Cadre de santé par défi

Malgré l’opposition d’une partie de sa hiérarchie, Marie-Claire décide de devenir cadre de santé. Récit d’un parcours marqué par une belle rencontre entre un « maître » et son élève.

Manipulateur radio de formation initiale, ex militaire engagée pour servir, rebelle dans l’âme, rien ne me destinait à devenir cadre de santé.

Pourquoi ce choix alors que je m épanouissais comme poisson dans la nasse, perturbatrice à mes heures, et mouche du coche professionnelle ?

Briser l’image : Un moteur

Tout simplement pour faire mentir les préjugés et les idées reçues, faire taire les sempiternels « Vous n’avez pas le profil de ! » Pour briser le cercle infernal des critères de choix basés sur la subjectivité.

Parce que dotée d’un ego surdimensionné, je voulais briser le carcan hospitalier, son immobilisme qui est un frein à la reconnaissance des talents, surtout si ceux ci ne sont pas très politiquement corrects. Pour faire taire tous ces donneurs de leçon qui percevait mon esprit critique comme un frein et non comme une chance.

Toutes ces raisons et d’autres telles que la colère, la frustration, la certitude d’être dans le vrai, le cynisme, « rire du désespoir », et la dérision m’ont poussée à présenter le concours d’entrée aux instituts de formation des cadres de santé.

Je n’avais pas de projet professionnel, juste le défi de montrer que, malgré l’image dont on m’avait affublée, je pouvais parfaitement réussir cette sélection.

La direction des soins : un soutien

Ayant essuyée de la part de ma hiérarchie supérieure un refus quant à ma demande de bénéficier de la préparation au concours d’entrée, j’ai eu le soutien de la direction des soins, qui a invalidé l’avis défavorable et m’a donné ma chance. Forte de cette préparation j’ai réussi les épreuves de sélection.

La suite fut loin d’être évidente, car ne bénéficiant pas de la prise en compte au titre de la formation continue, j’ai dû me subventionner. Outre le fait de payer mes études, j’ai également dû suivre cette formation en alternance : de nuit, manipulatrice de garde ; de jour, manipulatrice de garde et étudiante cadre ; manipulatrice d’astreinte les week-end.

L’IFCS : Une chance, une rencontre

Si l’enseignement dispensé en IFCS est, en ce qui me concerne, très largement sujet à critique, il n’en demeure pas moins que depuis leur ouverture sur la faculté, les IFCS sont devenus lieux d’ouvertures et de rencontres. L’ouverture sur l’entreprise - vision d’un autre mode de management -, le travail de recherche - ou mémoire, point d’orgue de la formation -, ont été pour moi les révélateurs de la fonction d’encadrement.

Ce n’est pas tant le travail de recherche, mais la relation établie avec le directeur de recherche qui a été pour moi primordiale. Ma chance est venue de l’acceptation de suivre mon travail par une intervenante, professeur en économie et chercheur en santé de l’Université Paris Dauphine.

Ce travail a autorisé la rencontre d’un maître et de son disciple. J’ai trouvé « mon druide » qui m’a poussée dans la marmite de la nouvelle gouvernance. La révélation du métier, cette idée de la fonction d’encadrement - bâtisseur, innovateur et porteur de projets - qui me porte aujourd’hui, c’est à elle que je le dois. En fait c’est au travers de ces rencontres, de ces échanges que je me suis construite.

Son enseignement intelligent et sans concession, le respect qu’elle a su me montrer, m’ont portée tout au long de ces neufs mois, mais également les années suivantes, pour me mener à un master en management des systèmes de santé et à des responsabilités de cadre responsable de pôle.

Et depuis ...

Je n’ai pas intrinsèquement changé. L’IFCS formate ceux qui veulent être formatés. Le cadre qui sort estampillé IFCS possède les outils de management et c’est à lui de se positionner en temps personnel d’encadrement. Les premiers de la classe ne feront pas forcement de bons cadres. Etre cadre, on l’a en soit, l’IFCS n’agit que comme exhausteur de cadre.

Marie-Claire CHAUVANCY
Cadre de santé
marieclaire.chauvancy@wanadoo.fr