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Baromètre des salaires de l’Appel médical : les spécialités de plus en plus chères en intérim !

Publié le 23/05/2019
emplois IDE grance 2019 appel médical

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grille 2019 iade salaire

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baromètre appel médical aides-soignants emplois 2019

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grille appel médical 2019 ibode

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billets salaire

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Les infirmiers diplômés d’Etat (IDE) restent la première profession de santé en termes d’effectifs. Cependant, les établissements de soins ont de plus en plus de difficultés à les recruter. Dans ce contexte difficile, le dernier Baromètre des salaires de l’Appel médical évoque une faible revalorisation des rémunérations des infirmiers (1,6% en 2018). En revanche, la société d’intérim évoque des salaires plutôt élevés concernant deux spécialités (Ibode et Iade). Ces chiffres reflètent-ils la réalité du terrain ? On vous explique tout !

Une pénurie de compétences dans les établissements de santé se fait sentir depuis quelques années. Il devient de plus en plus problématique de recruter des soignants que ce soient des infirmiers ou des aides-soignants. Et pour cause : les conditions de travail pénibles n’améliorent pas l’attractivité de ces métiers. On constate par conséquent un turn over considérable pour ces postes. Cependant, cette tension importante sur le marché de l’emploi ne se traduit pas forcément sur la fiche de paie !

Selon la 8e édition du Baromètre des salaires de l’Appel médical, les rémunérations des IDE auraient tout de même évolué de 1,6% passant de 2253 € brut mensuel en 2017 à 2289 € brut en 2018. C’est dans le secteur public que la progression serait la plus remarquable (+3,4%) contre 1% d’augmentation dans le privé. Ainsi, les infirmiers auraient été mieux payés dans la fonction publique en 2018 que dans le privé (2300 € brut contre 2255 € brut). Toutefois, les statistiques montrent également de grandes disparités en fonction des régions. Les IDE semblent mieux rémunérés en Occitanie que dans Hauts de France par exemple (cf. carte).

Par ailleurs, le contexte actuel pousserait également les établissements, toujours d’après les données de l’Appel médical, à proposer plus de CDI plutôt que des missions temporaires.


 

Méthodologie de l’étude

  • Le Baromètre Appel Médical des salaires de la santé est une étude basée sur les salaires réels constaté, et donc non déclarative, réalisée sur les années pleines 2018 et 2017. 
  • L’édition 2019 – 8e édition - du Baromètre a reposé sur l’analyse de 822 996 fiches de paie d’intérimaires Appel Médical. La règle imposant qu’un intérimaire soit rémunéré au même niveau qu’un salarié titulaire garantit une bonne représentativité des salaires.  
  • L’étude couvre les six grands secteurs du monde de la santé et les 13 métiers associés. La base de traitement est le salaire brut mensuel : les congés payés (10 %), les indemnités de fin de mission (10 %) et les primes variables n’ont pas été pris en compte.  
  • Par ailleurs, le baromètre ne mesure pas les avantages indirects et complémentaires à la rémunération tels l’accès à un logement, une crèche, des primes exceptionnelles de recrutement, de mobilité...




Les grilles n’ont pas changé dans le public, ce Baromètre ne reflète pas la réalité - Snibo

Les spécialités "tirent leur épingle du jeu" selon la société d’intérim

En ce qui concerne les spécialités, les rémunérations avancées par l’Appel médical peuvent surprendre. En 2018, les fiches de paie des Ibode intérimaires recensées pour l’étude affichent une moyenne de 3364 € brut par mois, une hausse de 2,2% par rapport à l’an dernier. Il s’agit de la plus forte valorisation salariale selon le Baromètre. La raison avancée : la rareté de ces profils qui engendre une concurrence entre les secteurs, ce qui se ressent au niveau salarial. En 2018, selon les chiffres, c’est la fonction publique qui offre la meilleure progression avec une hausse de 3,4% (contre 2,1% dans le privé). Néanmoins, les rémunérations restent plus élevées dans le privé avec un écart de 200 € brut en moyenne.



En outre, si dans sa méthodologie l’Appel médical soutient que la règle imposant qu’un intérimaire soit rémunéré au même niveau qu’un salarié titulaire garantit une bonne représentativité des salaires (cf. encadré), on peut en douter. D’après Laurence Boulou, présidente du Snibo (Syndicat National des Infirmiers de Bloc Opératoire) et Sylvain Carnel, membre du même syndicat, ces données ne sont nullement représentatives des rémunérations de l’ensemble de la profession. Pour donner une idée, le salaire d’un Ibode avec 30 ans de carrière c’est 3045 € brut mensuel. Cela fait une grande différence avec les chiffres avancés par l’Appel médical. Et de poursuivre : le salaire des Ibode augmente en intérim car nous ne sommes pas nombreux en France. De plus, certains chirurgiens veulent se mettre à la page et respecter la loi sur les actes exclusifs en intégralité .

Effectivement, le recrutement des Ibode est particulièrement tendu au vu de leurs effectifs. La situation se complexifie avec le décret du 27 janvier 2015 sur les actes infirmiers relevant des compétences exclusives Ibode . Si des mesures transitoires ont été mises en place pour pallier la pénurie , reste qu’il faut former davantage de professionnels. Une raison supplémentaire pour mettre en place une revalorisation salariale. Les grilles ne changent pas. On constate une fuite des Ibode vers le privé. La fonction publique doit revaloriser poursuit le SNIBO. C’est d’ailleurs prévu par le gouvernement mais cela risque de prendre un certain temps : quelques mois, voire quelques années. C’est l'un des prochains dossiers à mener mais on n’a pas de date. De plus, cela ne concerne pas seulement le ministère des Solidarités et de la Santé mais aussi celui des Finances conclut le syndicat.

De même que leurs confrères et consœurs de bloc opératoire, les infirmiers anesthésistes sont très recherchés par les établissements hospitaliers

Une situation similaire pour les Iade

La pénurie d’infirmiers anesthésistes (Iade) est aussi sensible sur le marché du travail et la demande serait croissante selon l'Appel médical. L’évolution de leur rémunération serait toutefois  plus modeste que celles des Ibode avec une hausse affichée de 1,1% en moyenne et un salaire moyen de 3988 € brut mensuel. C’est, cette fois, le secteur privé qui montre une bonne dynamique avec une augmentation de 1,7% par rapport à l’an dernier contre 1,4% dans la fonction publique. Ainsi, les rémunérations demeurent nettement plus avantageuses dans le privé (4061 € brut mensuel contre 3954 € brut dans le public). Là encore, ces chiffres reposent sur les fiches de paie d’Iade engagés en intérim (cf. encadré "Méthodologie de l'enquête"), la représentativité des salaires annoncés reste donc sujette à caution. Attention aux chiffres ! Il s’agit de salaires bruts d’intérimaires qui sont beaucoup mieux payés que 85 % des infirmiers anesthésistes qui travaillent dans le service public avec des grilles obsolètes. Au final, en tout cas dans le secteur public, on n’atteint pas ces rémunérations. Au niveau méthodologique, il serait bon de savoir si les contrats concernaient des équivalents temps plein. Est-ce qu’on est bien sur 35 heures par semaine ou sur 40 heures surtout que les vacations sont relativement bien payées dans le secteur privé pour les Iade intérimaires (aux alentours de 30 € net de l’heure). On obtient donc des chiffres qui sont impressionnants et qui peuvent être presque trompeurs explique Simon Taland, secrétaire général du SNIA (Syndicat national des Infirmiers Anesthésistes).
 

 

Les aides-soignants, indispensables mais souvent oubliés

En 2018, les aides-soignants auraient gagné 1769 € brut par mois en moyenne. Des rémunérations en faible hausse (1,4%) par rapport à 2017. S’ils sont indispensables au bon fonctionnement des établissements, les aides-soignants se retrouvent également dans une situation de pénurie . Pourtant, le manque de professionnels disponibles et les tensions qui en résultent ne se répercutent pas vraiment sur le bulletin de paie. D’après les statistiques, c’est le secteur public qui offre les salaires les plus élevés (1876 € brut mensuel). On constate des écarts salariaux très significatifs avec l’associatif (plus de 100 € de moins par mois) et encore plus avec le secteur privé où le salaire moyen atteint 1761 euros brut soit près de 200 € de moins par rapport au public. On constate également de grand écart en fonction des régions : les aides-soignants exerçant en Bourgogne Franche-Comté sont mieux payés que ceux vivant en PACA.

 


Ainsi, la pénurie de compétences dans le secteur hospitalier et du soin n’est pas nouvelle. Elle résulte d’une crise qui subsiste depuis plusieurs années, liée à des salaires considérés comme trop faibles et des conditions de travail jugées trop souvent difficiles. Dans ce contexte, les établissements de soin n’ont pas d’autres choix que de libérer les cordons de la bourse pour pouvoir s’attacher les compétences dont ils ont besoin. Il est urgent de revaloriser les métiers de la santé en proposant, au-delà des seuls niveaux de salaires, de véritables parcours de carrière. Pour que le secteur hospitalier et du soin puisse attirer les meilleurs potentiels, analyse Christophe Bougeard, Directeur Général d’Appel Médical. Il est clair qu’au niveau des réformes, la plus grande attente des infirmiers et des aides-soignants reste d’obtenir davantage de reconnaissance, ce qui passe nécessairement par des rémunérations plus décentes. Une attente qui perdure depuis trop longtemps…

Roxane Curtet Journaliste infirmiers.com roxane.curtet@infirmiers.com  @roxane0706


Source : infirmiers.com