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Attentat meurtrier de Nice : les jours d'après...

Publié le 18/07/2016
nice attentat dessin 14 juillet 2016

nice attentat dessin 14 juillet 2016

Quelques jours après l'attentat meurtrier niçois, le 14 juillet dernier, de la gestion de crise à l'organisation des secours, de l'accueil des blessés et des familles touchées au bilan toujours « provisoire » mais dramatique, des témoignages poignants de soignants qui rappellent qu'ils ne sont jamais préparés au pire… voilà ce que l'on peut en dire.

Dessin d'un lecteur, John Mejia, du quotidien Le Monde diffusé sur twitter

Attentat de Nice : le pronostic vital de 15 blessés toujours engagé selon le Procureur de la République en date du 21 juillet 2016

Dernier bilan en date du 20 juillet 2016 - Le président de la République, François Hollande, a indiqué, ce matin, que quinze personnes étaient encore entre la vie et la mort après l'attentat de Nice (Alpes-Maritimes), qui a coûté la vie à au moins 84 personnes. Le chef de l'Etat l'a annoncé dans un discours prononcé au centre national d'entraînement des forces de gendarmerie à Saint-Astier (Dordogne).

Dernier bilan en date du 19 juillet 2016 - Le pronostic vital de 19 personnes blessées lors de l'attentat de Nice, qui a fait 84 morts au soir du 14 juillet, restait toujours engagé hier soir, a annoncé ce matin la ministre des Affaires sociales et de la Santé Marisol Touraine. Hier soir, il y avait encore 70 personnes blessées et hospitalisées, dont 19 pour lesquelles le pronostic vital reste engagé, a déclaré sur RTL Mme Touraine, qui était à Nice lundi 18 juillet 2016.

Rappel des faits

Les faits sont là. Jeudi 14 Juillet 2016 sur la promenade des Anglais à Nice, peu après la fin du feu d'artifice célébrant la fête nationale, un Tunisien de 31 ans, Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, fonce au volant d'un poids lourd sur la foule tuant 84 personnes dont 10 enfants et adolescents et faisant près de 303 blessés. Il a été abattu après avoir parcouru 2 km. Alors que la revendication du groupe Etat islamique tardait et qu’étaient absentes les données confirmant une « radicalisation », la thèse d’un terrible accès de violence lié à une maladie psychiatrique a pu être envisagée pour lui. Cependant, des informations complémentaires concernant son rapport avec l’islam radical et avec d’éventuels complices ont minimisé cette interprétation. Certains psychiatres rappellent néanmoins que la psychose ou d’autres troubles mentaux ne sont pas rares chez les djihadistes...

Réagir dans une urgence absolue, encore inégalée...

Pour organiser l'accueil massif de ces victimes, le plan blanc a été déclenché dès le 14 juillet au soir avec mise en alerte des hôpitaux, coordination des services d’urgence et rappel des personnels. Or comme lors de l’attentat du 13 novembre à Paris , c’est spontanément que, dès la diffusion des premières informations de nombreux professionnels se sont rendus dans leur établissement et notamment au CHU de Nice où affluèrent 107 personnes le plus gros contingent de blessés selon le Monde du 15 juillet. Dans le cadre du Plan blanc, un numéro d'urgence a été mis en place pour les familles de victimes ou de disparus, le 04 93 72 22 22. La cellule d'aide aux victimes du quai d'Orsay a été activée avec un numéro d'urgence : 01 43 17 56 46. Les autorités ont précisé que toute personne, à Nice ou ailleurs en France, qui aurait besoin d’une telle assistance médico-psychologique pouvait contacter le Samu-Centre 15. La préfecture des Alpes-Maritimes a indiqué lundi à l'APM que ces lieux d'accueil étaient toujours ouverts ce lundi, et le seraient toute la semaine. Par ailleurs, une cellule d'information du public (CIP), destinée à recevoir les appels des personnes souhaitant proposer leur aide ou disposer d'informations générales a été installée à la préfecture.

J'ai reçu un appel à 23h15 et je suis arrivée tout de suite. J'ai appris sur place ce qu'il s'était passé. Les blessés nous ont été amenés dans un second temps, nous avons donc eu le temps de préparer les salles et les blocs opératoires. Une IDE de la clinique Saint-George, à Nice

Rappelons qu'une simulation de crise sanitaire avait été organisée en mars 2016 en amont de l'Euro de football. En effet, Nice avait dû, comme toutes les villes hôtes, organiser un exercice de simulation, le 8 mars, en présence du GIGN. L’ensemble des forces de sécurité et des services de secours devaient parer à toute éventualité, y compris la pire envisagée à ce moment-là : à savoir un afflux de blessés provoqué par une attaque contre le stade de football. Dans le scénario d’alors, les personnes devaient être évacuées vers les hôpitaux de Nice, de Cannes et de Monaco. Ceux de Marseille pouvaient également être sollicités, ainsi que l’hôpital militaire de Toulon, spécialisé dans le traitement des grands brûlés. Mais une simulation, même la plus réaliste, ne prépare pas au pire lorsqu'il advient. Cependant, si les secours ne pourront jamais tout anticiper, il est toutefois indispensable que gestes et procédures dans ces circonstances particulières soient parfaitement maîtrisées. Interrogé par le Monde du 15 juillet 2016, Nicolas Venissac, chirurgien thoracique au CHU de Nice confiait ceci : Même quand on s’y prépare, personne ne s’y attend vraiment... On n’a pas, comme à Paris, de très nombreux blessés par balle dont l’état va s’aggraver très vite, et qui doivent passer au bloc opératoire de manière extrêmement urgente, poursuit-il. Cette fois, les blessures étaient soit très graves d’emblée, soit des polyfractures qui pouvaient attendre un peu, mais aucune évolutives. On a donc pu gérer les flux de patients, sans trop-plein. Les personnes présentaient des traumatismes crâniens, les hémothorax et les hémopéritoines (épanchements de sang dans la cavité thoracique ou abdominale) et les fractures ouvertes de membres, précise le journal.

Il s'agit d'une prise en charge de polytraumatisés comme dans un accident de la route a rappelé un responsable du ministère de l'intérieur et "la seule différence est leur nombre"

Paris Match et l'AFP du 16 juillet ajoutaient que trente enfants avaient été pris en charge à Lenval jeudi soir, beaucoup pour des traumatismes crâniens ou des fractures, selon la porte-parole de la Fondation Lenval. Un communiqué du ministère des affaires sociales et de la Santé également en date du 16 juillet, faisait le point en la matière : 303 patients ont été pris en charge dans les établissements de santé de Nice (Centre hospitalier universitaire de Nice, hôpital Lenval, clinique du Parc Impérial, clinique Saint-Georges) et des villes à proximité (Antibes, Cagnes-sur-Mer, Cannes, Grasse, Saint-Laurent-du-Var). Parmi ces 303 patients, une centaine s’est présentée dans les hôpitaux depuis vendredi 15 juillet midi. La ministre de la santé, Marisol Touraine, a expliqué qu'il restait environ 85 personnes en situation d'hospitalisation. Sur ces 85 personnes, 29 d'entre elles sont en réanimation, dont un enfant, a-t-elle précisé, ajoutant que les médecins évaluent à 18 le nombre de personnes pour lesquelles le pronostic vital est engagé, dont l'enfant qui est en réanimation. France Bleu annonçait le 15 juillet que de nombreux étrangers figuraient parmi la liste des victimes : trois Allemandes dont deux lycéennes, deux Américains, deux Suisses, une Russe, une Arménienne, un Ukrainien, trois Tunisiens, une Marocaine.

Le Plan blanc a été levé samedi. Le même jour, une aide médico-psychologique était déployée sur trois sites pour prendre soin des patients et de leurs familles. 30 médecins psychiatres, psychologues et infirmiers étaient mobilisés ; un effectif complétés dimanche par 10 professionnels supplémentaires. Par ailleurs, cinq réservistes (quatre infirmiers et un psychologue) de l'Agence nationale de santé publique (ANSP) et trois professionnels de la cellule d'urgence médico-psychologique (Cump) de Paris  ont enfin été mobilisés pour contribuer au travail de la cellule interministérielle d'aide aux victimes.

Le personnel de l'hôpital pour enfants Lenval avait des proches qui ont été touchés. Ils devaient rester concentrés sur leur travail alors qu'ils recevaient de tristes nouvelles.

Le service Communication du CHU de Nice nous a rappelé qu'aucun interview ne pouvait être donné - communication gérée par la seule Préfecture jusqu'à maintenant -. Cependant, sur le site québécois Que le Québec se lève, une infirmière de l'hôpital d'enfants Lenval, témoigne lors d'une longue interview. Ç’a été très difficile, on y est jamais vraiment préparé. On a tout sur papier, on a jamais vraiment été formé dans la réalité. Pour les soignants sur la ligne de feu, le contrecoup se produit quelques heures après les évènements. Sur le moment on est tellement choqué, dans l’action qu’il faut aller vite. Au niveau psychologique, on a maintenant beaucoup de collègues qui sont arrêtés. Le choc est particulièrement difficile pour les infirmières à l’hôpital pour enfant, certaines étant elles-mêmes des mères de famille. Elles font un transfert en se disant que ç’aurait pu être leur enfant. C’est très, très difficile, elles ne sentent pas capable de dire ce qu’elles ont vécu, dès qu’elles commencent à parler, elles pleurent. C’est la même chose aux urgences de l’hôpital Pasteur. Actuellement des psychologues vont dans les services d’urgence pour" soutenir le personnel aidant" . Ce drame a également touché l'équipe soignante de l'hôpital Lenval. Le personnel avait des proches qui ont été touchés. Ils devaient rester concentrés sur leur travail alors qu'ils recevaient de tristes nouvelles. Les médecins connaissaient aussi ceratins des enfants percutés qu'ils avaient en consultation. C'était psychologiquement très dur.

Le Président Hollande a salué le courage des « sapeurs-pompiers qui ont fait un travail remarquable avec les secours » et l'efficacité de tout le personnel hospitalier dans le cadre de la mise en place du Plan blanc.

Du côté du Gouvernement…

Dès l'annonce de l'attentat, François Hollande a décidé de maintenir à un haut niveau l'opération Sentinelle, celle qui permet de mobiliser 10 000 militaires en plus des gendarmes et des policiers, de prolonger l'état d'urgence de 3 mois, de mobiliser la réserve opérationnelle et décrété un deuil national de 3 jours, samedi, dimanche et lundi où à midi, une minute de silence a été observée en hommage aux victimes.  Le Président a exprimé au nom de la nation éplorée notre solidarité à l'égard des victimes et de leurs familles. Il s'est rendu à l'hôpital Pasteur qui a fait face, là-encore, avec des services d’urgence admirables, des médecins qui sont venus alors même qu’ils n’étaient pas en service toute la nuit pour opérer, pour intervenir, pour traiter, pour sauver des vies. D’autres n’ont pas pu l’être mais jusqu’au dernier moment tout a été fait. Et saluer tous les personnels de ces hôpitaux qui ont été d’un dévouement exemplaire. Marisol Touraine, de son côté,  ministre des Affaires sociales et de la Santé, a salué depuis Nice l’extraordinaire réactivité de l’hôpital et des personnels de santé le « travail [réalisé] pour sauver et tenter de sauver des vies, et chose inhabituelle, twittant le 15 juillet le message suivant : « Immense merci aux professionnels des hôpitaux pour leur engagement exceptionnel dans cette nouvelle épreuve ». Les soignantont été prompts à réagir, soulignant une fois encore que « soigner est leur métier » et posant toujours la même question : Pourquoi attendre des événements tragiques pour saluer le professionnalisme des acteurs de santé ? En toutes situations ils ne font que leur travail, ce pourquoi ils sont engagés... Dans le même temps, deux infirmiers interpellaient directement François Hollande et Marisol Touraine "Messieurs et dames du gouvernement, réveillez-vous !" pour leur rappeler une préoccupante réalité :  Qu'est-il des effectifs et moyens alloués aux hôpitaux dont on attend une réactivité infaillible en cas d'attaque terroriste ?

La communauté hospitalière solidaire

Entre sidération, tristesse et indignation, notamment sur les réseaux sociaux, les hommages aux victimes se sont multipliés ainsi que les messages de soutiens aux professionnels de santé. La Fédération Hospitalière de France et l’ensemble des Conférences de décideurs du monde hospitalier public ont affiché, dans un communiqué commun (FHF), leur solidarité envers les équipes ayant pris en charge les blessés de la nuit du 14 juillet 2016. Même écho du côté de la Fédération des établissements hospitaliers et d'aide à la personne (FEHAP) qui se disent accablés mais mobilisés, avec le coeur serré mais en gardant la tête froide. Enfin, les personnes ayant donné leur sang ont été remerciées par l'Etablissement français du sang (EFS), quant à tous ces anonymes, ces "héros ordinaires" qui, au milieu d'une foule paniquée, ont tenté d'arrêter le tueur au camion, aidé une mère à mettre son enfant au monde ou sauvé un enfant au péril de leur vie, leur sang-froid est tout aussi remarquable et honorable. Qu'ils en soient également chaleureusement remerciés. La France est belle dans l'adversité.

Ce que j’ai fait est tout à fait normal souligne ce restaurateur. "Vous savez, quand une telle catastrophe se passe, on ne réfléchit pas et on essaye de venir en aide aux gens comme on peut."

Rédaction d'infirmiers.com bernadette.fabregas@infirmiers.com avec réseau-CHU et les rédactions des quotidiens nationaux et régionaux


Source : infirmiers.com