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EMPLOI

Caroline 24 ans, jeune infirmière au chômage...

Publié le 21/09/2015
jeune femme au chomage

jeune femme au chomage

Caroline, jeune infirmière diplômée d’État a répondu à notre appel à témoignage. Son message était le suivant : « j'espère de tout coeur qu'il sera lu, entendu, et publié… ». Alors oui, parmi tant d'autres reçus, souvent à l'identique de celui-ci , son message nous a touché et vous touchera sans nul doute. « Je suis la réalité d'aujourd'hui et celle de demain, je suis Caroline 24 ans, jeune infirmière au chômage » écrit-elle.

Pour Caroline les désillusions après le diplôme d’État se ramassent à la pelle…

Jeune diplômée d’État, j'écris pour faire entendre la réalité d'aujourd'hui et de demain… La réalité c'est moi, et des milliers d'autres jeunes diplômés, des infirmiers laissés pour compte au chômage. Ceux dont on ne parle jamais dans les médias, comme s'il fallait taire ce phénomène.  Souvent oubliés, ou mis au dernier plan, encore une fois aujourd'hui les infirmiers font face à une nouvelle crise que tant de monde ignore.  Profession idyllique au service des vies, emploi à la pelle, et pourtant il en est tout autre : Tu ne trouves pas de boulot, je n'aurais jamais pensé, et ben ...

Je suis infirmière diplômée depuis le mois de juillet 2015 à la recherche d'un emploi. Au début, quand on envoie les lettres de motivation et les CV, on se dit qu'on devrait vite trouver et rentrer dans la vie active et pourtant. Je me revois assise sur ma chaise d'étudiante en soins infirmiers, j'entends encore le directeur nous prévenir qu'il n'y aura pas assez de poste pour l'ensemble de ma promotion d'une centaine de futurs soignants.

Je pense à tous ces patients à qui j'ai tenu la main, à toutes ces infirmières géniales que j'ai croisées et qui m'ont donné la passion du métier, je ne les remercierais jamais assez.

Je me croyais à l'abri, je pensais passer au travers du maille du filet. Et me voilà à pointer au pôle emploi chaque mois, à participer à des réunions obligatoires où personne ne connaît rien de notre profession. A espérer sortir de là avec un emploi ? Qu'ai-je fait pour mériter cela ? Mes résultats n'étaient-ils pas assez bon ? Pourtant mes moyennes frôlaient parfois l'excellence… Suis-je une  mauvaise soignante ?

Me voilà aujourd'hui assise à témoigner de la réalité. A l'heure qu'il est je devrais être dans un service à exercer le métier que j'ai choisi, celui que j'aime. Mais voilà, je me lève chaque matin dans l'espoir qu'un employeur aura retenu ma candidature. Combien sommes-nous dans ce cas ? Combien sommes-nous à nous sentir dévalorisés encore une  fois, après trois longues années d'études, à faire des sacrifices, à partir en stage la boule au ventre, à passer des nuits entières à douter mais à continuer pour faire le métier qu'on aime ?

Il faudrait trouver des solutions au problème, pendant combien de temps certaines promotions seront-elles encore autant chargée, pour si peu d'emplois à la sortie ? Je sais que dans certaines écoles, comme dans la mienne, le problème commence à être entendu, mais c'est si peu à l'échelle de la France… Quand les hôpitaux arrêteront-ils de faire entendre qu'ils sont en manque de personnel ? Ne devraient-ils pas d'abord dire qu'ils n'ont plus le budget pour embaucher ?

Profession idyllique au service des vies, emploi à la pelle, et pourtant il en est tout autre : "Tu ne trouves pas de boulot, je n'aurais jamais pensé, et ben ..."

Je pense à tous ces patients à qui j'ai tenu la main, à toutes ces infirmières géniales que j'ai croisées et qui m'ont donné la passion du métier, je ne les remercierais jamais assez. Vous m'avez donné l'envie d'exercer ce métier qu'est le nôtre avec son lot de difficultés, mais je ne peux  pas le faire, pas maintenant. Dites-moi pourquoi ?

Le 17 juillet 2015 après trois ans de long chemin, j'ai reçu le fameux diplôme qui aujourd'hui est rangé dans un tiroir. Mais je ne lâcherais rien ! Amis, soignants, faites-vous entendre… Je suis la réalité d'aujourd'hui et celle de demain, je suis Caroline 24 ans, jeune infirmière au chômage.

Caroline  Jeune infirmière diplômée d’État au chômage


Source : infirmiers.com