A la suite de la vague de chaleur sans précédent qui a touché la France durant l'été 2003, le ministre de la Santé a chargé le 20 août 2003, une mission de procéder à l'expertise et à l'évaluation du système de santé pendant la crise. La canicule est à l'origine de plus de 11.000 décès durant la première quinzaine d'août.
Composée du Pr Alain-Jacques Valleron, épidémiologiste à l'Inserm, du Pr Sylvie Legrain, gériatre (hôpital Bichat), du Dr Françoise Lalande, inspectrice générale des affaires sociales, du Dr Dominique Meyniel, chef du service des urgences médicales de l'hôpital Tenon, la mission s'est concentrée sur le fonctionnement et la fiabilité des systèmes d'alerte, de prévention et de gestion de la crise, ainsi que du fonctionnement et de la prise en charge des personnes âgées.
Le premier diagnostic est accablant. "Cette catastrophe est survenue alors qu'aucun programme d'action contre la chaleur n'a été mis au point. Faute d'anticipation, d'organisation et de coordination, la réponse n'a pas été adaptée. La mise en commun des informations disponibles par chacun des acteurs impliqués aurait permis de percevoir plus tôt le caractère exceptionnel du phénomène, de dépasser plus rapidement les interrogations sur les fluctuations habituelles des activités d'urgence, et ainsi de réagir plus vite, de façon mieux coordonnée et sans doute efficacement", concluent-ils.
Selon eux, la crise a été le "révélateur dramatique des difficultés préexistantes du système de soins, et notamment des services d'accueil des urgences et des services accueillant les personnes âgées ainsi que de la permanence de soins exercée par la médecine libérale". Elle a été fortement aggravée par le caractère massif des départs en congés et les fermetures de lit du mois d'août.
En outre, "les décès des personnes âgées à domicile s'expliquent par l'insuffisance d'anticipation de tous les acteurs, mais aussi à l'échelon local, par l'absence de repérage des personnes vulnérables ou des personnes vivant seules, et par l'incapacité particulièrement au mois d'août, à mobiliser les acteurs nécessaires".
Les auteurs reconnaissent que les décès des personnes âgées vivant en établissement ont été très nombreux. "Aucune crise étrangère n'avait mis l'accent sur ce problème. Seule une analyse approfondie permettra de connaître les facteurs explicatifs de cette surmortalité".
En outre, la mission met l'accent sur le fait que de nombreuses victimes consommaient des médicaments dont certains (neuroleptiques, diurétiques) sont des facteurs de risques identifiés. "Il faudrait vérifier si la forte consommation médicamenteuse et la polymédication qui caractérisent notre pays, n'ont pas joué un rôle aggravant dans ce processus", ajoute-t-elle.
La mission avance des propositions pour remédier à ce constat./yg
INFOS ET ACTUALITES
Canicule : premier diagnostic accablant d'une catastrophe sanitaire
Publié le 08/09/2003
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Source : infirmiers.com
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