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Congrès national des équipes mobiles de psychiatrie

Publié le 02/04/2008

A l'occasion de ce congrès, une association des équipes mobiles en psychiatrie a été créée, rassemblant une cinquantaine d'adhérents.

Le Dr Vincent Garcin, responsable du pôle de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent de l'EPSM Lille-Métropole et le Pr Sylvie Tordjman, chef de service de pédopsychiatrie au centre hospitalier Guillaume Régnier à Rennes, élus président et vice-présidente de la nouvelle association, ont notamment présenté le travail de leurs équipes mobiles, encore peu nombreuses.

Le Dr Serge Kannas, coordonnateur de la Mission nationale d'appui en santé mentale (MNASM), a rappelé que les équipes mobiles d'urgence et de crise "étaient très minoritaires" en psychiatrie, citant l'une des expériences pionnières, l'équipe rapide d'intervention de crise (Eric), mise en place au CHS Charcot de Plaisir (Yvelines) en 1994.

Il a également rappelé que le plan psychiatrie et santé mentale 2005-08 avait constitué une "incitation en particulier sur les équipes mobiles psychiatrie et précarité", estimées à "une quarantaine". "Il existe aussi quelques équipes de géronto-psychiatrie et d'addictologie", a-t-il souligné. Des équipes mobiles en périnatalité assurent également une prise en charge en psychiatrie.

Concernant la pédopsychiatrie, il a cité l'équipe du Centre psychiatrique d'orientation et d'accueil (CPOA) de l'hôpital Sainte-Anne à Paris "qui commence à faire un travail à domicile pour les adolescents" et "un certain nombre d'équipes assurant une mobilité qui s'apparente à une psychiatrie de liaison, extérieure à l'hôpital, auprès des adolescents ou jeunes enfants".

Dans un message diffusé lors du colloque, le directeur de l'EPSM Lille-Métropole, Joseph Halos a souligné que "l'équipe mobile [créée en 2003"> nous a permis de changer notre activité, à moyens constants grâce à l'efficience de l'intersecteur 03, (...) qui a reçu de la Haute autorité de santé (HAS) un label d'action exemplaire". Il a relevé que le colloque pourrait ainsi permettre "de multiplier [ce type d'initiatives"> au niveau national à tous les établissements qui pourront en bénéficier au grand profit des populations soignées".

La défenseure des enfants, Dominique Versini, a souligné, comme elle l'avait fait dans son rapport annuel en 2007, la nécessité de développer des "initiatives innovantes", en complément des structures existantes, pour prendre en charge les "souffrances psychiques d'adolescents" qui ont "des difficultés à formuler clairement une demande de soins".

"Cette démarche 'd'aller vers' les adolescents, dès les premiers signes alarmants de souffrance et avant que le seuil critique ne soit franchi, pour assurer des consultations hors les lieux de soins, est très importante", a-t-elle souligné, rappelant que 15% des jeunes de 11 à 18 ans présentaient des signes de souffrance psychique.

"Ces équipes peuvent répondre aux inquiétudes des parents ou de professionnels, qui sont confrontés à un adolescent en souffrance qui ne veut pas entendre parler de soins ou pour lequel le système de consultation est embolisé", a poursuivi Dominique Versini, pointant des délais d'attente de "six à huit mois" dans les centres médico-psychologiques (CMP). Elle a également rappelé que le plan "santé des jeunes" avait recommandé la création d'équipes mobiles adossées aux maisons des adolescents (MDA).

UN "ACCROCHAGE THERAPEUTIQUE"

Le Dr Vincent Garcin a appuyé la nécessité d'une prise en charge spécifique des adolescents, une population connaissant des difficultés d'accès aux soins, avec une "expression particulière des troubles" psychopathologiques, des conduites à risque, des passages à l'acte auto- ou hétéro-agressifs et des toxicomanies. Il a également évoqué des "pathologies à début insidieux, comme la schizophrénie, et les symptômes dépressifs".

"Ces interventions servent 'd'accrochage thérapeutique' et permettent de travailler sur la 'non-demande' d'adolescents qui ne viendraient pas consulter, ce qui constitue une nouvelle posture clinique. Elles servent de consultations préalables à l'engagement dans un projet de soins", a poursuivi le chef de service indiquant que 235 adolescents avaient été pris en charge en 550 interventions en 2007 et que 95% d'entre eux s'étaient rendus à la consultation de suivi proposée.

Le Pr Tordjman a également présenté le travail de son équipe de 12 professionnels -pédopsychiatres, psychologues, infirmiers, travailleurs sociaux- née en 2005 du constat que "des jeunes ne se rendaient pas au CMP". "Nous intervenons à la demande d'un tiers, via une permanence téléphonique ou le réseau de nos partenaires. Un rendez-vous est fixé dans les 48 heures".

"Pour fonctionner, nous avons utilisé une enveloppe budgétaire prévue pour un hôpital de jour, pour lequel nous n'avions pas de locaux. Grâce à des crédits 'pièces jaunes', une camionnette a été transformée en lieu de consultation", qui se déplace près des établissements scolaires ou à domicile. Les consultations peuvent également être réalisées au cabinet des médecins traitants ou en CMP.

"Chaque situation fait l'objet d'un nombre d'interventions limité et débouche, au besoin, sur un suivi en unité de soins. Nous restons en lien téléphonique avec les familles" afin notamment d'évaluer l'impact des interventions en terme de santé publique, a-t-elle indiqué, précisant que 120 adolescents avaient été pris en charge en 2007 pour un total de 600 interventions.

Ces professionnels ont par ailleurs insisté sur "l'engagement de l'adolescent" comme "principe fondamental du projet de soins". "Nous ne ferons rien sans votre accord mais nous considérons que vous avez besoin de soins et nous ne vous lâcherons pas tant que nous ne l'aurons pas obtenu", explique le Dr Garcin aux adolescents.

DES CREATIONS D'EQUIPES EN COURS

Interrogé sur l'enjeu de ce colloque par l'APM, le Dr Garcin a indiqué qu'il s'agissait de "fédérer les initiatives isolées" et "diffuser l'information auprès des professionnels ayant un projet d'équipe mobile en cours ou à venir", indiquant que des contacts avaient été pris avec des services de pédopsychiatrie ou des MDA, au Havre, à Dijon, Poitiers, Nancy ou encore Marseille.

Sollicité par l'APM, le Pr Marcel Rufo, intervenant au colloque, a indiqué que les équipes mobiles pouvaient répondre à un besoin dans certaines situations spécifiques. Travaillant actuellement avec l'AP-HM sur un projet de MDA "qui commencera à ouvrir en 2009", il a indiqué que cette structure de 70 lits "répondra à la prise en charge de l'urgence en pédopsychiatrie par une unité de 10 lits d'urgence" mais pourrait fonctionner "avec une équipe mobile".

"A la Maison de Solenn [située à l'hôpital Cochin à Paris">, sur les 1.200 consultations par mois, 3 à 4% concernaient des parents venus et revenus seuls, pour des cas pathologiques graves, comme des jeunes entrant dans la schizophrénie", a expliqué l'ancien responsable médical de la maison de Solenn. "Pour ces adolescents par exemple, une équipe pourrait offrir une intervention de proximité et un accompagnement vers une stratégie de soins".

"Nous ne vendons pas de projet d'équipe mobile clés en main. Ce type d'échange ré-interroge nos pratiques cliniques, offre des retours d'expérience et enrichit le travail partenarial, donc constitue une garantie de la pérennité de ces expériences encore novatrices", a souligné le Pr Tordjman.

Il a pointé des inadaptations structurelles, comme le seuil fixé à 16 ans entre psychiatrie infanto-juvénile et psychiatrie générale ou encore le manque de lits d'hospitalisation en pédopsychiatrie. Il a relevé des manques dans le partenariat entre les milieux médical, médico-social, éducatif et judiciaire, avec des "représentations parfois verrouillées" et "une méconnaissance mutuelle des pratiques".

Intervenant sur un secteur de 23 communes, représentant un bassin de 263.000 habitants où "30% de la population a moins de 18 ans", avec une file active de 3.200 patients, dont 1.100 adolescents, l'équipe mobile "s'engage à intervenir dans les 24 heures pour toute intervention d'urgence qui lui est signalée" par les partenaires du dispositif, "les services hospitaliers de pédiatrie, la médecine scolaire, les institutions d'accueil, les familles et les médecins traitants", "lorsque le dispositif général ne peut y répondre".

Un binôme au sein d'une équipe de "deux psychologues, six infirmières et une assistante sociale" intervient en première intention et valide cette intervention auprès d'un des trois psychiatres d'astreinte téléphonique. "Si une intervention médicale ou une hospitalisation est indiquée, une nouvelle visite est programmée", a-t-il précisé, ajoutant que "moins de 7% des interventions" aboutissaient à une hospitalisation.


Source : infirmiers.com