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PUERICULTRICE

Allaitement difficile : quel risque de dépression post-partum ?

Publié le 12/06/2019

Les femmes qui ont du mal à allaiter courent-elles un risque accru d'être atteintes de dépression post-partum ? Pour certaines mères, le rêve d’un allaitement paisible est loin de la réalité. Stéphanie Liu, médecin et blogueuse américaine, examine pour nous les preuves scientifiques sur le sujet. 

Les nouvelles mamans ressentent beaucoup de pression pour allaiter. Lorsqu'elles ont de la difficulté à le faire, elles se sentent inadéquates et courent plus de risques de dépression post-partum.

En tant que médecin, j'encourage les mères à allaiter. L'allaitement maternel est abordable, il aide à créer des liens affectifs et il présente des avantages pour la santé du nourrisson et de la mère. Dans ma pratique médicale, plusieurs nouvelles mamans viennent me voir parce qu'elles ont de la difficulté à allaiter. Avant d'avoir moi-même un enfant, je faisais un examen physique de base qui comprenait la vérification de la cavité buccale du nourrisson et des mamelons de la mère pour détecter tout problème anatomique qui pourrait rendre l'allaitement difficile. Une fois le dépistage initial terminé, je dirigeais la mère vers une clinique d'allaitement pour qu'elle rencontre une consultante certifiée. Avant d'avoir ma propre fille, Madi, j'étais tellement concentrée sur les aspects physiologiques de l'allaitement que je ne réalisais pas l'impact psychologique que représente le fait de ne pas pouvoir allaiter.

Douleur et culpabilité

À la faculté de médecine, j'ai appris l'existence du lien qui se crée lors de l'allaitement entre les mères et les bébés. Lorsque j'étais enceinte, j'avais très hâte d'en faire l'expérience. Cependant, allaiter Madi s'est avéré plus difficile que prévu. J'ai eu du mal à l'amener à prendre le sein et quand elle le faisait, c'était très douloureux. Ma production de lait était donc insuffisante. Pendant les deux premières semaines, j'ai utilisé du lait maternisé et je me sentais coupable de ne pas pouvoir faire mieux pour Madi. Mon expérience de l'allaitement a changé ma façon d'interagir avec celles de mes patientes qui ont des difficultés à allaiter leur nourrisson. Plutôt que de tenter initialement de dépister des causes physiques aux difficultés de l'allaitement, je pose maintenant la question suivante : "Est-ce que les difficultés que vous éprouvez à allaiter vous affectent et si oui, comment ?" Je pose cette question parce que, en tant que mère, je me suis sentie inadaptée quand je n’ai pas pu allaiter. Mais j'avais trop honte pour en parler. Depuis que j'ai commencé à poser cette question, des patientes m'ont dit craindre de présenter des symptômes de dépression post-partum. Elles se considèrent comme de mauvaises mères parce qu'elles ne peuvent allaiter. Les femmes qui ont du mal à allaiter courent-elles un risque accru d'être atteintes de dépression post-partum ? Examinons les preuves scientifiques.

En comparaison avec les femmes ne présentant aucun signe précoce de difficulté à allaiter, nous avons constaté que les femmes qui éprouvaient des sentiments négatifs à l'égard de l'allaitement et signalaient des douleurs intenses pendant l'allaitement peu après la naissance étaient plus susceptibles de souffrir de dépression post-partum à deux mois.

Taux plus élevés de dépression post-partum

Des données récentes suggèrent que les femmes qui ont de la difficulté à allaiter peuvent présenter un risque plus élevé de souffrir de dépression post-partum. Une vaste étude menée auprès de plus de 2 500 femmes a révélé que les femmes qui ont vécu des expériences difficiles lorsqu'elles allaitaient étaient plus susceptibles de présenter des symptômes de dépression : En comparaison avec les femmes ne présentant aucun signe précoce de difficulté à allaiter, nous avons constaté que les femmes qui éprouvaient des sentiments négatifs à l'égard de l'allaitement et signalaient des douleurs intenses pendant l'allaitement peu après la naissance étaient plus susceptibles de souffrir de dépression post-partum à deux mois. Aux États-Unis, les statistiques montrent que seul 25 % des mères allaitent leur enfant exclusivement au sein jusqu'à l'âge minimum recommandé de six mois et que 10 % des nouvelles mères souffrent de dépression post-partum. Une autre étude publiée dans Maternal and Child Health Journal a révélé que l'effet de l'allaitement maternel sur la santé mentale post-partum différait selon que la femme avait prévu ou non d'allaiter son enfant pendant sa grossesse. Les femmes qui avaient l'intention d'allaiter leur nourrisson, mais qui étaient incapables de le faire, présentaient des taux plus élevés de dépression post-partum.

Il existe d'autres options sûres

En tant que parents, nous voulons offrir à nos bébés ce qu'il y a de mieux, de sorte que la difficulté à allaiter peut entraîner un stress important. En tant que médecin de famille, je sais que le lait maternel est le meilleur choix d'alimentation, en termes de santé. Mais en tant que mère, je connais les pressions extrêmes subies par les femmes pour produire du lait chaque fois que leur bébé en a besoin. C'est pourquoi j'appuie toujours l'idée d'allaiter, si vous le pouvez. Mais si vous éprouvez des difficultés, demandez de l'aide. Il existe d'autres options sûres et saines pour vous assurer que votre bébé est bien nourri.

Stephanie Liu offre des conseils fondés sur des données probantes concernant le rôle parental et la santé sur son blogue Life of Dr. Mom.

Stephanie Liu, Clinical Lecturer, Department of Family Medicine, University of Alberta

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.


Source : infirmiers.com