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Bactéries super-résistantes : nouveau signal d’alarme !

Publié le 05/08/2019
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L’antibiorésistance est un des principaux enjeux sanitaires actuels . Or, une étude britannique qui vient de paraître dans la revue Nature apporte des précisions inquiétantes sur la propagation d’une bactérie particulièrement dangereuse. Selon les chercheurs, celle-ci se développe d’une manière alarmante dans les hôpitaux européens.

Klebsiella pneumoniae est une bactérie présente dans notre intestin mais qui devient pathogène un fois dans le sang. Or, des souches ultrarésistantes se propageraient dans les hôpitaux.

Des bactéries potentiellement mortelles et super-résistantes se propagent dans les établissements de santé en Europe. En effet, diverses souches de la bactérie Klebsiella pneumoniae avaient provoqué le décès de 341 personnes en 2007, or, en 2015 elles seraient la cause de plus de 2000 morts (soit près de six fois plus en moins de 10 ans), ce qui alarme la communauté scientifique.

D’après des travaux menés par une équipe britannique parus dans Nature Microbiology Journal, la majorité des infections dues à ce pathogène en Europe se transmettraient dans l’enceinte des hôpitaux. Au Royaume-Uni, ces souches ont été découvertes dans 15 établissements.

Ces recherches soulignent l’importance du contrôle des infections et de la surveillance génomique de l’antibiorésistance pour s’assurer de détecter tout nouveau phénomène de résistance le plus tôt possible et combattre sa propagation.

Une bactérie "prioritaire" pour l’OMS

Cette bactérie n’a pas été choisie au hasard par les scientifiques comme sujet d’étude. Si ce micro-organisme est souvent présent dans le tractus intestinal où il demeure inoffensif, il devient infectieux une fois dans la circulation sanguine ou dans le système respiratoire. Les jeunes enfants, les personnes âgées et les personnes immunodéprimées restent les plus à risque.

En outre, K. Pneumoniae est un pathogène déjà classé comme extrêmement résistant aux antibiotiques. Et pour cause, certaines souches ont développé un moyen d’échapper aux carbapénèmes, famille de médicament utilisée en dernier recours contre les infections bactériennes. Ce qui classe ce micro-organisme comme un des agents infectieux résistants prioritaires sur la liste établie par l’OMS. D’ailleurs, une autre étude récente avait suggéré que les colonies de K. pneumoniae résistantes aux carbapénèmes s’avéreraient les superbactéries les plus dangereuses en Europe en termes de morbidité et de mortalité.

La dissémination de ces bactéries résistantes aurait lieu majoritairement dans les lieux de soins

Les infections seraient majoritairement nosocomiales

Les scientifiques savent que ces bactéries ont acquis une résistance aux médicaments de dernière intention via des enzymes ayant la capacité de couper les carbapénèmes les rendant ainsi inactifs. C’est pourquoi les chercheurs ont analysé, au cours de leur travaux, les génomes de 1700 colonies de bactéries provenant de 244 hôpitaux répartis dans 32 pays d’Europe.

Les résultats révèlent que plus de la moitié des souches possédant ces enzymes étaient étroitement associées génétiquement à d’autres colonies provenant du même établissement. Ces données laissent donc supposer que les hôpitaux seraient le principal lieu de propagation des bactéries ultra-résistantes. Dans notre étude, nous avons découvert que les bactéries se propagent à travers les patients soignés dans le même hôpital, ou dans différents établissements mais qui sont proches géographiquement, souligne au journal The Telegraph le Dr Sophia David, principale auteure des travaux.

Bien sûr, le recours important aux antibiotiques dans les établissements de soins favorise la dissémination des souches hautement résistantes. C’est pourquoi, selon les chercheurs, optimiser au mieux l’hygiène hospitalière reste nécessaire pour limiter leur propagationLa maitrise des infections dans les hôpitaux sera vraiment essentiel pour contrôler ces bactéries, estime le Dr David. L’étude démontre également « l’importance de la surveillance génomique des colonies pour contenir les" clones à haut risque "et suivre leur expansion entre et au sein des hôpitaux et des pays. ». Ainsi, malgré des données inquiétantes des solutions demeurent possibles. Nous restons optimistes. Avec une bonne hygiène au sein des hôpitaux, ce qui inclut une identification et une isolation rapide des patients porteurs de la bactérie, nous pouvons non seulement ralentir la dissémination de ces pathogènes mais aussi parvenir à la contrôler, tempère le Pr Hajo Grundmann, co-auteur des travaux.

Roxane Curtet Journaliste infirmiers.com roxane.curtet@infirmiers.com  @roxane0706


Source : infirmiers.com