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Chimiothérapie à domicile : elle reste difficile à pratiquer en Gironde et Dordogne par les infirmiers libéraux

Publié le 07/02/2006

"Il y a 12-13 ans, les malades ont commencé à accepter l'idée d'une chimiothérapie à domicile, ce qui a conduit pour le personnel infirmier à l'obligation de suivre une formation spécifique de 3 jours (dont deux théoriques et une pratique), mise en place dès 1991", rappelle-t-il.

La cotation de l'acte est d'un AMI 10 pour les perfusions inférieures à un heure de chimiothérapie anti-cancéreuse et d'un AMI 15 pour une durée supérieure à une heure, l'AMI 1 étant égal à 2,90 euros, explique à APM Santé Marcel Félice, infirmier libéral à Bordeaux, en signalant qu'un tel acte est non seulement intéressant et valorisant pour le professionnel de santé mais aussi rentable sur le plan économique.

"La formation a été rendue obligatoire en raison de la mise au point d'un nouveau dispositif appelé chambre implantable : il s'agit d'une capsule fixée sous la peau et reliée à un cathéter placé dans la veine sous-clavière. Ce système permet d'éviter de piquer directement dans les veines dont l'état se révèle souvent fragile chez les malades cancéreux", informe Marcel Félice.

Au départ, cet infirmier a été formé dans un centre anticancéreux, mais aujourd'hui, il ne peut que constater que malgré cette spécificité supplémentaire qu'il a acquise, la pratique d'une chimiothérapie à domicile reste anecdotique pour lui, ce qui semble également le cas pour la majorité des infirmiers de Gironde et de Dordogne avec lesquels il partage ses expériences.

"Ce sont les patients dotés d'une ordonnance de chimiothérapie qui nous appellent et non des médecins oncologues hospitaliers, pour pratiquer non pas tant une chimiothérapie, mais plus souvent un retrait d'une perfusion posée initialement à l'hôpital", déplore-t-il. Cette activité reste donc pour lui ponctuelle, d'autant plus qu'il n'existe pas de réseau ville/hôpital dans la région, ce qui faciliterait pourtant les conditions d'exercice des infirmiers libéraux dans ce domaine.

"La création d'un réseau ville/hôpital apporterait certainement un PLUS avec l'existence en particulier d'un infirmier référent et de dossiers de soins assurant un bon suivi des malades", souligne-t-il.

PLUSIEURS FREINS PERSISTANTS

"Il existe d'ores et déjà un gros problème économique au déploiement de la chimiothérapie à domicile, les services hospitaliers d'oncologie préférant confier cette tâche aux hôpitaux de jour pour des raisons essentiellement économiques", informe Marcel Félice en s'interrogeant également sur une éventuel manque de confiance de la part des oncologues hospitaliers.

Par ailleurs, il existe un problème de préparation des chimiothérapies. "En effet, explique-t-il à APM Santé, les perfusions doivent être préparées selon un procédé technique particulier, c'est-à-dire sous flux laminaire de haut en bas, afin d'éviter aux préparateurs d'inspirer éventuellement des molécules cytotoxiques".

Mais selon lui, même avec cette méthode de préparation, les pharmacies des hôpitaux pourraient très bien préparer une grande majorité de chimiothérapies, conservées ensuite au froid puis délivrées à domicile.

"Très souvent, les malades cancéreux ont à leur disposition un baxter, sorte de poche de latex située elle-même dans une bulle en plastique de deux fois la taille d'une orange, dans laquelle est injectée la quantité de produit de chimiothérapie nécessaire pour couvrir la période souhaitée (de 1 à 5 jours), la poche permettant d'exercer une pression constante pour assurer un débit constant, le produit restant par ailleurs à température ambiante", décrit-il.

"Ainsi, poursuit-il, si la première perfusion doit être initiée à l'hôpital, notamment pour s'assurer de la bonne tolérance du produit utilisé et de l'absence de choc pouvant survenir chez le malade, en revanche, avec le système de baxter, la chimiothérapie peut tout à fait se poursuivre à domicile, ce qui permettrait aux infirmiers libéraux de se sentir valorisés après une formation obligatoire. On nous impose de nous former, mais rien ne suit après".

Selon lui, il y a une quinzaine d'années, la chimiothérapie à domicile a connu un développement que l'on croyait durable. "Or, il n'en est rien car aujourd'hui, l'activité a chuté en Gironde et est même revenue aux hôpitaux de jour".

Dans cette région, il existe bel et bien un réseau en cancérologie mais uniquement cantonné à l'interhospitalier. "Ce réseau a réalisé une étude sur les freins du retour à domicile sans faire participer d'infirmiers libéraux, ce qui semble le comble ! Rien depuis n'a été fait en direction des soins de ville", s'insurge-t-il tout en constatant, non sans une pointe d'amertume tout à fait justifiée, que malgré l'obligation pour les établissements de coopérer avec la ville relative au plan cancer, les écrits n'ont toujours pas été suivis de réalisations concrètes sur le terrain.

"Les infirmiers libéraux de Gironde et de Dordogne se sentent exclus, la coordination ville/hôpital semble très longue à se mettre en place et un problème de cloisonnement entre les deux secteurs de santé persiste, en dépit de la priorité donnée par le plan cancer, laissant ainsi la plupart des professionnels paramédicaux dans l'incompréhension", conclut Marcel Félice./ajr


Source : infirmiers.com