Les antidépresseurs de la classe des inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) augmentent, même à faible dose, le risque de blessures par chute chez les personnes âgées atteintes de démence en institution, montre une étude néerlandaise parue le 18 janvier 2012 dans le British Journal of Clinical Pharmacology.
Le risque de chute associé avec les ISRS a déjà été mis en évidence dans de précédentes études mais il n'avait pas été étudié en particulier chez les personnes âgées démentes institutionnalisées qui sont nombreuses à recevoir ces médicaments pour le traitement de leur dépression, indiquent Carolyn Sterke et ses collègues du centre médical universitaire Erasmus à Rotterdam.
Ils ont analysé les prescriptions et les chutes enregistrées pour 248 résidents atteints de démence d'un établissement d'hébergement de personnes âgées pendant deux ans.
Dans cette base de données de 85 074 personnes-jours, les chercheurs ont relevé 16,1% de personnes-années d'usage d'antidépresseurs dont 13,1% d'ISRS et 61,5% des personnes sont tombées 683 fois, soit une incidence de 2,9 chutes par personne-année. Dans 32,2%, les chutes ont provoqué des blessures: dans 30% des cas, il s'agissait d'écorchures, de plaies ouvertes, de foulures, d'ecchymoses et de bosses; dans 3,1%, il y a eu des fractures (dont 1,5% de la hanche) et un patient est décédé.
L'analyse des données montre une relation dose-dépendante statistiquement significative entre les blessures par chutes et la prise d'ISRS: le risque absolu augmente de 31% à 0,25 de la dose journalière définie (DDD) par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), de 73% à 0,5 de la DDD et de 198% à 1 DDD, qui était la posologie la plus fréquemment administrée.
Il apparaît que le risque de blessures par chute est encore plus augmenté lorsqu'un ISRS est associé avec la prise de 0,5 DDD d'hypnotique ou de sédatif, de 373%.
Ces résultats montrent que les ISRS, même à faible dose, augmentent le risque de chutes entraînant des blessures chez les personnes âgées démentes vivant en institution, concluent les chercheurs.
Etant donné le faible niveau de preuves de l'efficacité des ISRS dans la dépression des personnes âgées atteintes de démence, les médecins doivent être très prudents avant de prescrire ces médicaments dans cette population, ajoutent-ils.
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