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Au moins dix ans de réclusion criminelle requis contre Christine Malèvre

Publié le 31/01/2003

"Je demande une peine qui ne soit pas inférieure à dix ans de réclusion criminelle, dix ans de privation des droits civiques, des droits civils et de la famille et une interdiction d'exercice de la profession d'infirmière", a-t-il déclaré à l'issue d'un réquisitoire de près de deux heures.

Alain Junillon a considéré que les faits étaient accablants pour l'accusée qui s'était attaquée à des personnes particulièrement vulnérables, sans tenir compte des familles. Il a évoqué "une voleuse de temps et une voleuse d'amour".

Pour justifier ces réquisitions qui peuvent apparaître modérées pour une accusée à qui l'on reproche 7 assassinats, l'avocat général a avancé des éléments qui peuvent être considérés comme des circonstances atténuantes.

Il a parlé "du syndrome d'épuisement professionnel ou 'burn-out syndrome'" dont aurait pu être victime Christine Malèvre, une personne qui présentait déjà "une certaine fragilité". Alain Junillon avait d'ailleurs interrogé mercredi les experts psychiatriques à ce sujet au cours de l'audience.

L'avocat général évoque également un déficit de formation de l'accusée sur les fins de vie. "Pour la formation à cet accompagnement des mourants, il faut apprendre à être. Il est nécessaire de le vivre avec un grand témoin. La formation devrait être améliorée dans ce domaine".

Il n'a pas retenu les dysfonctionnements dans le service de l'hôpital, avancés par la défense de l'accusée, évoquant "un mauvais procès fait aux soignants". "Il est acquis que la douleur était bien prise en compte dans le service et que le contact direct avec les médecins était possible".

Soulignant qu'il avait du mal à comprendre cette affaire, il a estimé qu'"elle défiait l'entendement". Il s'est posé la question de savoir "si elle était une tueuse en série à la seringue venimeuse ou une jeune fille déboussolée".

Multipliant les formules dans un réquisitoire parfois proche de la réflexion à haute voix, il a parlé pour Christine Malèvre de "7 morts sans ordonnance", d'une "personne agissant en free-lance ou en free-lance de la seringue" ou encore "d'une intermittente de la vérité pour ne pas dire du spectacle".

"DES AVEUX CORRIGÉS DES VARIATIONS SAISONNIÈRES"

Il a noté que pour les 7 cas, elle avait soigneusement "évité de laisser des traces" retenant le principe "du pas vu, pas pris". Il a souligné "le côté clandestin" des demandes de patients qu'elle évoque et a remarqué que, dans le cas de Patrick Hauguel et de Jacques Gutton, elle "n'avait pas de lien particulier avec les patients".

Au sujet de l'utilisation du chlorure du potassium par l'accusée, qui provoque un arrêt cardiaque rapide, il a rappelé que, dans les "Etats qui pratiquent les exécutions capitales, ce produit entre dans la composition du cocktail prévu pour les injections avec le curare et un sédatif".

Il a critiqué les modifications successives de sa version des faits parlant "d'aveux corrigés des variations saisonnières". "Au-delà d'une certaine limite de temps, ces aveux ne seront plus valables", a-t-il ironisé. Il a évoqué "un tchatchatcha judiciaire : un pas en avant, un pas en arrière" et souligné une "amnésie sélective" portée sur "les faits qui dérangent".

"A chaque fois qu'on l'interroge, Christine Malèvre sort des jokers successifs. Il est rare qu'elle réponde aux questions par oui ou par non mais propose des généralités humanistes. Elle essaye de noyer le poisson. Elle récite mécaniquement d'un ton plaintif, voire geignard, une leçon plus ou moins bien apprise avec des tas de parenthèses", a-t-il déclaré en soulignant ses capacités à "manipuler" l'auditoire.

Il a critiqué sa "profonde immaturité". Christine Malèvre "joue la petite fille simpliste dans un monde de brutes". "Elle pleure sur son sort et surtout sur elle-même", a-t-il considéré.

Il a noté qu'elle n'avait pas fait de véritables excuses aux parties-civiles. "'Désolé', a-t-elle dit à la veuve d'un malade, c'est un peu mesquin. C'est plutôt ce qu'on dit quand on vous marche sur le pied".

L'avocat général a estimé qu'elle se dégageait de toute culpabilité "dans son discours, c'est toujours la faute des autres". Il a noté qu'elle avait un "orgueil surdimensionné", se croyant au-dessus des médecins en réalisant ses propres posologies.

"LE DÉBAT SUR L'EUTHANASIE EST HORS SUJET"

Alain Junillon a invité les jurés à la juger indépendamment du débat sur l'euthanasie, précisant qu'il était "hors sujet dans cette affaire". Se penchant tout de même sur la question de l'euthanasie parce qu'elle serait évoquée par la défense, il a estimé "qu'on était à des années-lumières" avec les actes de Christine Malèvre des évolutions et solutions envisagées.

Il a rappelé que selon les Prs Denis Labayle et Vincent Meininger, venus témoigner à la barre, le secret "devait être prohibé" et cette pratique ne doit concerner que des malades en fin de vie. Citant l'avis du Comité consultatif national d'éthique de janvier 2000, il a noté que les exceptions d'euthanasies proposées ne se conçoivent que dans le cadre d'un consensus d'équipe.

Il évoque même une proposition de loi de décembre 2001 de deux parlementaires sur le droit à mourir dans la dignité "qui prévoyait deux certificats médicaux et le contrôle de la volonté du patient par un témoin de réitération de la volonté".

L'audience reprend vendredi matin avec la plaidoirie de la défense. Le jury se retirera ensuite pour délibérer.


Source : infirmiers.com