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GRANDS DOSSIERS

"Contagion" : un scénario "crédible" selon les experts

Publié le 10/11/2011

Le film américain "Contagion", sorti au cinéma le 9 novembre 2011 et qui décrit le développement d'une pandémie due à un nouveau virus faisant des millions de morts dans le monde, est basé sur un scénario considéré comme crédible par des spécialistes français des maladies infectieuses. Bande-annonce en prime...

Le film de l'américain Steven Soderbergh a été présenté le 7 novembre 2011 lors d'une projection pour des journalistes organisée par l'Institut Pasteur et la Fondation pour la recherche vaccinale, récemment créée, suivie d'un débat avec des spécialistes.

Il décrit le développement très rapide d'une pandémie due à un virus inconnu, nommé MEV-1, qui serait apparu par contamination d'un porc par un virus de chauve-souris suivie de recombinaisons génétiques, en Chine. Ce virus dont la transmission serait proche de celle des virus grippaux ou du coronavirus responsable du syndrome respiratoire aigu sévère (Sras), infecte d'abord une femme américaine en visite à Hong Kong qui va le transmettre d'une part à des Chinois, d'autre part à des Américains en rentrant chez elle.

Rapidement, la pandémie devient mondiale, avec un taux de reproduction (R0) de 2 ou 3 et un taux de décès de 20% à 30%.

Dans ce film dont le scénariste a pris conseil auprès de spécialistes américains, on suit pas à pas le travail des chercheurs des Centers for Diseases Control & Prevention (CDC) et de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), au niveau épidémiologique, virologique, vaccinal et dans l'organisation de la sécurité sanitaire avec notamment la mise en quarantaine de plusieurs Etats des Etats-Unis.

Mais on suit également un personnage, auteur d'un blog très lu sur internet, qui est contre les vaccins et la recherche académique et industrielle, et qui prône le traitement de cette infection par un extrait d'un arbuste, le forsythia. Le film décrit aussi le délitement de la société et les violences engendrées par cette situation de crise où tous les gens doivent rester isolés pour éviter le risque de contamination.

Un vaccin est trouvé rapidement, et en raison du nombre de doses disponibles insuffisant, les personnes pouvant le recevoir en premier sont tirées au sort, sur la base de leur date de naissance. Le virus aura néanmoins eu le temps de faire au moins 26 millions de morts.

"Avec le SRAS, on est pas passé loin"

Lors de la discussion après la projection, interrogés par l'APM sur la crédibilité du scénario, les scientifiques présents ont répondu par l'affirmative, en estimant réalistes aussi bien la situation décrite que la façon dont le travail des chercheurs est présenté.
Le cas d'un virus recombinant après passage de la chauve-souris au porc, puis transmis à l'homme, a déjà été décrit avec le virus Nipah, un virus émergent apparu en Asie du Sud-est responsable d'encéphalites mortelles. Mais ce mode d'apparition serait aussi plausible pour un nouveau virus de grippe, ou d'autres virus encore inconnus car la chauve-souris est un grand réservoir de virus, a commenté Simon Wain-Hobson de l'Institut Pasteur.

Quant à l'ampleur de la pandémie, il y a une dizaine d'années, "on n'est pas passé loin" d'une situation similaire avec le Sras, a estimé Arnaud Fontanet de l'Institut Pasteur. Le taux de reproduction (nombre de personnes contaminées par une personne touchée) et la mortalité étaient proches de ce qu'on peut voir dans le film.

Le Sras a pu être contrôlé uniquement parce que les patients devenaient contagieux une semaine après le début des symptômes, ce qui permettait d'isoler les personnes présentant des symptômes et mettre leurs proches en quarantaine. Ces mesures perdent de leur efficacité avec un agent pathogène pouvant être transmis avant qu'apparaissent les symptômes.

Par ailleurs, happy end oblige, dans le film, un vaccin est développé très rapidement. Dans la réalité, "cela peut très bien mettre cinq ans", a noté Simon Wain-Hobson.

A la question "sommes-nous prêts" à une telle pandémie ?, François Bricaire de l'hôpital Pitié-Salpêtrière (Assistance publique-hôpitaux de Paris, AP-HP) a considéré d'un côté que "nous ne sommes jamais prêts devant un phénomène dont les caractéristiques ne sont ni connues ni fixées". D'un autre côté, il a estimé qu'on pouvait "se donner les moyens d'être prêts, de se mettre en situation de pouvoir réagir" rapidement à toute nouvelle situation.

Pour Patrick Yeni de l'hôpital Bichat-Claude Bernard à Paris (AP-HP), les alertes survenues dans le passé récent, y compris la grippe H1N1 où on a reproché aux autorités d'avoir surréagi, "nous ont permis d'apprendre à gérer ces situations; les connaissances techniques et d'organisation se sont améliorées".

Les différents experts ont rappelé, comme le montre aussi le film, l'importance de l'hygiène au quotidien pour limiter les risques. Si en France, les recommandations de lavage des mains édictées durant la pandémie H1N1 sont déjà un peu oubliées, à Hong Kong depuis le Sras, l'habitude des Chinois de cracher fréquemment a totalement disparu, a noté un spécialiste.

Fondation pour la recherche médicale

Le Pr Yeni a indiqué à l'APM avoir fondé "il y a trois mois" avec Simon Wain-Hobson la Fondation pour la recherche vaccinale, qui sera financée par des dons. Son objectif est de "promouvoir la recherche vaccinale", de manière générale sans cibler une infection en particulier comme la tuberculose ou l'infection à VIH.
La réflexion qui a conduit les chercheurs à créer cette fondation est qu'il existe actuellement au niveau public très peu de financements consacrés à la recherche vaccinale, a-t-il précisé.


A découvrir, la bande annonce du film Contagion


Source : infirmiers.com