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AP-HP : Les infirmières épuisées sont mises en situation de commettre des erreurs

Publié le 02/02/2010

Dans un communiqué de presse, le Syndicat National des Professionnels Infirmiers (SNPI) dénonce les conséquences de la fermeture d'hôpitaux au sein de l'AP-HP ainsi que les suppressions de postes soignants prévues sur les prochaines années. Le SNPI indique que ces mesures vont créer les conditions pour conduire à des erreurs médicales.

Communiqué du SNPI

Fermetures d’hôpitaux AP-HP, suppressions de postes : l’administration va créer les conditions pour conduire à des erreurs médicales

L’Hôtel Dieu en dispensaire ? Fermeture de Beaujon, Paul Brousse, Fernand Widal, St Vincent de Paul ? Trousseau dépecé pour ne laisser que deux CHU de pédiatrie sur Paris ?

Dans le cadre de la préparation du plan stratégique 2010-2014, le conseil exécutif de l’AP-HP (composé à parité de directeurs et de médecins) vient de décider la fermeture de plusieurs hôpitaux dans les années à venir :

  • fusion des hôpitaux Bichat et Beaujon, en "un seul hôpital moderne au nord du Grand Paris", selon Benoît Leclercq le DG de l’AP-HP.
  • « toutes les activités lourdes qui sont à l’Hôtel-Dieu seront concentrées à Cochin ». Avec humour, le grand fossoyeur le l’AP-HP précise que les urgences y resteront, avec un plateau technique ambulatoire. Sans blocs ni chirurgie ? De qui se moque t-on ?
  • Paul Brousse va être dépecé en faveur de Bicêtre, en attendant sa fermeture.
  • les activités de Fernand-Widal passeront à Lariboisière.
  • les services de pédiatrie spécialisée de Trousseau (70 % de son activité) vont partir sur les deux autres grands pôles pédiatriques que sont Robert Debré et Necker. Ne resteraient sur Trousseau que la maternité et la pédiatrie générale. Les parents qui attendent déjà des heures aux urgences et doivent patienter des semaines pour des consultations dans les trois CHU pédiatriques restant vont être ravis d’apprendre que demain il n’y en aura plus que deux pour une "meilleure efficience" !

Quel est l’objectif affiché de ces "restructurations" : « permette à tous les patients d’accéder à la fois à des soins de proximité et à des soins de pointe de qualité » explique le directeur général. Cyniquement votre !
Est ce la réponse de l’AP-HP à la publication du rapport du Médiateur de la République sur la maltraitance ordinaire à l’hôpital du fait du manque de moyens et des suppressions de postes de soignants ?

Les hôpitaux de Paris se préparent à une véritable saignée en 2010 : après une diminution de 700 postes en 2009, l’AP-HP devrait supprimer 1.000 emplois de soignants (infirmières, aides-soignantes, secrétaires médicales) et 150 postes de médecins. Dans une interview accordée à Le Parisien-Aujourd’hui en France le 23 janvier dernier, le Directeur général (DG) de l’Assistance publique-hôpitaiux de Paris (AP-HP), Benoît Leclercq, est revenu sur son projet de regroupement des 37 établissements en 12 groupes de soins, que le conseil exécutif vient d’approuver. Il a confirmé la suppression, d’ici 2012, de 3 000 à 4 000 postes sur un total de 92 000. "La moitié environ concernera les soignants et les médecins, l’autre moitié le personnel administratif", précise-t-il.

"Supprimer des postes, fermer des services et des hôpitaux, va encore réduire l’offre de soins alors que nous fonctionnons déjà à flux tendus (100.000 lits fermés en France depuis 1992 selon le Rapport Larcher). En agissant ainsi, l’administration va créer les conditions pour conduire à des erreurs médicales : étant en première ligne, des infirmières épuisées sont mises en situation de commettre des erreurs (multiplication des cas ces derniers mois)." précise Thierry Amouroux, le Secrétaire Général du SNPI, le syndicat infirmier de la CFE-CGC.

"Chaque jour, à chaque geste, chaque infirmière vit avec cette épée de Damoclès au dessus de la tête. Nous sommes des êtres humains, et l’erreur est humaine. Nous exerçons une profession à haut risque, et nous portons la plus grande responsabilité qui soit : celle de la vie d’autrui."

Les conditions de travail à l’hôpital se sont considérablement dégradées car les établissements doivent faire des économies, alors on rogne sur tout, et de nombreux postes sont supprimés, les premières années chez les administratifs et les techniques, maintenant chez les soignants. La dégradation des conditions de travail est telle que l’effectif normal est pratiquement semblable à l’effectif minimum du week-end, les repos dus s’accumulent, et lors des vacances scolaires nous atteignons le point de rupture.

L’AP-HP doit en moyenne 19 jours de congés à son personnel (situation en décembre 2009). L’AP-HP doit à ses agents l’équivalent de 2.500 postes en jours de récupération, et les soignants sont épuisés. Congés maladies, congés de maternité, formation : l’absentéisme représente environ 10 % des jours ouvrés tandis que les crédits de remplacement représentent 5 % de la masse salariale. Le terrain souffre de ce différentiel.

Le regroupement des réanimations de l’hôpital Ambroise Paré, décidée par le siège, a aboutit à la fermeture le 4 novembre 2009 de la réanimation chirurgicale. L’activité est désormais concentrée sur le local de la réanimation médicale : cette restructuration est incompatible avec la qualité des soins et la sécurité que les patients sont susceptibles d’attendre, en raison du niveau de concentration des patients par chambre. Les patients ayant besoin d’une réanimation post opératoire ne vont pas dans le service actuel de réanimation médicale mais restent au sein de la salle de réveil.

Selon l’Observatoire des risques médicaux (ORM), en 2006, sur 735 dossiers, les actes de soins ont été la première cause d’accident (80 %) après les actes de diagnostic (11 %).

Source : SNPI
www.snpi-cfecgc.com


Paris, 2 février 2010


Source : infirmiers.com