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Conditions de travail à l'hôpital : 14,5% des soignants envisagent fréquemment de quitter leur profession

Publié le 04/11/2015

Les aides-soignants, les infirmiers et les cadres hospitaliers sont 14,5% à "souvent" envisager de quitter leur profession, pour des raisons principalement psychologiques et faute de perspectives professionnelles, selon une étude française qui sera présentée mercredi, lors d'un colloque organisé à Paris, au ministère de la Santé.

Dans le cadre de l'analyse des raisons des abandons du métier de soignants et afin de prévenir les départs prématurés de la profession, la Commission européenne a initié, dans dix pays d'Europe, une étude sur les conditions de travail de ces personnels. Les résultats de cette étude, baptisée Next (Nurses early exit study), ainsi que ceux de son volet français (Presst), seront présentés mercredi par le coordinateur de l'étude, le Dr Madeleine Estryn-Behar de l'Hôtel Dieu (AP-HP, IVème), à l'occasion d'un colloque sur le thème "Santé et satisfaction des soignants au travail en France et en Europe".

En France, l'étude a été coordonnée par l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) qui a envoyé près de 7.000 questionnaires à des soignants de 55 établissements différents (publics, privés, médico-sociaux, sanitaires...).

L'analyse des résultats montre que 14,5% des soignants déclarent ressentir "quelques fois par mois", "par semaine" ou "chaque jour" (ces trois appellations étant regroupées sous le terme "souvent") l'envie de quitter définitivement leur profession. Ce même sentiment concerne 15,7% des infirmiers, 16,2% des infirmiers diplômés d'état (IDE) spécialisés, 13,3% des aides-soignants et 15,3% des cadres de proximité et supérieurs.

LES FACTEURS PSYCHOLOGIQUES AU PREMIER PLAN

Globalement, l'étude révèle que la volonté de quitter définitivement la profession est doublée chez les personnels estimant leur santé physique ou mentale menacée ou atteinte.

Par exemple, parmi les 1.021 infirmiers "souvent ou toujours épuisés physiquement", 24,2 % pensent souvent à quitter leur profession (contre 7,7% des 609 soignants "jamais ou rarement épuisés physiquement" et 14,2 % des 1.503 professionnels qui déclarent l'être "quelquefois").

Cette enquête montre également que, chez les infirmiers, la volonté de quitter définitivement la profession peut être multipliée par un facteur 3 à 5, en lien avec l'insatisfaction par rapport à divers éléments du poste de travail, notamment le sentiment de mauvaise utilisation de leurs compétences. Les infirmiers qui craignent de "ne plus tenir moralement face aux patients" sont 22,1% à penser "souvent" à quitter leur profession, contre 8,9% de ceux qui ne ressentent pas une telle crainte.

L'analyse simultanée des différents facteurs de risque associés à l'envie de quitter la profession de soignant montre que les facteurs psychologiques occupent le premier plan. Ainsi, les 226 IDE très insatisfaits de leurs perspectives professionnelles manifestent quatre fois plus l'envie de quitter définitivement leur profession que les 1.871 satisfaits ou très satisfaits. De plus, les 99 IDE qui témoignent ne pas être fiers d'être soignants ont deux fois plus l'envie de quitter définitivement leur profession que les 3.027 qui en sont fiers, tandis que la crainte de devenir incapable de travailler majore de 50 % l'envie de quitter définitivement sa profession.

Quatre autres facteurs majorent de 40% l'envie de quitter définitivement la profession : une capacité mauvaise ou moyenne par rapport à la demande psychologique du travail, les troubles de la santé mentale, la fatigue et le manque de possibilité d'échanger avec les collègues sur les difficultés rencontrées. En outre, le sentiment de travailler isolément, et non en équipe, majore de 20% l'envie des infirmiers de quitter définitivement leur profession.

L'étude révèle également des insatisfactions différentes selon le type de services ou de structures de soins. Ainsi, les infirmiers travaillant à l'AP-HP sont 16,1% à déclarer avoir souvent l'envie de quitter leur profession définitivement. C'est le cas de 16,3% des IDE des CHU autres que l'AP-HP, de 15% de ceux des centres hospitaliers généraux (CHG), de 16% des IDE des cliniques, de 17,8% des infirmiers travaillant en établissements privés non lucratifs et de 17,1% de ceux travaillant en centre hospitalier spécialisé (CHS). En revanche, les IDE ayant un poste en long séjour (hôpitaux locaux et maisons de retraite) ne sont que 11,1% à déclarer une intention fréquente de quitter leur profession définitivement.

En conclusion de leur étude, les auteurs suggèrent des pistes de travail "à discuter selon les réalités locales" pour améliorer la satisfaction des soignants.

Ils plaident en premier lieu pour un renforcement du travail en équipe, de la concertation entre les soignants et du soutien psychologique qui leur est proposé. Ils suggèrent aussi une meilleure transmission des informations entre paramédicaux et médecins, en assurant notamment des temps de chevauchements entre équipes successives avec des objectifs définis (formation, discussion d'organisation, staffs...).

Enfin, ils proposent plus de soutien et de proximité des cadres, un développement du tutorat, de l'expertise soignante, des choix intégrant la sécurité (comme des revêtements de sols à coefficient de glissance faible et absorbants phoniques), le respect des connaissances chronobiologiques et la compensation des pénibilités spécifiques.

Ils suggèrent enfin de mener des analyses coûts/avantages intégrant la qualité de vie au travail, comme l'ont fait les Québécois avant de généraliser, en long séjour, les lève-malades sur rails au plafond./co/mr


Source : infirmiers.com