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PSYCHIATRIE

Comment mieux appréhender ses émotions et son agressivité en Maison Centrale ?

Publié le 07/07/2010

La Maison centrale d’Arles a ré-ouvert ses portes en octobre 2009, avec des détenus devant s’acquitter de longues peines. Cette ouverture avec peu de patients a permis au psychiatre et à moi-même de réfléchir à la mise en place de projets car ces longues durées de détentions peuvent exacerber des difficultés psychiques.

Nous avons reçu tous les détenus arrivants sur la Maison Centrale et avons constaté chez certains une difficulté à exprimer leurs émotions et leur vécu. Nous avons donc pensé à mettre en place un programme pour les aider (avec un support thérapeutique qui est l’equitherapie) à mieux exprimer leurs émotions, à mieux se connaître et à se questionner sur leur propre fonctionnement psychique.

Nous nous inspirons, pour ce programme, des expériences Canadiennes en milieu carcéral.

Ce dispositif repose sur quelques principes fondateurs : le détenu est au centre du dispositif, acteur de sa formation, ce qui suppose de lui un engagement et cela ne peut se faire que sur la base d’un volontariat. Ce programme s’inscrit dans une temporalité : prendre le temps, chacun en fonction de son rythme est crucial. Une maturation est alors envisageable.

Nous avons donc rencontré un équithérapeute qui a déjà travaillé avec des détenus, mais à l’extérieur des centres de détention. Pour la Maison Centrale d’Arles, les détenus ne pouvant pas sortir, l’equitherapeute rentre dans la Maison Centrale avec deux chevaux, ainsi que tout le matériel nécessaire pour la journée.

Cette activité s’est déroulée au sein de la Maison Centrale sur 2 jours en juin avec 2 groupes de quatre détenus, patients choisis sur indication médicale du Docteur HADAOUI (psychiatre de l’UCSA) et avec l’accord du Docteur DUBUISSON (médecin référent de l’ucsa d’Arles). Le travail avec l’équithérapeute se fait non pas pour monter sur le cheval, mais avec des gestes et la parole pour guider le cheval et ainsi entrer en relation avec l’animal. Le cheval est un animal émotionnel, il fonctionne et il survit grâce à sa capacité à ressentir et interpréter les émotions d’autrui, ce qui permet de renvoyer au patient sa propre capacité à rentrer en relation et à créer des liens. La thérapeutique avec le cheval se fait donc à travers deux types de relations :

  • la relation sociale : le patient est à pieds, au sol, il rentre en relation avec le cheval
  • la relation cinesthésique sensorielle : le patient est à côté du cheval, le touche et communique à l’aide de son corps.

Nous avons présenté à chaque patient le programme avant sa mise en place effective, et avons évalué le programme avec le Docteur Hadaoui. Actuellement, nous sommes en train de réaliser une nouvelle évaluation avec le psychiatre de ces premières séances (évaluation psychiatrique en entretien). L’équithérapeute prépare aussi de son coté son évaluation sur la journée avec chaque patient. L’objectif est de pérenniser ces séances afin de réaliser l’année prochaine une journée par mois avec quatre patients, et pour chaque groupe, la possibilité d’effectuer deux séances. Nous recherchons actuellement des financements.

Nous recherchons aussi des contacts avec d’autres psychiatres et d’autres équipes qui travaillent en UCSA (unité de consultations et de soins ambulatoires) ou en SMPR (Service Médico Psychiatrique Régional) pour échanger sur ce projet.



Laurent SEGUI
Infirmier coordinateur des soins psychiatrique sur la Maison Centrale d’Arles
paramedua2@ch-arles.fr


Source : infirmiers.com