Une enquête menée en 2012 dans les hôpitaux de l'Assistance publique - hôpitaux de Paris (AP-HP) a révélé de nombreuses failles dans la gestion des excreta, selon ses résultats publiés le 14 août dernier dans le Journal of Hospital Infection.
Les excreta constituent une source importante de diffusion d'entérobactéries résistantes. L'augmentation de l'incidence des entérobactéries productrices de bêta-lactamase à spectre étendu (EBLSE) au sein de l'AP-HP a conduit l'équipe opérationnelle d'hygiène à y évaluer la gestion des excreta. Margaux Lepainteur et ses collègues ont mené une enquête par questionnaire entre janvier et avril 2012. Sur les 38 hôpitaux de l'AP-HP, 28 ont participé (16 de courts séjours et 12 de soins de suite de réadaptation - SSR), ce qui représente 62% des lits. Parmi les 13 230 patients inclus, une importante proportion (43%) portait des protections : 22% en courts séjours et 71% en SSR. Ce résultat n'était pas attendu par les investigateurs et illustre, selon eux, la nécessité de promouvoir les bonnes pratiques auprès des professionnels de santé.
L'enquête a révélé qu'une majorité de toilettes étaient partagées entre plusieurs patients. De plus, alors que l'utilisation des douchettes rince-bassin est à proscrire en raison du risque d'aérosolisation de matières fécales, 43% des toilettes en étaient équipées. Dans près de 40% des cas, les bassins n'étaient pas réservés à un seul patient pour la durée de son séjour. Par ailleurs, seulement 15% des bassins étaient équipés d'un couvercle. Dans une large majorité des cas, les bassins étaient vidés et rincés avant d'être lavés dans les lave-bassins, la plupart du temps dans les chambres des patients. Au cours de l'enquête, les professionnels interrogés l'ont expliqué par la présence de résidus de matières fécales après lavage au lave-bassin. Ce problème était en partie lié à une incompatibilité entre les bassins et les lave-bassins employés. De plus, les professionnels craignaient de transporter les bassins pleins jusqu'à la salle du rince-bassin alors que les bassins ne disposaient pas de couvercles. Les auteurs soulignent l'intérêt des sacs de recueil des excreta à usage unique.
Par ailleurs, ils notent que les lave-bassins étaient régulièrement en panne, un problème moins courant lorsqu'une maintenance annuelle était assurée. De même, alors que les lave-bassins chimiques ne sont pas recommandés, l'enquête a montré l'emploi de 49 d'entre eux (contre 408 thermiques). Selon ce sondage, 20% des lave-bassins étaient situés dans une salle dépourvue de tout équipement dédié au lavage des mains (distributeurs de solution hydro-alcoolique ou évier).
A la suite de cette enquête, l'équipe opérationnelle d'hygiène a mis en place des recommandations relatives à la gestion des excreta. Un programme de formation a été lancé et certaines recommandations ont bénéficié de mesures incitatives dans le cadre de l'évaluation des établissements.
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