple s'il se trouve déjà en détresse respiratoire, nous le plaçons à l'isolement (une salle a été désignée pour cela au niveau des urgences), un isolement contact (les soignants qui pénètrent dans la pièce doivent enfiler une surblouse, se munir de gants et d'un masque) et aéroporté (nous enfilons un masque avec filtre à haute concentration, pour limiter au maximum les risque d'une infection). Donc, nous confinons le patient et nous mobilisons les troupes (le réanimateur, le Samu et nous prévenons Bichat afin qu'il le prenne en charge). Même chose au niveau des consultations extérieures, également susceptibles de recevoir des patients atteints du Coronavirus : les équipes sont sensibilisées, assure Lise El Hajj, qui a d'ailleurs placardé le document du ministère dans les différents services concernés, ce début de semaine. Toutes ces mesures paraissent suffisantes, d'après les informations que nous avons, confie la soignante. Pour l'heure, aucun patient suspect ne s'est jamais présenté, mais les équipes se tiennent prêtes. 

Pour rappel, toute personne présentant, dans les 14 jours après un séjour en Chine, en particulier à Wuhan, des symptômes d’infection respiratoire (fièvre, toux, essoufflement) doit contacter le SAMU (15) qui décidera de la conduite à tenir. Afin d’éviter tout risque de propagation du virus, ces personnes ne doivent pas se rendre chez leur médecin, ni à l'hôpital, ni aux urgences.

Si le patient n'est pas bien, on le place en isolement dans une salle, isolement contact et aéroporté.

Les libéraux sont en attente d'informations

En ce qui concerne les professionnels libéraux, les informations obtenues s'avèrent relativement limitées. Certains ont reçu, via leur messagerie sécurisée, un message de la DGS (pour ceux inscrits à la liste "DGS-urgent") les informant a minima de la situation épidémiologique soulignant que le risque d’importation en France est désormais considéré comme modéré et le risque de diffusion de la maladie dans la population française est considéré très faible. Au niveau des précautions de rigueur dans l'exercice quotidien, là aussi, les recommandations restent brèves et peu complètes : on demande notamment lors de la prise en charge de patient suspect de prendre contact directement avec le centre 15 car il conviendra de ne pas l’orienter d’emblée vers les structures d’accueil des urgences afin d’éviter le contact avec d’autres patients.

D'autres libéraux ont reçu simplement un Flash Info de la CPAM avec un message relativement similaire. On a rien eu de plus. c'est le flou artistique. Comme toujours on est la dernière roue du carrosse, souligne Christine Chassepot-Varlet présidente de l'association IDEL06. Mon mari est médecin généraliste il n'a pas été davantage informé de la situation. De mon côté, dans notre cabinet, on a pris l'initiative de mettre des masques canard à proximité au cas où des patients revenus dernièrement d'Asie se présenteraient pour des soins. Mais voilà, j'ai 90 adhérents qui me demandent quelles sont les précautions d'usage. Je leur conseille de faire de même, mais je n'en sais pas plus. De toute façon, nous les IDEL, on a l'habitude, si on ne cherche pas l'information, personne ne nous la donne !, explique-t-elle. Pour ceux qui ont eu accès aux mails de la DGS, il était indiqué que la définition des cas était disponible sur Santé publique France. Cette fiche enseigne notamment que : de façon générale, la prise en charge d’un patient présentant des signes respiratoires infectieux doit s’accompagner de la mise en place de protection chez le patient (masque chirurgical, hygiène des mains) et le professionnel de santé (masque, lunettes et hygiène des mains). Donc l'initiative de la professionnelle était visiblement ce qu'il y avait de mieux à faire au vu des données accessibles. La fiche "Repérer et prendre en charge un patient suspect d'infection à nouveau Coronavirus 2019 - questions clés pour les soignants de première ligne" était également mise en lien dans certains mails de la DGS mais apparemment pas dans tous.

Quoi qu'il en soit, les infirmiers libéraux, de façon générale, sont en attente d'information, même s'ils estiment qu'il ne faut pas s'inquiéter outre mesure dans la mesure où d'autres crises sanitaires (H5N1...) ont eu lieu et qu'ils ont l'habitude d'être en contact avec des personnes porteuses de diverses maladies infectieuses. Ce qui me fait le plus peur, ce n'est pas tant le virus que la manière dont on va gérer la situation. En France, on n'est pas au point sur la prévention, or il y a quand même pas mal de touristes chinois sur le territoire, affirme la présidente d'IDEL06.

Pour aller plus loin

Rédaction Infirmiers.com


Source : infirmiers.com