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Anaïs, en mission au Népal, raconte…

Publié le 07/05/2015
Corps Mondial Secours Népal

Corps Mondial Secours Népal

Corps Mondial Secours

Corps Mondial Secours

Anaïs Buglet

Anaïs Buglet

Corps Mondial Secours équipe

Corps Mondial Secours équipe

A la veille de son retour en France, immersion dans le quotidien d’une infirmière du Corps Mondial de Secours, actuellement en mission au Népal.

Une mission népalaise au plus près de la population traumatisée et en demande de soins.

A plus de 10 jours du violent tremblement de terre qui a touché le Népal le 25 avril 2015, le bilan ne cesse de s’alourdir. Plus de 7600 morts et 16 400 blessés ont été chiffrés, 37 000 habitants ont été déplacés dans la seule vallée de Katmandou, et de nombreuses provinces sont encore inaccessibles. L’aide internationale, très rapidement mobilisée, a permis d’apporter une aide rapide aux populations sinistrées. Parmi elle, l‘équipe du Corps Mondial de Secours, spécialisée en Urban Search And Rescue. 

18 sauveteurs du Corps mondial de Secours

Le Corps Mondial de Secours, ONG française spécialisée dans le sauvetage de victimes de catastrophes naturelles s’est rendu au Népal dès le 28 avril, soit 3 jours après le puissant séisme de magnitude 7,8 sur l’échelle de Richter. 

Pour sa cinquantième mission depuis sa fondation en 1972, c’est avec 18 sauveteurs que l’ONG est arrivée sur le sol népalais. L’équipe, constituée d’un chef de mission, de techniciens de catastrophe et de techniciens cynophiles, compte aussi 4 infirmiers et 2 médecins. La mission prioritaire du CMS est avant tout d’effectuer des recherches et d’éventuelles extractions de victimes qui pourraient encore se trouver sous les décombres, mais aussi de sécuriser des zones dangereuses risquant de s’effondrer. En parallèle, le rôle de l’équipe médicale est de prendre en charge ces éventuelles victimes extraites des décombres et d’assurer les premiers soins aux populations sinistrées. Un Poste Médical Avancé mobile est implanté dans différents endroits selon les besoins indiqués par les autorités locales. Au total, le PMA qui peut être doublé, a été installé plus de 6 fois au cours des 8 derniers jours, et est capable de traiter plus de 100 victimes par jour.

L'équipe du Corps Mondial de Secours au départ de la mission au Népal

Une première expérience

Pour Anaïs Buglet, infirmière de 33 ans au service des urgences du CHU de Lorient et Infirmière Sapeur Pompier, il s’agit de sa première mission avec le CMS-USAR. Formée il y a tout juste un an aux techniques de sauvetage catastrophe, Anaïs a rejoint  les membres de l’équipe médicale pour la mission Népal. Contactée  il y  a deux jours dans leur camp de base situé à Katmandou, elle nous raconte ses premières impressions avant le départ. L’attente de la confirmation du départ à été assez intense, il y’a de l’excitation mais aussi un stress face à l’inconnu : la détresse, la misère, les gens qui ont perdu leur maison et les membres de leur famille… on se demande comment on va gérer tout cela. Sur le terrain, je m’attendais à soigner des gens sorti des décombres, mais on a surtout réalisé des soins aux populations. On a soigné des blessures, donner des médicaments tout en essayant de prendre en compte les détresses psychologiques.

Si l’équipe médicale est sur place depuis maintenant plus de 8 jours, les déplacements semblent toujours compliqués et l’accès à certaines zones reculées toujours impossibles. L’organisation rigoureuse d’une telle mission, nécessite une étroite collaboration avec les autoritaires sanitaires et administratives locales. Pour les 2 médecins et 4 infirmiers de l’ONG, le réveil est matinal, le coucher tardif, et les heures de sommeils plutôt réduites. Malgré une organisation quotidienne quasi militaire, il semblerait pourtant qu’il n’y ait pas de journée similaire pour les soignants. 

On nous annonce 15 minutes avant le départ le programme de la journée, car les choses changent très vite, du coup on nous averti à la dernière minutes, explique Anaïs. Soit on part monter un PMA, soit on part avec l’équipe USAR en soutien sanitaire. En parallèle, on peut aussi faire de la formation aux premiers secours aux populations. Hier, c’est plus de 70 personnes que nous avons sensibilisé.  Mais ce matin par exemple, j’ai dû aller faire un pansement chez une jeune femme brûée très sévèrement au dos, au torse et au visage. Habituellement elle est suivie par une autre ONG, mais en attendant le relais d’une nouvelle équipe, le CMS a été sollicité pour prendre en charge ses soins chroniques. Il faut vraiment savoir s’adapter et gérer l’imprévu, mais c’est très enrichissant !

Une mission complexe et difficile.

A 11 jours du puissant séisme, les conditions de travail ne sont pas évidentes sur le terrain. L’accès difficile à l’eau potable pour la population ainsi que les ravitaillements irréguliers, mais aussi  l’électricité coupée, la présence de nombreux bâtiments instables et le risque constant de répliques sismiques… sont beaucoup de facteurs qui rendent le travail des équipes complexe et difficile.

L'équipe du Corps Mondial de Secours a toujours pu installer son PMA à l’abri.

J’ai l’habitude de travailler dans un hôpital avec beaucoup de matériel, où les patients sont sur un brancard, précise Anaïs qui a déjà 9 années d’expérience et hospitalier et en pré-hospitalier. Là on arrive sur une zone sinistrée, la population nous attend avec impatience et il faut réaliser un premier tri des personnes qui ont besoin d’être pris en charge prioritairement. Ici, les gens s’allongent par terre, parfois sous une bâche. Il faut constamment s’adapter, mais nous avons la chance d’avoir toujours pu installer notre PMA à l’abri. Il y a aussi la barrière de la langue qui accentue la difficulté de notre quotidien. Même si nous avons des traducteurs locaux, il n’est pas toujours facile de cerner les problèmes.

Heureusement, si la pénibilité d’une telle mission n’est pas sans conséquences sur la fatigue et le moral des sauveteurs, de nombreuses petites tranches de vie viennent égayer ces journées difficiles. Hier j’ai participé à la récupération de nourriture, vêtements, et de l’argent que nous avons rendu à la population, des choses très précieuses pour ces habitants qui ont tout perdus. Le fait de voir leurs sourires, leurs remerciements, c’était vraiment une grosse émotion. Ecouter les gens, leur histoire, être là pour eux leur fait du bien, ça change du quotidien et ça fait beaucoup de bien

Un retour imminent

L’équipe du CMS-USAR sera de retour sur le sol français ce vendredi 8 mai. Les 18 sauveteurs répartis dans toute la France et en Andorre, rejoindront leur famille après une mission difficile et complexe. Si Anaïs a pu souffler sa 33ème bougie au Népal il y a quelques jours avec l’équipe du CMS, le programme de son retour semble déjà établi. La première chose que je vais faire, c’est fêter mon anniversaire avec ma famille, puis aller me promener sur la plage.

Souhaitons lui, ainsi qu’à tous les membres de l’équipe, un excellent retour le sol français. Et surtout remercions-les de donner de leur temps et de leurs compétences à des populations en situation d'urgence absolue.

Soutenez le CMS

Il est toujours possible de  soutenir la mission Népal et le travail de l’équipe, en participant à une campagne de dons via la plateforme HelloAsso. Le montant total de la mission est estimé à 40000€.

Plus d’infos sur le déroulement de la mission et les activités du CMS-USAR : www.corpsmondialdesecours.fr

Jérémie THIRION @YetiYetu yetiyetu.com

Crédit photos : Corps Mondial de Secours / S. GREW


Source : infirmiers.com