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CADRE

Cadres de santé : prendre la vague... ou se la prendre ?

Publié le 05/12/2018
journée ANCIM amphi novembre 2018

journée ANCIM amphi novembre 2018

Il semble que le cadre de santé tel que l’ont créé les textes de 1995 appartienne à une époque révolue. C’est en tout cas l’impression qui était partagée par la majorité des participants de la 27ème Journée de l’ANCIM, fin novembre, après une table ronde qui n’a répondu à aucune des questions relatives à la formation des cadres. On s’achemine sans doute vers une séparation des deux filières, formateur et manager, avec des champs d’exercice différents. Comment la formation des cadres de santé va-t-elle évoluer dans un avenir proche, la fonction elle-même étant soumise à la complexité et à l’instabilité de son environnement ? Nul ne peut le dire aujourd’hui.

Les propositions de l’ANCIM relatives à la formation des cadres

Si la réingénierie de la formation des cadres de santé, qui est en chantier depuis au moins cinq ans, n’a pas abouti, c’est peut-être que les tutelles envisagent une refonte en profondeur, jusqu’à la fonction de cadre de santé elle-même.

La table ronde qui a eu lieu le 30 novembre dernier à l’occasion de la 27ème Journée nationale des cadres de santé organisée par l’Association Nationale des Cadres Infirmiers et Médico-techniques (ANCIM) ne nous a pas éclairé outre mesure sur le sujet. La présidente de l’ANCIM, Dominique Combarnous, présentait, en préambule, la position de son association, en faveur d’une formation de deux premiers semestres à temps plein, selon un tronc commun tout d’abord, puis en alternance, soit dans une filière de soins, soit dans une filière formation. Une proposition qui s’accorde avec les souhaits formulés il y a quelques temps par l’Association des Directeurs de Soins (AFDS) ou la Fédération Hospitalière de France (FHF).

Rien de nouveau dans les dossiers du ministère

Mais dans un contexte affirmé d’universitarisation des formations paramédicales , l’assemblée attendait beaucoup de l’intervention de Stéphane Le Bouler, Responsable de la mission interministérielle sur ce thème et invité à cette table ronde, comme Gilles Desserprit (Directeur de l’IFCS de la Pitié-Salpêtrière), Luc Durand (Coordonnateur des soins du CHU de Bordeaux) et Christophe Pascal (Directeur de l’IFROSS). Mais tout le monde est resté sur sa faim. Car s’il conduit avec assurance les dossiers relatifs à la formation des infirmiers, il ne semble pour l’instant pas concerné par celle des cadres. Il a donc, lors de ses prises de parole du 30 novembre, traité de sujets qui n’avaient pas grand intérêt pour l’assistance, utilisant un phrasé et une syntaxe dont les politiques savent faire usage lorsqu’ils souhaitent entretenir le flou.

Au final, il semble que la fonction de cadre de santé issue des textes de 1995 appartienne à une époque révolue. Il ne tient qu’à nous de prendre la vague, comme nous y a encouragé l’ANCIM dans le titre de sa journée annuelle, plutôt que de se la prendre...

Le chant du cygne pour les IFCS ?

Alors, à quoi devons-nous nous attendre ? Si la réingénierie de la formation des cadres de santé, qui est en chantier depuis au moins cinq ans, n’a pas abouti, c’est peut-être que les tutelles envisagent une refonte en profondeur, jusqu’à la fonction de cadre de santé elle-même. Car il semble maintenant très probable que les formateurs de professions paramédicales et les managers de santé seront séparés dès la période de formation, cette évolution sonnant le glas des IFCS. Les premiers devront acquérir un statut d’enseignants chercheurs dans les universités qui accueillent désormais les cursus paramédicaux, les autres étant destinés à fréquenter les écoles de management ou les facultés de sciences humaines ou économiques. Reste à savoir, au cas ou cette supposition se révélait juste, comment seraient sélectionnés les candidats et si l’échelle sociale et professionnelle fonctionnerait encore pour les soignants.

Une posture désormais très inconfortable pour les managers de santé

À l’instar de ce qui se passe à l’EHESP, qui forme des directeurs d’hôpitaux qui n’ont jamais vu un patient de près ou de loin, on risque de voir arriver dans nos services des managers sans aucune culture du soin, voire du sanitaire en général. D’autre part, les médecins hospitaliers, incités en cela par le Ministère à coups de petites propositions dans la Grande conférence de Santé ou dans « Ma Santé 2022 » , investissent de plus en plus le champ du management et se forment eux-mêmes à ses pratiques et à ses subtilités. Et ils viennent donc en concurrence directe avec les cadres de santé qui sont déjà dans une posture très inconfortable, notamment avec l’arrivée des infirmiers de pratique avancée aux prérogatives élargies.

Au final, il semble que la fonction de cadre de santé issue des textes de 1995 appartienne à une époque révolue. Il ne tient qu’à nous de prendre la vague, comme nous y a encouragé l’ANCIM dans le titre de sa journée annuelle, plutôt que de se la prendre...

Bruno Benque
Rédacteur en chef www.cadredesante.com
bruno.benque@cadredesante.com
@bbenk34


Source : infirmiers.com